PRÉVENTION. Pas moins de 60 % des enfants de 8 et 9 ans de la région sont à risque de noyade en cas de chute inopinée dans un plan d’eau non surveillé. Devant ce constat, le Réseau aquatique Drummondville (RAD) et le Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) ont pris le taureau par les cornes en enseignant à l’ensemble des élèves de troisième année les habiletés nécessaires pour nager, les positionnant ainsi comme des précurseurs en la matière.
Depuis 2014, le RAD s’engage dans la prévention des noyades par l’entremise du programme Nager pour survivre (NPS) de la Société de sauvetage du Québec.
«Le programme continue d’être essentiel, car nous remarquons qu’il y a eu une baisse des compétences depuis la pandémie», a fait observer Karen Lamothe, codirectrice du RAD, en conférence de presse.
Avant la pandémie, toutes les classes de 3e année du territoire de la MRC de Drummond participaient au programme. Durant la COVID, le RAD a dû cesser l’enseignement avant de reprendre progressivement, atteignant d’abord 65 % des classes, puis de rétablir la participation complète cette année.
«Avec les données que nous avons entre les mains, on est heureux de pouvoir à nouveau rejoindre tous les élèves de troisième année, en plus de certains enfants en francisation et en adaptation scolaire», a affirmé Mme Lamothe, soulignant le partenariat avec la Ville de Drummondville.
Depuis 10 ans, le programme NPS a rejoint 10 000 élèves dans les installations du RAD, pendant les heures d’école.
«Le Centre de services scolaire des Chênes est l’unique et seul centre de services scolaire à offrir ce programme à tous les élèves de la 3e année du primaire, et ce, gratuitement, a fait savoir fièrement le directeur général Lucien Maltais. Notre territoire est vaste et les milieux socioéconomiques sont variés. Ce programme offre donc une chance égale à tous les enfants de savoir nager et constitue une étape essentielle dans l’atteinte de l’objectif de prévention.»
«Savoir nager devrait être obligatoire»
Marraine du programme NPS et championne olympique de plongeon, Sylvie Bernier, a salué l’engagement du CSSDC durant la conférence de presse.
«Vous êtes des pionniers ici. C’est pour ça que je tenais à être ici aujourd’hui. Savoir nager devrait être obligatoire pour tous les enfants. Mon rêve, c’est qu’on reconnaisse au Québec que nager, c’est tout aussi important que lire et écrire. Je souhaite qu’on inclue ce programme dans le cursus scolaire. Savoir nager peut sauver notre vie et celle des autres», a-t-elle insisté.
«Il est vrai que le temps d’enseignement scolaire est précieux et qu’on doive mobiliser le personnel pour ce programme, mais je pense que ça vaut la peine de se préoccuper de la sécurité de nos jeunes», a reconnu M. Maltais.
Sylvie Bernier prend la cause bien au sérieux, ayant été témoin impuissante du décès par noyade de son filleul il y a une vingtaine d’années. Elle a relaté les faits pour souligner toute l’importance que revêt le programme NPS.
«C’était dans une rivière, on avait tous nos vestes. Mon frère et ma belle-sœur ont été sauveteurs, pour ma part, je savais bien nager, évidemment. Malgré ça, on n’a pas pu le sauver, pour toutes sortes de raisons; son canot a chaviré puis piqué dans le fond de la rivière», s’est-elle rappelée, douloureusement.
«Ma collaboration avec la Société de sauvetage a commencé plus d’une décennie plus tard puisque j’étais incapable de parler du décès de Raphaël, du drame familial», a enchaîné celle qui a raconté tous les détails de cette tragédie dans un livre intitulé Le jour où je n’ai pas pu plonger
Sylvie Bernier estime que dans la majorité des cas de noyade, on aurait pu prévenir le drame de multiples façons.
«Et la première, c’est d’apprendre à nager. Et c’est bon autant pour l’enfant que pour le parent. C’est aussi de connaître les consignes de base de sécurité, lesquelles sont enseignées durant le programme.»
L’athlète en a également profité pour mettre en garde les parents.
«50% de nos enfants se noient parce qu’en tant que parents ou grands-parents, on pense qu’ils savent nager. Mais vous savez, quand on est dans un lieu de baignade, bien souvent, nos pieds touchent au fond. En fait, nos enfants savent se baigner, mais pas nécessairement nager. Il y a une grande nuance.»
Un peu plus sur le programme
L’activité s’apparente à une sortie scolaire éducative et sportive.
Le RAD assure un programme clé en main débutant par la rencontre préparatoire en classe suivie de trois visites en piscine.
Celui-ci peut se faire avec ou sans veste de flottaison individuelle, mais le cours est considéré réussi, lorsqu’il est fait sans veste.
Les enfants qui ne remplissent pas les critères de passage reçoivent une session gratuite de 10 semaines à un cours de natation.
Cette année, le CIUSSS MCQ soutient également le programme. Son implication financière contribue à offrir à chaque participant et son accompagnateur l’accès aux bains libres gratuitement tout au long de l’année.
«Aujourd’hui, quand je pense à Raphaël, je pense aux milliers d’enfants, grâce à vous entre autres, qui apprennent à nager. Il y a des gens qui vivent 100 ans et qui n’ont pas nécessairement touché autant de cœurs qu’un petit gars qui est parti à 5 ans», a conclu avec le trémolo dans la voix Sylvie Bernier.
Le bilan 2023 de la Société de sauvetage rapporte 82 noyades.
—
Simple et toujours gratuit
Meta (Facebook et Instagram) bloque désormais vos nouvelles de L’Express en réponse à la loi C-18.
Pour rester connecté à la source, L’Express vous invite à télécharger son application. Vous pourrez ainsi continuer de lire vos nouvelles gratuitement, et ce, en temps réel. N’oubliez pas d’activer les notifications!
Apple : https://apps.apple.com/ca/app/lexpress-de-drummondville/id1575799821?l=fr-CA
Android : https://play.google.com/store/apps/details?id=ca.journalexpress.app&hl=fr