Les petits fragments d’éternité de Jean-Charles Labarre

Photo de Claude-Hélène Desrosiers
Par Claude-Hélène Desrosiers
Les petits fragments d’éternité de Jean-Charles Labarre
Jean-Charles Labarre. (Photo : Claude-Hélène Desrosiers)

ARTS VISUELS. Jean-Charles Labarre se définit comme un expert du visuel. Au cœur de sa vie professionnelle et de sa pratique artistique : l’image.

Galerie Ö Berkail, vendredi 14 juillet. Il flotte un léger vent de fête en ce soir de vernissage pour Jean-Charles Labarre. Première exposition dans sa ville natale, Sur le vif… en trois temps propose une incursion dans trois univers différents.

Le premier volet présente une série de photos fusionnées qui a comme ligne directrice d’inverser les proportions des images dans le but de créer des paysages uniques et surréels. Le très petit, magnifié, devient une ouverture sur ce qui était, au départ, un plan large. «Je me promène avec mon appareil photo, je prends des affiches déchirées, puis je fais un gros zoom sur un détail. Par après, je l’“explose” à 4 pieds de large», explique l’artiste. Il y insère par la suite des plans très larges dans un espace très petit.

Changement de cap : le deuxième volet nous convie en Tanzanie. Durant un voyage là-bas avec la Fondation aide vétérinaire internationale, qui stérilise et vaccine des chats et des chiens errants, il en profite pour faire un safari. De magnifiques photos d’animaux de la savane attendent le visiteur.

(Photo : Gracieuseté, Cathy Samson)

Enfin, le dernier univers est celui de la photo d’artiste. Dans le cadre de son travail, où il se spécialise en pochettes de disques, Jean-Charles Labarre a eu l’occasion de photographier plusieurs vedettes québécoises. En demandant l’autorisation des artistes d’exposer, cela lui a permis de renouer avec eux. «Ça m’a donné la chance de reprendre contact avec le milieu. J’ai reçu un message de Gilles Vigneault qui me souhaitait un bon vernissage», dit-il. Après 300 pochettes de disques réalisées au fil du temps, ce n’était pas la matière qui manquait. On peut ainsi admirer, par exemple, Michel Tremblay, Brigitte Boisjoli, Isabelle Boulay, Jean-Pierre Ferland, Jean Lapointe et autres vedettes de la chanson québécoise. A-t-il déjà figé en présence d’une célébrité ? Une fois, devant Charles Aznavour.

Baigner dans l’art visuel

Combien d’artistes peuvent se targuer d’exposer au même endroit, tout de suite après leur mère ? C’est bien le cas de Jean-Charles Labarre, dont la mère artiste-peintre, Lucie Chaîné, vient d’exposer chez Ö Berkail. S’il fait ce qu’il fait aujourd’hui, c’est grâce à elle. «J’ai grandi là-dedans. Ma mère fait de tout : couture, sculpture, vitrail, peinture… Ça m’a donné un œil aiguisé».

Chaque photo qu’il prend est regardée, une à une, et retravaillée. Il compare l’édition photo à de la méditation. «J’aime les couleurs, les formes. J’aime explorer ce que je n’ai jamais fait». D’ailleurs, en plus du design et de la pub, Jean-Charles Labarre a commencé dans les dernières années à faire du vidéoclip, ce qui lui a permis de gagner des prix à Venise et Los Angeles. Récemment, il dit s’être fait plaisir en réalisant un vidéoclip de A à Z seul. «J’ai déjà fait un vidéoclip d’Éric Lapointe, par exemple, où il y avait 45 personnes sur le plateau. Le dernier clip, c’était hippie à l’os. J’ai fait de la recherche, écrit le scénario, j’ai réalisé, celui-là c’est mon bébé à moi tout seul». Il s’agit du vidéoclip de Pulsar, de Julie Thériault.

 

Jean-Charles Labarre est animé par le plaisir de documenter ce qui l’entoure. «La photo vole à la vie un instant qui est figé et existe pour toujours». Il aime aussi l’idée de laisser sa trace, bien qu’il soit déjà fier de ses réalisations. «Dans n’importe quelle maison québécoise, je peux sortir des CD dont j’ai fait les pochettes».

Cependant, en entrant chez Ö Berkail, la première photo qu’on peut voir est la personne dont il est le plus fier. «Ma fille. La star de ma vie».

On peut visiter gratuitement l’exposition jusqu’au 15 octobre.

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