La richesse de l’art funéraire

Photo de Emmanuelle LeBlond
Par Emmanuelle LeBlond
La richesse de l’art funéraire
La démarche de Nancy Shaink vise la mise en valeur de l’art funéraire. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Nancy Shaink est une artiste multidisciplinaire qui sort de l’ordinaire. Elle est spécialisée dans l’art funéraire. Sa mission? Parcourir les cimetières à travers le Centre-du-Québec pour mettre en lumière les trésors qui s’y cachent. Symboles et statuaires, rien ne lui échappe.

«Je suis intéressée depuis que je suis toute petite par les symboles dans les églises. Quand on allait à la messe en famille, je regardais les décorations et les vitraux», fait-elle savoir, d’entrée de jeu.

Nancy Shaink a découvert la richesse de l’art funéraire, quelques années plus tard. Après avoir complété un baccalauréat en sexologie, elle est revenue dans la région. Elle habitait à côté du cimetière Sainte-Victoire à Victoriaville. Celle-ci a rapidement renoué avec sa passion pour la photographie, en se promenant sur le site patrimonial. Caméra à la main, elle capturait les éléments qui attiraient son attention. «Il y avait des symboles qui m’intriguaient. J’avais déjà plusieurs livres chez moi. J’ai commencé à faire des recherches.»

L’artiste multidisciplinaire a visité plusieurs cimetières à travers la région. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Cette dernière a réalisé que le patrimoine religieux était méconnu à l’échelle de la province. «On a beaucoup d’informations à propos de la généalogie. Quand on parle de monuments, du plus petit au plus gros, on ne sait pas d’où ça vient, indique-t-elle. Par exemple, le statuaire religieux est un langage qui est en train de se perdre. Chaque saint avait une façon d’être représenté. À l’époque, on les connaissait. La majorité des cimetières au Centre-du-Québec ont entre 150 et 200 ans.»

Depuis les vingt dernières années, Nancy Shaink parcourt la région à la recherche des trésors cachés des cimetières. Elle a développé sa propre démarche artistique. «Les cimetières catholiques sont situés à côté de l’église ou à la sortie du village. C’est plus compliqué pour les cimetières protestants. Je les localise et je trace mon itinéraire. Ensuite, je pars à la découverte. Habituellement, chaque site a quelque chose de particulier. Parfois, je tombe sur un monument qui est plus artistique à mes yeux. Je le photographie sous toutes ses coutures. C’est comme ça que je construis ma banque d’images.»

L’artiste a participé à plusieurs expositions à travers la région. C’est une manière pour Nancy Shaink de démocratiser l’art funéraire.

La Centricoise adore aller à la rencontre du public pour partager ses connaissances. Entre autres, elle offre des ateliers de calque par frottement. Il s’agit d’une technique centenaire qui consiste à appliquer une feuille sur une texture et à frotter une craie sur celle-ci afin d’obtenir une réplique du motif voulu. Les collages font aussi partie de sa pratique.

Elle propose également des visites commentées dans les cimetières. Pendant la promenade, l’animatrice présente certaines caractéristiques des lieux, la symbolique de l’art funéraire et les particularités des monuments, tout en faisant un survol historique.

Nancy Shaink a réalisé plusieurs expositions avec ses œuvres. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Celle qui est également la directrice générale d’Albatros Drummondville invite la population à découvrir les secrets du cimetière de l’Église catholique Saint-Frédéric, situé à l’intersection de la rue Marchand et du boulevard Saint-Joseph, le 27 mai de 10 h à 12 h. L’activité s’inscrit dans la programmation du quarantième anniversaire de l’organisme.

Nancy Shaink a choisi ce lieu pour une raison précise. «Ce que je trouve intéressant, c’est qu’ils ont gardé les vieux monuments. On ne voit pas ça dans tous les cimetières. Ils les ont rassemblés dans une section pour dégager de l’espace. Il y a beaucoup de symboles intéressants.»

Mentionnons qu’elle détient une maîtrise en sciences des religions et elle réalise actuellement un doctorat sur ses projets de visite à l’Université Laval.

En somme, Nancy Shaink est fière d’avoir réussi à tracer son propre chemin. Elle a entre autres remporté le prix Patrimoine et muséologie 2015 de Culture Centre-du-Québec ainsi que le prix Lionel-Groulx 2021 de la Société St-Jean-Baptiste du Centre-du-Québec.

 

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