André Proulx n’est pas encore prêt à ranger son sifflet

André Proulx n’est pas encore prêt à ranger son sifflet
L'arbitre bonconseillois André Proulx souhaite entamer une 25e saison dans la LCF en 2023. (Photo : Matt Smith, LCF)

FOOTBALL. André Proulx n’est pas encore prêt à ranger son sifflet. Le chevronné arbitre originaire de Notre-Dame-du-Bon-Conseil souhaite entamer une 25e saison dans la Ligue canadienne de football (LCF) en 2023.

Ayant franchi le cap des 400 matchs dans le circuit professionnel de football canadien plus tôt cette saison, André Proulx demeure toujours aussi passionné par son rôle d’arbitre en chef. L’homme aujourd’hui âgé de 58 ans a commencé à jouer au football dans son village dès son plus jeune âge. À l’adolescence, il a rapidement bifurqué vers l’arbitrage.

«J’ai commencé par arbitrer les plus jeunes, puis des matchs de football scolaire, relate André Proulx. Quand j’étudiais au Cégep de Drummondville, j’arbitrais les matchs des Voltigeurs! Au milieu des années 1980, j’ai commencé à arbitrer des matchs universitaires. J’ai ensuite été choisi par la Ligue canadienne pour amorcer la saison 1998.»

Selon André Proulx, une connaissance approfondie des règlements et un bon sens du jugement sont des qualités essentielles pour arbitrer dans la LCF. «J’ai toujours dit que dans l’arbitrage, ce n’est pas tellement compliqué. Il faut savoir se placer sur le terrain pour être capable de prendre la bonne décision. C’est sûr que ça prend aussi une bonne capacité d’entregent avec les joueurs et les entraîneurs», explique celui qui arbore le numéro 28.

Une bonne condition physique s’avère également nécessaire pour officier à ce niveau. Pendant un match de la LCF, un arbitre court entre 10 et 11 kilomètres. «Il faut se tenir en forme pour être capable de suivre le jeu. Pendant que l’action se déroule, on n’a pas presque pas de pause. On ne court pas à la même vitesse que les joueurs, mais on n’arrête presque jamais. On est presque toujours en mouvement», souligne celui qui a dû s’absenter pendant huit semaines en 2012 après avoir subi un malaise cardiaque pendant un match à Edmonton.

André Proulx lors d’un passage au Cégep de Drummondville en 2011 afin d’arbitrer un match des Voltigeurs. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

Au fil de sa carrière, André Proulx a été appelé à arbitrer pas moins de neuf matchs de la coupe Grey. Chaque automne, ce sont les officiels ayant le mieux performé pendant la saison régulière qui sont retenus pour œuvrer lors de la finale des séries éliminatoires de la LCF.

«La première coupe Grey que j’ai faite, en 2001, c’était à Montréal. C’était une journée spéciale. Toute ma famille était présente dans les gradins. Ce match-là, c’était l’accomplissement de toutes ces années d’efforts», se souvient André Proulx, qui a arbitré le duel ultime entre les Blue Bombers de Winnipeg et les Tigers-Cats de Hamilton l’an dernier.

«La coupe Grey, c’est le point culminant de la saison pour tout le monde. Quand on reçoit cet appel-là le lundi avant le match, on est toujours très heureux. En séries éliminatoires, il y a un peu plus de pression, mais souvent, c’est un peu plus facile d’arbitrer. Les joueurs craignent de prendre une pénalité qui pourrait coûter cher à leur équipe. Il y a rarement des gestes déplacés pendant ces matchs.»

Bien qu’il n’ait jamais tenu un décompte précis du nombre de matchs qu’il a officié, André Proulx ne cache pas sa fierté d’avoir dépassé la barre des 400 parties dans la LCF. «Je n’aurais jamais pensé atteindre ce chiffre quand j’ai commencé. C’est d’autant plus vrai que dans les dernières années, on fait beaucoup moins de matchs qu’à l’époque.»

Apprécié et respecté

Comme la majorité des arbitres dans le milieu du sport, André Proulx n’est pas à l’abri des critiques. Dans l’Ouest du pays, les partisans sont particulièrement durs envers les officiels de la LCF. Sur le terrain, André Proulx a néanmoins gagné le respect des principaux acteurs du circuit.

«Ce que je retiens le plus dans les propos des joueurs et des entraîneurs à mon sujet, c’est qu’ils peuvent me parler. Que ce soit positif ou négatif, je vais toujours aller les voir pour leur parler. Si je me suis trompé, j’admets mon erreur. On a une discussion, puis on continue le match», explique André Proulx.

«Les arbitres, on est comme les joueurs, poursuit-il. On ne peut pas être parfaits, même si on le voudrait bien. Ça nous arrive tous de nous tromper, car le jeu se passe tellement rapidement. On n’est pas infaillibles. Je pense que mon accessibilité, c’est l’une de mes qualités qui font que je suis apprécié à travers la ligue.»

Parmi ses plus beaux souvenirs, André Proulx identifie d’ailleurs les relations sincères qu’il a tissées avec ses confrères, les joueurs ainsi que les entraîneurs au fil des ans.

«J’ai vécu tellement de belles choses à travers l’arbitrage. Je suis tellement fier de dire que j’étais sur le terrain en même temps qu’Anthony Calvillo et toutes les grandes vedettes de la ligue. Quand je revois ces gars-là en dehors du terrain, on se serre la main et on discute ensemble. Pour moi, c’est qu’il y a de plus important.»

De nombreux sacrifices

Copropriétaire du groupe Cevec, une entreprise de Saint-Germain-de-Grantham qui œuvre dans le domaine de la construction, André Proulx ne compte pas ses heures pour continuer de pratiquer son passe-temps.

«Souvent, j’apporte de l’ouvrage pour en faire pendant les longs voyages en avion. Je rate des journées de travail, mais j’essaie de faire la même chose que si j’étais au bureau. Mon téléphone est toujours ouvert, sauf pendant les réunions et les matchs», explique André Proulx.

André Proulx discute avec ses confrères lors d’un match entre les Roughriders de la Saskatchewan et les Blue Bombers de Winnipeg. (Photo : Trevor Hagan, LCF)

Le Drummondvillois espère être de retour pour au moins une autre saison dans la LCF.

«J’avance en âge, alors c’est sûr que la fin est plus proche que le début, confie-t-il. Le plus dur, ce sont les voyages. Dernièrement, je revenais de Calgary, mais on est resté dans l’attente pendant deux heures et demie à l’aéroport en raison d’une pièce défectueuse sur l’avion. Les trois heures sur le terrain, c’est parfait pour moi, mais les longues heures de voyagement, c’est parfois moins intéressant.»

Bien que son visage soit souvent reconnu dans les rues de l’Ouest canadien, André Proulx passe habituellement incognito dans les villes de l’Est du pays. L’homme au sifflet et au chandail rayé préfère rester dans l’ombre.

«Je n’ai jamais aimé être au-devant de la scène. Le plus important pour moi, c’est la partie et les joueurs sur le terrain. Je veux que la partie se déroule dans un environnement sain. Pour le reste, j’essaie d’être le plus effacé possible», conclut la fierté de Notre-Dame-du-Bon-Conseil.

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