Quand le garagiste demande un pourboire

Photo de Claude-Hélène Desrosiers
Par Claude-Hélène Desrosiers
Quand le garagiste demande un pourboire
Lecteur de cartes bancaires. (Photo : Deposit)

ARGENT. Les pourboires sont désormais partout. À la boulangerie, chez le fleuriste, le garagiste; le terminal de paiement suggère des pourcentages à ajouter à la facture. Certaines personnes se sentent un peu forcées de laisser un montant généreux. Voici un tour d’horizon des enjeux soulevés et des considérations à prendre en compte.

Mars 2020 : premier confinement dû à la Covid-19. Les restaurants doivent fermer leur salle à manger. Partout, on recommande de payer par débit ou crédit. Les Québécois sont solidaires des employés encore en poste qui s’exposent à la maladie, on laisse volontiers des pourboires.

Août 2023 : certaines habitudes restent. Dans la plupart des commerces, on paye davantage par carte bancaire qu’en argent comptant. On ne demande plus de pourboire seulement dans les restaurants, on le demande un peu partout. Sur le terminal de paiement, avant d’utiliser notre puce Paypass, on doit en premier passer par le menu de pourboires, ou l’on offre souvent trois paliers de pourcentage.

«Le pourboire est demandé chez de plus en plus de marchands qui auparavant ne le faisaient pas. Traditionnellement, on le donne dans les restaurants, dans les bars, à un livreur ou un taxi, par exemple. Maintenant, on s’est aperçu qu’il y a de plus en plus de commerçants qui se sont mis à en demander : fleuriste, chocolaterie, boulangerie, garagiste, comptoirs de commande pour emporter…», explique Alexandre Plourde, avocat et analyste chez Option Consommateurs. Il y a aussi le fait que le taux de pourboire suggéré est beaucoup plus élevé que ce qu’on a l’habitude de donner, généralement. Par exemple, au lieu de 10 % à 15 %, on va proposer de laisser jusqu’à 30 % sur les terminaux de paiement. «Les consommateurs peuvent se sentir pingres de ne pas laisser 18 % ou 20 %», poursuit-il.

Enjeux soulevés pour les consommateurs

Alexandre Plourde, avocat et analyste chez Option Consommateurs. (Photo : Gracieuseté)

Cette pratique a un impact économique. Selon Alexandre Plourde, les pourboires constituent une hausse de prix cachée qui s’ajoute aux tarifs plus élevés reliés à l’inflation actuelle. La facture peut devenir salée.

La transparence des prix est un autre enjeu. «Il y a un principe en protection du consommateur : ce qui est affiché doit être ce qui est payé. Si on a une multiplication des commerçants qui peuvent demander du pourboire, ça peut fausser le marché parce que le consommateur ne sait plus exactement quel prix il va payer en fin de compte. Ça peut donc avoir un impact sur ses choix et peut l’empêcher de comparer les prix», estime Me Plourde.

Enfin, il y a aussi un enjeu d’équité. «En quelque sorte, les pourboires, leur augmentation et la généralisation des demandes qu’on voit actuellement, c’est une façon de faire porter le coût de la pénurie de main-d’œuvre aux consommateurs. Plutôt que de hausser les salaires des employés, on demande aux clients de donner un pourboire pour compenser. On refile un peu le poids de la pénurie de personnel sur le consommateur. On compte sur sa générosité», fait valoir Alexandre Plourde.

Laisser du pourboire ou non

La première chose à savoir, c’est que le pourboire, c’est volontaire. Il ne peut pas être exigé ou être inclus comme un frais qui n’a pas été divulgué avant le paiement. La Loi sur la protection du consommateur exige que le prix annoncé inclue tous les frais qui doivent être obligatoirement payés.

Bien qu’il ne soit pas obligatoire, nombreuses sont les personnes qui se sentent inconfortables de ne pas en laisser. «Souvent, les gens ne donneront pas du pourboire pour récompenser le service qui leur a été donné, ils le donnent parce qu’ils se sentent obligés de le faire, parce qu’ils se sentiraient mal de ne pas en offrir», ajoute Me Plourde.

Ce dernier suggère de distinguer les situations où l’employé a un salaire à pourboires et en dépend vraiment pour joindre les deux bouts. Rappelons que le salaire minimum est de 15,25 $ de l’heure comparativement à 12,20 $ pour les salariés à pourboires.

 

À lire aussi: Le pourboire devrait être donné selon la satisfaction, croit une serveuse d’expérience

 

Simple et toujours gratuit

Meta (Facebook et Instagram) bloquera vos nouvelles de L’Express en réponse à la loi C-18 dans les prochains jours.

Pour rester connecté à la source, L’Express vous invite à télécharger son application. Vous pourrez ainsi continuer de lire vos nouvelles gratuitement, et ce, en temps réel.

Apple : https://apps.apple.com/ca/app/lexpress-de-drummondville/id1575799821?l=fr-CA

Androïd : https://play.google.com/store/apps/details?id=ca.journalexpress.app&hl=fr

Partager cet article