André Robitaille a le théâtre d’été bien en main

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Par Lise Tremblay
André Robitaille a le théâtre d’été bien en main
André Robitaille, producteur et directeur artistique. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. En 2014, il chaussait pour la première fois les grands souliers de Gilles Latulippe, qui a fait la pluie et le beau temps durant deux décennies à la Maison des arts. Neuf ans plus tard, André Robitaille a conquis le public drummondvillois avec ses productions des plus divertissantes. Entrevue estivale (et tout en légèreté) avec un metteur en scène qui mise autant sur la qualité que le plaisir.

La première pièce que vous avez présentée localement était Boeing Boeing. Comment a commencé votre aventure drummondvilloise?

Au début des années 1990, j’ai travaillé avec Roland Janelle (ancien directeur général du centre culturel) sur une pièce qui s’appelait Faux départ. Marie-Soleil Tougas en faisait partie. C’était d’ailleurs la seule fois où elle a fait du théâtre. Il y avait aussi Benoit Brière et Louis-George Girard. Roland et moi, on a eu une belle rencontre et il y a eu une belle complicité. Il savait donc que j’existais. Au décès de M. Latulippe, Roland savait que j’avais cette ambition de présenter du théâtre et que j’en avais déjà produit. Il y a donc eu un appel, une rencontre et c’était parti.

Quelle a été votre ligne directrice?
L’affiche de la pièce Le Père Noël est une ordure. (Photo gracieuseté)

Après 20 ans, à la manière de Gilles Latulippe, c’est-à-dire un peu claquage de portes, j’ai eu envie de monter un théâtre de boulevard et la pièce Boeing Boeing que je n’avais jamais faite. C’est ainsi que j’ai imaginé la transition entre M. Latulippe et moi. Cette pièce a donc servi de décollage, mais aussi de transition entre nos styles. J’ai montré dès cet instant-là où je voulais aller et je pense que ç’a marché. Les habitués n’ont pas été trop secoués et j’ai tiré le monde vers le genre que je voulais.

La distribution de la pièce de théâtre, soit Jean-Michel Anctil, Josée Deschênes, Mario Jean, Brigitte Lafleur, Pierre-François Legendre et Claude Prégent. (Photo Ghyslain Bergeron)
Une histoire d’amour est en train de se tisser entre vous, votre boîte de production Monarque et les Drummondvillois. Pourquoi selon vous?

Je dis toujours que je suis dans une grotte et que je monte du théâtre. Je m’isole et je suis très concentré dans la production. Si je me fie aux résultats qu’on voit aux guichets, je vois bien que ça marche, mais je sais aussi que tout cela tient sur la qualité des productions qu’on offre. Récemment, on a enchaîné dans un local et je l’ai dit à quelques reprises : j’aime que les acteurs mouillent leur chemise, qu’ils se donnent et qu’ils soient généreux pour le public qui nous choisit. Cet enthousiasme-là, c’est le carburant dans la machine. Je crois que c’est une facette que les gens voient. Ils remarquent aussi la qualité de nos acteurs et de l’humour qu’on choisit de monter. Pour moi, ça fait partie de notre signature.

Vous êtes reconnu pour votre rigueur et votre approche très méticuleuse. Comment abordez-vous les textes?

Ça dépend de la pièce qu’on a entre les mains. Quand elle s’appelle Les Voisins de Claude Meunier et Louis Saïa, je ne touche pas à une virgule. Mais quand ça s’appelle Le Dîner de cons de Veber, que je considère comme une horloge extraordinaire avec tous ses détails, je me permets de l’adapter, mais avec beaucoup de délicatesse.

Pour ce qui est du Père Noël est une ordure, il s’agit d’une belle folie, d’une farce. Je me suis amusé à écrire un peu plus que les autres adaptations que j’ai faites. Le texte, je l’ai ajusté, coupé et j’ai réécrit des passages; bref, c’est un morceau exclusif pour les gens de Drummondville. Le public va entendre davantage mon écriture à travers le grand succès que le Splendid avait livré dans les années 1980. Les gens ont la référence du film. Ils retrouveront maintenant leur classique, et en même temps, ma signature.

