Une communauté divisée plus que jamais

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Par Emmanuelle LeBlond
Une communauté divisée plus que jamais
Une soixantaine de citoyens ont assisté à la séance du conseil municipal de Saint-Cyrille-de-Wendover, lundi soir. (Photo : Emmanuelle LeBlond)

SAINT-CYRILLE-DE-WENDOVER. La séance du conseil municipal de Saint-Cyrille-de-Wendover a été mouvementée, lundi soir, alors qu’une soixantaine de citoyens se sont déplacés pour exprimer leur avis à propos de l’emplacement de la deuxième école primaire.

Des citoyens de tous les horizons ont fait leur entrée dans la salle du conseil, un peu avant 19 h 30. Quelques minutes après l’ouverture des portes, les places assises étaient déjà comblées. Certaines personnes ont dû rester debout. La population était motivée plus que jamais à se faire entendre à propos de l’emplacement de la deuxième école primaire, un dossier qui divise le conseil municipal depuis quelques semaines.

En décembre, la Municipalité a réservé un terrain situé sur le rang 3 de Simpson, entre les rues des Bouleaux et Maurice. En ce sens, une résolution officielle a été transmise au Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC). Les conseillers Sylvain Masson, Éric Emond et Patrice Paillé étaient favorables à l’idée de construire l’école à cet endroit. Sylvain Jacques, Pierre Lavigne et Annie Gentesse ont exprimé leur désaccord, en privilégiant un terrain situé au village. C’est le maire Éric Leroux qui a tranché.

Lundi soir, la période de questions a donné lieu à des échanges animés. Toutes les interrogations et les commentaires des citoyens ont été entendus. À plusieurs reprises, le maire a rappelé l’assistance à l’ordre, en demandant de respecter la procédure de prise de parole.

La salle du conseil était bondée. (Photo Emmanuelle LeBlond)

La résidente Solange Courchesne a été l’une des premières à se rendre au micro. À ses yeux, «l’endroit idéal pour implanter une école primaire est au cœur du village de Saint-Cyrille-de-Wendover». «Plus de 150 citoyens se sont joints à moi pour le confirmer en signant une pétition. Elle doit être prise en compte par la Municipalité. Nous croyons que la population doit être consultée pour un projet d’une si grande envergure», a lancé celle qui est actionnaire de Gestion Gelase Courchesne, la compagnie qui détient le terrain visé sur le rang 3 de Simpson.

Solange Courchesne a entre autres dénoncé le «manque d’analyse et de réflexion» dans le dossier, que ce soit sur le plan financier ou de la circulation. Le maire Éric Leroux a rappelé que le projet est encore dans une phase préliminaire. «La responsabilité de la Municipalité est de fournir un terrain au Centre de services scolaire des Chênes. Ensuite, les plans, les devis et les visuels vont être faits par le centre de services scolaire, pour être soumis au ministère de l’Éducation. (…) Si ce plan est retenu, il va être rendu public. Sinon, on le verra jamais», a-t-il répondu.

Pour sa part, Guylaine Morin a plaidé pour la qualité de vie des résidents qui habitent dans le secteur du rang 3 de Simpson. «J’ai choisi de construire une maison là il y a 28 ans parce que c’était un beau grand terrain, loin des voisins. Je voulais avoir la paix, a-t-elle communiqué. La plantation de pins est en arrière de chez nous. Donc, l’école va être en arrière de chez nous. On ne sera plus tranquille avec la circulation des autobus et le son des cloches.»

Les conseillers municipaux Sylvain Jacques, Pierre Lavigne et Annie Gentesse proposent de construire l’école primaire sur un terrain situé à l’arrière de l’hôtel de ville. «Un plan d’aménagement a été fait. Le terrain nous appartient et il est suffisamment grand pour accueillir une école», avait mentionné Sylvain Jacques, lors d’un entretien avec L’Express, en précisant qu’une somme importante devra être déboursée pour acquérir le terrain sur le rang 3 de Simpson et aménager des infrastructures.

