Choisir et renouer avec l’activité physique

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Par Louis-Philippe Samson
Choisir et renouer avec l’activité physique
La FÉÉPEQ souhaite aider les jeunes à adopter de saines habitudes de vie en mettant de l’avant la notion de plaisir. (Photo : Deposit)

MAGAZINE. Avec la rentrée reprennent les cours d’éducation physique. Cependant, depuis 30 ans, les enseignants remarquent une diminution constante de la forme physique des jeunes. La question se pose : comment peut-on remédier à cette situation?

Nouvellement nommé directeur général de la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec (FÉÉPEQ), Christian Leclair, qui a enseigné pendant 23 ans à Drummondville, a lui-même constaté cette tendance chez ses élèves.

«C’est vrai que la condition physique des jeunes s’est affaiblie. Leur capacité aérobique et leur force musculaire ont diminué. Je l’ai remarqué à travers des évaluations d’habiletés motrices et d’aptitudes athlétiques que j’ai faites. Ce que j’ai vu sur le terrain et les études qui ont été produites disent la même chose», témoigne M. Leclair.

Christian Leclair a récemment été nommé directeur général de la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec (FÉÉPEQ). (Photo : Louis-Philippe Samson)

L’Agence de la santé publique du Canada et ses partenaires ont publié un guide en matière de mouvement sur 24 heures chez les jeunes. Celui-ci inclut l’atteinte d’un objectif de 60 minutes d’activité physique d’intensité moyenne à élevée, plusieurs heures d’activité physique légère, entre huit et dix heures de sommeil chaque nuit et un maximum de deux heures de temps de loisir devant un écran. Christian Leclair ajouterait, personnellement, l’adoption d’une saine alimentation à cette liste.

«Avant 2020, on constatait qu’il y avait moins de 20 % des jeunes qui respectaient ces recommandations. Aujourd’hui, ils sont moins de 4,8 %. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) dit qu’il y a une alarme qui sonne à l’heure actuelle», selon le nouveau directeur général.

Il estime que la pandémie, qui a mis un frein à la pratique de sports organisés, a accentué cette problématique. Il pointe les écrans qui prennent une part de plus en plus importante de la vie quotidienne.

«Le temps d’écran occupe une grande place chez nos adolescents et même les adultes. Un sondage, réalisé avant la pandémie, montrait que 70 % du temps des adolescents était passé de façon sédentaire. Cependant, le temps sédentaire n’est pas toujours négatif; il peut comprendre le travail ou la lecture d’un livre à l’extérieur par exemple», pondère Christian Leclair.

Environnements favorables

Afin de s’approcher de l’objectif des 60 minutes d’activités physiques quotidiennes, le directeur général de la FÉÉPEQ évoque le concept d’environnements favorables.

L’aménagement de parcs, d’infrastructures sportives et d’espaces verts de qualité peut rendre un environnement plus favorable à la pratique sportive. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«Un environnement favorable peut comprendre les infrastructures qui sont à sa disposition pour pratiquer des sports et leur accessibilité. Les coûts rattachés à la pratique d’un sport sont aussi à considérer. La proximité géographique entre également dans la notion d’environnement favorable. Les modèles parentaux vont aussi jouer un rôle dans la pratique sportive», fait valoir le Drummondvillois.

Dans un contexte d’environnements favorables, les milieux familiaux et scolaires constituent ceux qui ont le plus d’impact sur la pratique sportive d’un individu. «Si une famille a des règles de vie active, des parents qui sont des modèles d’activité physique et si on pratique des activités en famille, ce sera plus facile d’adopter un mode de vie actif. On sait que d’avoir des modèles familiaux a un impact considérable sur la santé des jeunes et leur pratique sportive. Il en va de même à l’école. L’établissement doit avoir des installations qui permettent aux élèves de bouger et un terrain qui offre l’option de donner des cours d’éducation physique à l’extérieur ou même une classe en nature», note Christian Leclair, qui milite avec ses collègues pour l’augmentation du temps d’enseignement de l’éducation physique.

À ces exemples, le directeur général de la FÉÉPEQ ajoute l’environnement politique. D’après lui, c’est à la classe politique d’adopter des normes de santé et de saines habitudes de vie. «C’est à ces gens que revient la responsabilité d’investir dans la construction d’infrastructures sportives et d’espaces verts pour éviter les îlots de chaleur», croit M. Leclair.

Pour ce dernier, la pratique d’activités physiques doit être synonyme de plaisir afin que les enfants et adolescents soient motivés à bouger. «Il faut sensibiliser nos jeunes à la notion de plaisir. Si un jeune n’est pas motivé, il n’aura pas de plaisir et il risque de demeurer inactif», dit-il.

Une balade avec son chien peut faire partie des 60 minutes d’activité physique quotidiennes. (Photo : archives, L’Express)

Afin de favoriser cette motivation et le plaisir de bouger chaque jour, Christian Leclair propose de compter chaque pas et chaque mouvement pour atteindre la cible quotidienne des 60 minutes d’activité physique. Il faut cependant éviter tout stress en raison des recommandations.

«Lorsqu’on répète aux jeunes qu’ils doivent faire 60 minutes d’activité physique en une journée, on vient leur mettre une pression. Oui, il faut s’approcher de la cible, mais chaque petit moment passé à bouger compte. Ce n’est pas nécessaire de le faire en un seul bloc. Marcher pour se rendre à l’école ou au travail, jouer 15 minutes à l’extérieur avec son chien ou encore de réaliser des tâches ménagères peut tous être inclus», précise-t-il.

Avec le retour en classes, Christian Leclair et la FÉÉPEQ y voient une occasion idéale de promouvoir les saines habitudes de vie. Alors que les jeunes deviennent plus à risque de vivre de l’anxiété et des dépressions, ils croient que le concept d’équilibre doit être mis de l’avant avec l’aide des enseignants d’éducation physique.

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