Couverture incendie à L’Avenir : entre émotivité et rationalité

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Par Emmanuelle LeBlond
Couverture incendie à L’Avenir : entre émotivité et rationalité
La présentation de la firme Raymond Chabot Grant Thornton s’est déroulée à l’église Saint-Pierre-Apôtre de L’Avenir. (Photo : Emmanuelle LeBlond)

INCENDIE. Au cours d’une soirée houleuse par moment, une centaine de personnes se sont rassemblées à l’église de L’Avenir, jeudi soir, pour s’enquérir des résultats de l’analyse menée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton sur les trois scénarios s’offrant à la Municipalité concernant le service de sécurité incendie.

En avril, la Ville de Drummondville a proposé à L’Avenir de former une alliance pour le service de sécurité incendie. Durham-Sud et Wickham ont également approché la Municipalité afin de lui soumettre une offre de partenariat pour certains services.

Dans l’objectif de prendre la «meilleure décision possible», le conseil municipal a mandaté la firme Raymond Chabot Grant Thornton pour établir le portrait actuel, tout en analysant les différentes propositions.

La présentation a été animée par Jean-Philippe Brousseau, expert au sein de la firme. Trois scénarios étaient sur la table. Le premier est celui du statu quo. «La Municipalité conserve son service de sécurité incendie tel qu’il est présentement. Le service répond aux appels et il y a des demandes d’entraide qui sont faites par les voisins. Dans ce cas-ci, une nouvelle entente de partenariat avec la Ville de Drummondville est à considérer pour l’année prochaine», a-t-il expliqué à l’assistance.

Le deuxième scénario concerne une délégation des compétences à la Ville de Drummondville pour une durée de 20 ans, tandis que le troisième comprend une entente de partenariat avec Durham-Sud et Wickham.

En somme, la firme Raymond Chabot Grant Thornton a recommandé à L’Avenir d’aller de l’avant avec la Ville de Drummmondville en acceptant une desserte complète du territoire.

D’après Jean-Philippe Brousseau, cette solution est avantageuse pour les citoyens d’un point de vue financier. C’est une manière de réduire les coûts liés au service de sécurité incendie de L’Avenir. «Le scénario du statu quo requiert un budget entre 237 000 $ et 263 00 $ par année. Lorsqu’on regarde la desserte par la Ville de Drummondville, il s’agit d’un montant de 127 000 $ pour la première année», fait-il savoir.

Avec le deuxième scénario, le tarif est de 92 $ par citoyen. Le même montant est chargé pour la population drummondvilloise, précise l’expert. «Il y aura une tarification progressive qui sera faite pour les premières années. Pour 2023, la tarification sera fixée à 64 $, ce qui représente 70 % du montant. En 2026, on atteindrait les 92 $ par citoyen pour un total de 168 000 $.»

Manque de pompiers

La pénurie de main-d’œuvre fait partie des facteurs qui ont été pris en compte par la firme. Le maire François Fréchette est préoccupé par le manque de pompiers volontaires. D’après lui, un total de trois pompiers sont disponibles au courant de la semaine en journée, alors que le ministère de la Sécurité publique exige un seuil minimal de huit. «On ne respecte pas le schéma de couverture de risque.»

La formation des employés est aussi à considérer. «On a environ 18 pompiers au service de sécurité incendie de L’Avenir. Ils devraient suivre 48 heures de formation continue par année. Combien d’entre eux l’ont fait? En 2021, il y en avait un et en 2022, il n’y en a pas.»

«Ça fait six mois que le service d’incendie de L’Avenir est sur la sellette. Il n’y a pas plus de pompiers qui viennent aux pratiques. Je suis conscient que les pompiers volontaires ont un travail et une famille, mais ils se sont engagés sachant très bien les exigences», a indiqué François Fréchette.

Pour sa part, le chef de division au Service de sécurité incendie de Drummondville, Andrew Barr, a confirmé que huit pompiers seraient disponibles pour couvrir le territoire de L’Avenir à la caserne de Saint-Nicéphore. Selon ses dires, la majorité d’entre eux seraient sur les lieux de l’incendie en 15 minutes, ce qui représente le temps de réponse moyen du service de sécurité incendie de la Municipalité.

Si l’alliance entre L’Avenir et Drummondville s’officialise, la Municipalité conserverait son camion-citerne et la caserne resterait active. François Fréchette ne peut pas garantir que le partenariat n’affectera pas les primes d’assurances des citoyens. Il reste toutefois confiant. «Saint-Majorique-de-Grantham a fait la transition avec Drummondville. Le Service d’inspection des assureurs incendie a statué que leur caserne satellite était considérée. Il n’y a eu aucun surplus au niveau des assurances. C’est de bon augure pour L’Avenir.»

Cri du cœur des citoyens

Après la présentation, plusieurs citoyens se sont exprimés afin de témoigner leur désaccord face à la réalisation du deuxième scénario. La plupart d’entre eux cultivent un fort sentiment d’appartenance envers le service de sécurité incendie. Les pompiers volontaires font partie intégrante de la communauté. Ils sont présents lors des différents événements, dont l’Halloween, la Guignolée et la Saint-Jean-Baptiste.

La résidente Rachel Thivierge a lancé un cri du cœur au conseil municipal, afin que la Municipalité laisse une ultime chance aux pompiers. «J’espère vraiment que vous allez entendre la demande des citoyens de garder notre service incendie ouvert, a-t-elle dit, en s’adressant au maire. J’espère que vous allez donner la main à vos pompiers et que vous allez travailler ensemble pour former une équipe. Les pompiers sont dévoués envers la Municipalité et ils méritent d’être soutenus et reconnus.»

D’après le directeur du service de sécurité incendie de L’Avenir, Gilles Pérusse, le scénario idéal serait de maintenir le statu quo, en acceptant une entente de partenariat avec Drummondville qui inclut quatre pompiers.

Dans le cas où la desserte complète est acceptée, Gilles Pérusse mentionne que les pompiers de L’Avenir ne sont pas intéressés à soumettre leur candidature à Drummondville, même s’il y a une ouverture de la part de la caserne.

Décision à venir

Le maire François Fréchette concède qu’il s’agit d’une décision difficile. «C’est un dossier émotif. Je me sens déchiré. D’un côté ou d’un autre, ça va déplaire à des gens. Je dois faire la différence entre l’émotivité et la réalité. Il faut être terre à terre avec cette décision. La sécurité de la population est une priorité. C’est ma responsabilité.»

Le conseil municipal se réunira le lundi 5 décembre dans le but de s’arrêter sur l’un des scénarios. Les citoyens ont demandé si les conseillers pouvaient voter à main levée et leur demande a été acceptée.

Rappelons que la Ville de Drummondville a proposé de desservir trois municipalités, soit L’Avenir, Wickham et Saint-Majorique-de-Grantham et Wickham. Cette dernière a accepté l’entente au début du mois de novembre, alors qu’elle entrera en vigueur en janvier 2023.

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