Une préretraite parmi les bleuets et les canneberges!

Caroline Lepage
Une préretraite parmi les bleuets et les canneberges!
Lucienne Van Mil et Jean Olsthoorn aux côtés de leur fils Yan. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Ayant grandi dans le milieu agricole, Jean Olsthoorn et Lucienne Van Mil terminent leur carrière comme propriétaires d’une cannebergière et d’une bleuetière à Drummondville, assistés de leur fils qui prendra la relève.

Le couple voulait acquérir une terre à bois lorsqu’il s’est vu offrir un terrain au 2400 chemin Hemming, près de la rivière Saint-François, à Drummondville, qui comptait deux hectares de canneberges.

«Ça m’a parlé», laisse tomber M. Olsthoorn, cet agronome de formation qui travaillait à l’époque comme directeur de comptes agricoles.

Sa conjointe, qui gagnait sa vie comme ergothérapeute, s’est ralliée au projet. En 2006, les deux professionnels ont acheté le site et développé l’entreprise agricole, tout en continuant leur carrière respective. «On a commencé petit», souligne M. Olsthoorn.

Cet homme de 58 ans détenait certaines connaissances dans la culture de la canneberge, car son travail l’amenait à traiter avec des producteurs. «Je voyais que plusieurs réussissaient très bien», fait-il valoir.

Comme les champs étaient à l’abandon, il a fallu arracher les mauvaises herbes et effectuer des travaux de déboisement. En 2008, la capacité de production a doublé, totalisant cinq hectares, après que l’ancienne carrière de sable, présente sur le site, a été adaptée pour cultiver la canneberge.

À ce temps-ci de l’année, les champs de canneberges ne sont pas encore inondés. (Photo Ghyslain Bergeron)

Les nouveaux producteurs devaient s’armer de patience. «Quand on plante, ça prend trois ans avant de récolter», explique Mme Van Mil.

Croissance prudente

En 2009, une crise a secoué l’industrie pendant trois à cinq ans. Comme les volumes de production mondiale étaient trop élevés, les prix de vente de la canneberge ne couvraient même pas les coûts de production. Les deux partenaires réinvestissaient une partie de leur salaire pour assurer la survie de l’entreprise.

Malgré les difficultés, celui qui a grandi sur une ferme laitière a aimé dès le départ le travail aux Jardins VMO. De plus, il estime avoir reçu beaucoup de soutien et de judicieux conseils pour la culture de la canneberge, venant d’experts du ministère de l’Agriculture, de firmes privées ou de clubs-conseils d’agronomes spécialisés.

En 2010, les propriétaires ont intégré une plantation de bleuets qui a porté fruit trois ans plus tard. «Ce qui est intéressant, c’est que les bleuets génèrent des revenus plus tôt en été», rapportent-ils.

À partir de 2011, le couple s’est mis à réfléchir à de nouveaux projets d’expansion. «Il fallait avoir toutes les autorisations pour la préparation des champs, le nettoyage, etc.», met-il en contexte.

Résultat : la superficie de culture est passée de 5 à 12 hectares en 2015.

«On croit qu’une petite entreprise familiale peut avoir sa place au Québec», affirment les conjoints, qui ont finalement quitté leur emploi.

Bienvenue à la relève

Bachelier en comptabilité, le fils du couple, Yan, a joint l’entreprise familiale récemment, lui qui oeuvrait auparavant comme vérificateur au gouvernement. Quand ses parents lui ont offert de faire le saut, il a pris une année sabbatique pour expérimenter le travail agricole. «J’ai aimé ça», assure-t-il.

Ses parents étaient heureux de l’intégrer, sachant que leurs investissements resteront dans la famille. «Ça vaut la peine!», insiste la mère.

À ce temps-ci de l’année, les champs de canneberges ne sont pas encore inondés. (Photo Ghyslain Bergeron)

Yan amène de nouveaux points de vue dans les décisions de l’entreprise. Appréciant le travail en plein air, il s’occupera graduellement des tâches de comptabilité. «On ne veut pas grandir davantage, mais on veut que nos deux familles vivent aisément», avance le paternel.

Les Jardins VMO a embauché aussi, à temps partiel, des prestataires de l’aide sociale. «Je suis beaucoup dans le service communautaire. Ça fait partie de mes valeurs», exprime M. Olsthoorn, engagé dans plusieurs causes.

En 2021, l’entreprise a fait l’acquisition d’une trieuse au laser qui retire les canneberges impropres à la vente. En moins d’une heure, cette machine effectue, avec trois employés, cette tâche qu’accomplissaient auparavant six travailleurs durant toute une journée.

Souci de l’écologie

Sensible à la qualité de l’environnement, le couple veille à diminuer l’utilisation des pesticides, en faisant de la «culture conventionnelle raisonnée».

En 2023, il compte travailler de concert avec des chercheurs de l’Université de Laval dans un projet avec les bourdons qui pourrait avoir un impact favorable sur la pollinisation des abeilles. Des efforts sont actuellement fournis pour conserver les fleurs sauvages dans l’environnement de la ferme.

Les Jardins VMO servent également de modèle à un projet de l’UPA sur la lutte aux changements climatiques.

Autocueillette de la canneberge

Aujourd’hui, la production de canneberges totalise environ 400 tonnes par an. Si la majorité est vendue aux transformateurs, la population peut commander en ligne ces petits fruits remplis de vertus.

Cette année, leurs canneberges fraîches seront offertes en vrac dans les marchés locaux. Des sacs de canneberges seront également disponibles dans des épiceries du Québec.

Un kiosque est maintenant ouvert pour accueillir les gens. «On aimerait que l’autocueillette de la canneberge prenne de l’ampleur», soulève Mme Van Mil, précisant que la période propice se déroule de la fin septembre à la mi-octobre.

Les cueilleurs, petits et grands, sont invités à ramasser les petits fruits rouges, au sec, sur le bord des champs qui ne sont pas inondés durant cette période. «Les canneberges se ramassent mieux que les fraises», renchérit-elle.

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