Faillite de l’entreprise Hellrazr : «J’ai lâché un cri de mort dans la shop»

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Par Lise Tremblay
Faillite de l’entreprise Hellrazr : «J’ai lâché un cri de mort dans la shop»
(Photo Ghyslain Bergeron)

ENTREPRISE. Hellrazr n’a pas pu éviter la faillite. L’augmentation fulgurante du prix de l’acier, des taux d’intérêt et des coûts liés au transport ont asséné le coup de grâce à cette entreprise qui se targuait de fabriquer des barbecues indestructibles. Quatre heures après avoir perdu les clefs de sa business, Shawn Bevins se vide le cœur.

«C’est difficile aujourd’hui… le choc de la douleur. J’ai travaillé comme un fou depuis trois ans avec ma femme et mes fils. Je voyais la lumière au bout du tunnel. Je n’ai pas lâché. J’ai tout fait ce que j’ai pu, croyez-moi, je suis un guerrier dans la vie», a exprimé au bout du fil M. Bevins.

Treize employés ont perdu leur emploi jeudi matin, incluant la famille de cet homme d’affaires. Hellrazr était située sur la rue Power, dans le parc industriel de Drummondville.

Tout semblait pourtant rouler comme sur des roulettes pour cette start-up. En août dernier, M. Bevins avait signé le plus important contrat de sa jeune histoire avec une grande chaîne américaine. Il a mis la pédale au plancher, malgré le manque de liquidité.

«On a vécu une série de bad lucks, a ajouté l’homme de 50 ans. Des entreprises nous doivent de l’argent, car elles aussi vivent des difficultés. Puis, on a assisté à l’augmentation du prix de l’acier. Ça doublait, ça triplait… ça n’arrêtait pas. On a décidé de ne pas augmenter nos prix. Je ne voulais pas qu’on change notre liste de prix chaque semaine. On n’a pas eu le choix de le faire un moment donné cependant. Les taux d’intérêt se sont mis à monter par la suite. Ça s’est avéré une onde de choc pour nous. On avait acheté des machines à la fine pointe de la technologie. On avait très bien négocié nos taux au départ, mais on était rendu au renouvellement. J’ai signé à 2,3 % en 2020; il aurait fallu signer à plus de 10 %. Vous savez, j’ai beaucoup d’empathie actuellement pour tous les entrepreneurs, qu’ils soient petits ou grands. C’est très difficile d’être en affaires aujourd’hui.»

Ce dernier a également pointé du doigt les coûts liés au transport. Entre autres, les chargements de charbon de bois, une matière première dans le milieu des barbecues, sont passés de 2 800 $ à 10 000 $ en l’espace de deux ans.

Se gardant de divulguer le montant de la faillite, M. Bevins indique qu’au-delà de cette perte monétaire, la défaite personnelle est amère.

«C’est épouvantable de voir à quel point on a mis du temps là-dedans, a-t-il indiqué. Je peux dire cependant que j’avais une super équipe, de très bons employés. Ça m’arrache le cœur quand je pense à eux. Mais tout était contre nous. Une grande partie de moi et de ma famille est morte. C’est comme quand on perd une personne qu’on aime. On vit les étapes du deuil. Même quand les comptables nous ont parlé de faillite la première fois, j’ai tout essayé. Quand je me suis rendu à l’évidence, je suis allé dans la shop et j’ai lâché un cri de mort. Je crois que tout a sorti à ce moment-là. Même dans les moments les plus sombres, je crois qu’il y a de l’espoir cependant».

Quelques heures après que son rêve d’entreprise eut été saisi par un syndic de faillite, M. Bevins estime plus que jamais qu’il «mérite d’être sauvé». En attendant, il tentera de recoller les morceaux de sa propre vie. «C’est du stock… j’y ai cru jusqu’à la fin», a-t-il conclu.

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