La citoyenne Solange Courchesne a été l’une des premières à s’exprimer au micro. (Photo Emmanuelle LeBlond)

Aussi, des travaux devront être réalisés pour rendre le chemin sécuritaire pour les élèves qui circuleront à pied, a-t-il ajouté. «Il n’y a pas d’accotement ni de trottoir. Le rang est à nos frais. Si on veut faire des modifications, on doit défrayer les coûts.»

Selon lui, un référendum devrait être organisé pour que la population ait l’opportunité de se prononcer. La suggestion du conseiller municipal a été soutenue par certaines personnes qui étaient dans l’assistance.

Place aux jeunes familles

Plusieurs parents ont pris la parole au courant de la soirée, afin de partager leur réalité. Ces derniers sont en faveur de la répartition des infrastructures scolaires à Saint-Cyrille-de-Wendover.

Samuel Paré est témoin de la croissance démographique du secteur du rang 3 de Simpson. Ce dernier a lui-même deux jeunes enfants. «Il y a plusieurs développements domiciliaires dans notre coin. Il y a beaucoup de jeunes familles comme moi. D’avoir une école à proximité, c’est avantageux. Les enfants pourront s’y rendre à pied ou à vélo, ce qui minimise les déplacements en transport scolaire», a indiqué celui qui habite sur la rue Guèvremont.

Soulignons que Saint-Cyrille-de-Wendover a récemment procédé à la première pelletée de terre du Domaine des Prairies, son plus important projet d’habitations à ce jour. Les travaux commenceront l’automne prochain et les premières unités d’habitation seront complétées dès le printemps 2024. Des immeubles de 12 logements et des maisons en rangées seront construits dans la première phase dont le point d’entrée de la rue Philippe se retrouve sur le 3e rang de Simpson face à la rue Beauséjour. À terme, ce sont 320 unités d’habitation qui pourraient être construites.

La densification du territoire se poursuit, a appuyé Sylvain Masson. Le terrain ciblé pour le projet a une superficie d’environ 80 000 mètres carrés, tandis que la future école requiert 30 000 mètres carrés. «Ainsi, un développement domiciliaire pourra être fait à proximité de la nouvelle école sur les 50 000 mètres carrés restant ce qui en justifie encore plus l’emplacement de la nouvelle école primaire.»

Les membres du conseil municipal ont répondu à toutes les questions de l’assistance. (Photo Emmanuelle LeBlond)

Pour le père de famille Patrice Bergeron, la construction d’un établissement scolaire sur le 3e rang de Simpson favoriserait ses déplacements. «J’ai inscrit mes enfants à l’école Saint-Charles parce que c’était plus près pour moi. J’allais les mener tous les matins et je me dirigeais à mon travail, situé à Drummondville. Ça m’évitait de passer par le village inutilement. Le matin, il y a beaucoup de circulation. (…) J’ai une petite fille de trois ans. Elle va aller à l’école prochainement. On souhaiterait avoir une école de quartier pour elle.»

L’implantation d’une deuxième école permettrait aux citoyens du quartier de bénéficier de ses infrastructures sportives, puisqu’un partage est envisagé entre la Municipalité et le Centre de services scolaire des Chênes.

De plus, Sylvain Masson a mentionné que le projet présenté en 2021 a été refusé par le CSSDC puisqu’il ne correspondait pas adéquatement à ses critères. «Entre autres, la localisation qui n’était pas idéale pour répondre aux besoins de la clientèle, car cette option demandait de réorganiser les deux écoles du cœur villageois en écoles complémentaires.»

Rappelons que le CSSDC a soumis une demande au ministère de l’Éducation pour la construction d’une deuxième école primaire à Saint-Cyrille-de-Wendover. La requête est pour un établissement qui comprend 16 classes, une salle polyvalente, qui sert aussi de cafétéria, un gymnase double, un local d’art plastique, un local de musique, un carrefour d’apprentissage, qui est une bibliothèque, le secteur administratif et le service de garde. Ce projet permet de répondre au manque de places à l’école Cyrille-Brassard.

Une réponse est attendue au cours de l’été prochain de la part du ministère de l’Éducation, à savoir si le projet figurera dans le prochain Plan québécois des infrastructures 2023-2024.

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