Des soins précurseurs en santé mentale à Drummondville

Photo de Claude-Hélène Desrosiers
Par Claude-Hélène Desrosiers
Des soins précurseurs en santé mentale à Drummondville
Le Dr Alexandre Doyon et Martin Barolet, conseiller-cadre au CIUSSS MCQ. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. Drummondville fera partie des six villes où sera implanté un programme novateur d’hospitalisation à domicile en santé mentale dès la fin de l’année.

Pour le moment, une personne qui nécessite des soins aigus en psychiatrie n’a qu’une option : se présenter à l’urgence. Avec les hôpitaux qui débordent, commence ensuite une longue attente pour voir un urgentologue.

Des alternatives seront bientôt offertes. Des besoins plus grands et une volonté d’améliorer l’accès à des services spécialisés : telles sont les prémisses du programme d’hospitalisation à domicile en santé mentale, aussi appelé traitement intensif bref à domicile (TIBD).

Le plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026 a prévu des alternatives aux hospitalisations en psychiatrie. Celles-ci, financées par l’Institut de la pertinence des actes médicaux, seront implantées dans six sites précurseurs, dont Drummondville, et pourront ensuite éventuellement faire l’objet d’un plus grand déploiement.

Pour éviter le recours à l’urgence

Il est d’abord prévu, d’ici la fin de l’année, d’implanter une équipe spécialisée d’intervention rapide et de relais en santé mentale dans la communauté. Cette équipe, ayant un accès direct à un psychiatre, permettra d’éviter le recours à l’urgence en évaluant au plus vite la condition d’une personne en état de crise liée à un trouble mental. Une fois l’évaluation complétée, l’équipe s’assurera que cette dernière reçoive réponse à ses besoins dans un délai ne dépassant pas 48 h. Ce volet représente un investissement total de près de 16 millions de dollars, pour l’ensemble des six sites d’implantation.

L’équipe mobile sera déployée partout à Drummondville. «L’équipe sera constituée de 6 à 7 intervenants qui agiront en situation de crise pour une clientèle ayant une problématique de santé mentale pour une durée d’une à six semaines», explique Martin Barolet, conseiller-cadre, alternatives à l’hospitalisation du CIUSSS MCQ. Quelqu’un qui vit, par exemple, une rupture amoureuse difficile ou un problème de dépendance, n’est donc pas ciblé par cette mesure.

Hospitalisation à domicile

S’appuyant sur l’expérience britannique qui, depuis une vingtaine d’années, a développé un modèle d’hospitalisation à domicile avec succès, il est également prévu de mettre en place des équipes multidisciplinaires, incluant un psychiatre, qui auront le mandat d’offrir l’hospitalisation psychiatrique à domicile. Il s’agit d’un investissement total de plus de 42 millions de dollars pour l’ensemble des sites précurseurs.

Ces équipes offriront des services spécialisés normalement proposés à l’hôpital. La durée visée est de quatre à douze semaines, selon les besoins de la personne. Cela favorisera une approche non stigmatisante et permettra de prodiguer un traitement qui pourrait être mieux adapté, puisque l’environnement et les différentes habitudes de vie auront été pris en considération. Les équipes d’hospitalisation à domicile devraient être en mesure de faire une évaluation psychiatrique initiale dans un délai de 48 h. Le suivi se fera de façon intensive, c’est-à-dire deux visites ou plus par jour, dépendamment des besoins. À Drummondville, l’implantation du programme est prévue à la fin de l’année 2023 ou au début de 2024, selon Marie-Hélène Émond, relationniste au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Pour les patients ayant des besoins plus aigus, si l’équipe le juge pertinent, il sera toujours possible d’être hospitalisé quelques jours, et poursuivre par la suite son hospitalisation dans la communauté. Pour les autres, l’hospitalisation à domicile peut se faire, «dans la mesure où la personne offre une bonne collaboration et est prête à s’engager dans son processus de traitement», selon Marie-Hélène Émond, du MSSS.

Le Dr Alexandre Doyon, psychiatre. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Le Dr Alexandre Doyon, psychiatre, estime qu’à Drummondville, comme dans l’ensemble de la province, l’unité de psychiatrie est plutôt débordée. Cette mesure est donc la bienvenue, tant pour les patients que pour l’équipe médicale.

Cependant, ce ne sont pas tous les gens ayant besoin d’une hospitalisation qui seront des candidats pour ce nouveau programme. L’évaluation se fera cas par cas. «Il y a des gens qui sont ambivalents à l’idée d’être à l’hôpital, mais ils veulent avoir accès à des soins. Essentiellement, la psychiatrie va rester la même, mais cette mesure va ouvrir la porte à des personnes qui ont un bon réseau de support et qui pourraient un peu moins bénéficier de l’hospitalisation : c’est cette clientèle-là qui va être particulièrement ciblée par l’hospitalisation à domicile», souligne le Dr Doyon. L’hospitalisation en centre hospitalier continuera d’être nécessaire pour des patients très malades, en garde en établissement ou très isolés. Les besoins, la situation personnelle et les objectifs de chaque personne seront tout autant de paramètres à considérer.

Partager cet article