Quelle réaction anticipez-vous dans la salle?
André Robitaille. (Photo gracieuseté – Stéphane Chaput)

À ce jour, je suis assez fier de ce qui se passe en répétition. On a du fun en masse. Si on fait le jeu des comparaisons entre Le Dîner de cons et la pièce Le père Noël est une ordure, les gens verront qu’il y aura quelque chose de plus festif. Le party sera dans la place. Il y a beaucoup de musique, des chansons et de la danse. Les acteurs livreront une performance d’une heure et demie. Il s’agit d’un gros morceau de théâtre et je suis très fier de ce qu’on est en train de préparer. Ce sera dans la lignée de la rigueur qu’on sait faire, mais le party va pogner dans la salle et, évidemment, sur la scène. On va s’amuser très fort. Dès les premières minutes, les gens dans la salle seront étonnés.

On espère que les gens disent «ben voyons, ils sont ben fous». J’ai envie de ressentir cela dans la salle. Je crois que ça va dégager toute la pression vécue en ce moment. Et s’il y a une morosité dans l’air, c’est clair qu’il n’y en aura pas dans la salle!

Avez-vous l’intention de poursuivre votre aventure théâtrale avec Drummondville durant plusieurs années? Comptez-vous faire vingt ans comme Gilles Latulippe?

(Rire) Je n’ai pas d’objectif. Tant que je suis bien, je serai là. Les gens de Drummondville sont vraiment très ouverts à nos risques, à nos choix et à nos idées. On se sent comme chez nous à la Maison des arts. La technique est aussi très forte dans votre théâtre. Il est bien équipé. On peut donc aller plus loin dans nos idées avec les éclairages, le son, etc. Bref, tant que j’aurai du plaisir, j’y serai.

Est-ce que la pièce prendra la route après la saison estivale?

Ça fait partie de notre mandat chez Monarque Productions. Quand j’ai fondé la maison de production avec Mario Provencher et qu’on a levé notre verre, c’était clair pour nous qu’on souhaitait s’installer pour lancer nos pièces puis qu’on allait les bouger par la suite. Je souligne que si on n’avait pas le tremplin de Drummondville, on ne pourrait jamais créer nos affaires. On s’est donc promis de prendre soin des Drummondvillois en leur présentant nos pièces en priorité et ensuite, on les bouge vers d’autres publics. À ce jour, on a vendu 100 000 billets du Dîner de cons. La pièce Les Voisins, on l’a jouée une centaine de fois, malgré une période appelée Covid-19. Si on parle affaires, on n’a pas le choix de les jouer souvent si on veut rentabiliser l’argent qu’on y investit.

Qu’est-ce que le metteur en scène a envie de communiquer aux Drummondvillois pour les convaincre d’aller voir la pièce?

Il va se passer quelque chose d’unique à Drummondville. Le père Noël est une ordure aura vraiment sa place cet été. Ce sera une bouffée d’air frais. De la folie, ça va faire du bien.

 

LE PÈRE NOËL EST UNE ORDURE

Le père Noël est une ordure est un film français de Jean-Marie Poiré, sorti en 1982. Il s’agit d’une adaptation de la pièce de théâtre du même nom créé en 1979.

Le public fait la connaissance de Pierre et Thérèse, deux bénévoles qui s’impliquent chez SOS Détresse Amitié. Le duo reçoit la visite de personnages tous plus saugrenus les uns que les autres. Entre le voisin bulgare déterminé à faire goûter ses recettes infectes, le travesti en pleine crise existentielle, le couple miteux dysfonctionnel et les appels répétés d’un obsédé, la magie de Noël éclate en mille morceaux, là où se croisent le désenchantement et la comédie.

GILLES LATULIPPE

Gilles Latulippe. (Photo d’archives – L’Express)

Décédé en septembre 2014 , le comédien Gilles Latulippe a attiré les foules durant vingt ans avec son théâtre d’été présenté à Drummondville. Au fil des ans, il a présenté une myriade de pièces, telles que Salut Cocu (2014), Sexe Shop (2013 et 2006), La sainte paix (2011) et Balconville P.Q. (2010). Il aimait s’entourer de ses comédiens et amis comme Roger Giguère, Serge Christiaenssens, Jacques Salvail, France Arbour et Diane St-Jacques.

 

 

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