Les deux frères admettent avoir dirigé un réseau de trafic de cocaïne affilié aux Hell’s

Caroline Lepage
Les deux frères admettent avoir dirigé un réseau de trafic de cocaïne affilié aux Hell’s
Le Palais de justice de Drummondville. (Photo : Archives, L'Express)

JUSTICE. Marc Dubois et Steven Collard, qui ont plaidé coupables lundi, dirigeaient un réseau de trafic de cocaïne à Drummondville et imposaient des quotas aux revendeurs, dont la moitié des sommes était remise aux Hell’s Angels.

Avant d’enregistrer leur plaidoyer de culpabilité, les deux frères, Marc Dubois et Steven Collard, ont signé, en guise d’admission, un exposé conjoint des faits, à la suite de «l’opération pourboire» initiée en juillet 2019. «Cette enquête vise principalement les sujets Steven Collard, prospect Hell’s Angels de la section Trois-Rivières, et son frère Marc Dubois», indique le document déposé au tribunal.

L’enquête policière démontre que Marc Dubois gérait l’approvisionnement en cocaïne, en communiquant avec Jessy Ramsay-Koch, un fournisseur de la région de Sorel.

Dubois s’impliquait plus directement dans le réseau, comparativement à son frère, Steven Collard, qui faisait l’objet d’une surveillance policière accrue à cause de ses causes pendantes en justice.

Des agents infiltrent le réseau de trafiquants

Dans le cadre de l’opération pourboire, des agents civils d’infiltration ont introduit le réseau de trafiquants de Drummondville, qui était régi par des règles strictes et contrôlé principalement par les Hell’s Angels. En faisant croire qu’ils étaient des vendeurs de drogue, ils ont réussi graduellement à rencontrer les têtes dirigeantes, Dubois et Collard, peut-on lire dans la trame factuelle admise par les accusés.

Ils ont alors appris que le territoire de vente des deux frères était le même que celui desservi par la Sûreté du Québec de Drummond où «tous les droits de vendre dans les bars sont à eux» sauf un seul établissement, et ce, durant le jour, a précisé Dubois.

Ce dernier a aussi expliqué que les vendeurs avaient deux options : acheter la cocaïne de leur organisation au coût de 1800 $ l’once, quota inclus, ou verser un quota de 200 $ pour chaque once vendue.

«S’il ne paye pas sa cote, il est illégal et n’a pas le droit de vendre à Drummondville», est-il inscrit dans le document. En contrepartie, la sécurité des vendeurs qui transigeaient avec eux était assurée.

Pour négocier, réclamer les quotas ou effectuer des transactions de drogue, les dirigeants donnaient rendez-vous aux vendeurs dans divers endroits, comme les restaurants, stationnements, gym, cimetière, etc.

Marché en dents de scie

Dubois admet dans l’exposé des faits que le marché de la drogue, plus difficile au début de la pandémie, le forçait à couper davantage la cocaïne pour entrer dans son argent. Selon les transactions rapportées dans l’opération pourboire, le degré de pureté de la cocaïne variait entre 34 % à 92 %.

À l’époque, la présence des HeadHunters, un petit club actif depuis deux ou trois ans dans la région, représentait une certaine menace pour Dubois, qui disait occuper le territoire depuis 1999. À l’été 2020, il parlait d’aller voir «deux gars qui ont arrêté de vendre pour s’assurer qu’ils n’ont pas «switcher» avec l’autre gang».

Avant de faire l’objet d’une perquisition, Dubois affirmait rapporter plus d’argent que jamais à son boss et avoir de nouveaux clients qui achetaient en plus grosse quantité. Par exemple, s’il voulait s’approvisionner en métamphétamines, il devait acheter 10 000 comprimés à la fois.

Même si les agents d’infiltration l’ont questionné à plusieurs reprises sur le sujet, Dubois a toujours refusé de dire pour qui il travaillait, prétextant que «ça pourrait changer demain matin et personne ne s’en rendrait compte».

Frappe policière

Le 8 octobre 2020, les policiers ont mené des perquisitions majeures à sept endroits où ils ont saisi entre autres 890 grammes de cocaïne, des produits de coupe, 1278 comprimés MDMA, 1250 jujubes de cannabis et 61 240$.

«Plusieurs techniques d’enquêtes ont été utilisées afin de cumuler les éléments de preuves nécessaires à l’arrestation et la mise en accusation des suspects visés, notamment plusieurs surveillances physiques, l’utilisation de balises de localisation, l’utilisation d’agents d’infiltration et l’utilisation de dispositifs d’enregistrement de type Body packs», peut-on lire dans le document déposé au dossier.

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