Ça ne doit pas «fesser» assez fort (Tribune libre)

Ça ne doit pas «fesser» assez fort (Tribune libre)
(Photo : L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Deux semaines. Quatorze jours. Trois accidents différents. Au moins une dizaine de personnes marquées à vie. Eh oui, en l’espace des deux semaines des fameuses vacances de la construction – qui, remarquons-le, ne sont toujours pas terminées – le coin du chemin Tourville et de la route 139 a vu trois accidents différents se dérouler.

Je ne suis peut-être qu’une simple civile, mais comme j‘habite littéralement à côté de cette fameuse intersection depuis maintenant plus de 18 ans, chaque impact résonne de manière magistrale. Je pense à toutes ces personnes qui ont perdu le contrôle de leur véhicule et qui ont pris le fossé. Je pense à tous ces jeunes conducteurs qui paniquent à cause du manque de visibilité dû aux longues herbes des champs sur le coin qui favorisent les accidents. Je pense aussi à ceux et celles qui ont perdu un véhicule à cause d’un accident, qui ont maintenant peur de prendre le volant, qui ont perdu des biens à cause des impacts violents ou qui ont dû se rendre à l’hôpital pour un proche ou eux-mêmes.

Perdre quelqu’un dans un accident de la route, je sais ce que c’est. Personne ne mérite de connaitre la douleur qu’un tel évènement amène. J’ai vingt ans et j’ai vu mon père être premier répondant plus de trente fois déjà. J’ai vingt ans et entendre un accident de la route devient routinier. J’ai vingt ans et même quand je n’avais pas ma certification R.C.R., je connaissais mes premiers soins à cause de tous les accidents auxquels j’ai assisté. J’ai vingt ans, mais je savais déjà à six ans où était la trousse de premiers soins si j’entendais une auto déraper ou un klaxon sonner. J’ai vingt ans et j’ai répondu aux paramédicaux trop souvent pour expliquer comment de tels événements se déroulent. J’ai vingt ans et je peux faire une moyenne de la quantité d’accidents qui occurrent selon les périodes de l’année sur mon coin de rue. J’ai vingt ans et je me demande quand le monde réagira. Est-ce que ça prend un mort? Ça ne doit pas «fesser» assez fort.

«Tu devrais écrire une lettre ouverte et la faire publier. T’aurais plus d’impact qu’une plainte à la ville.»

Photo d’un véhicule impliqué dans la collision sur le coin du chemin Tourville et de la route 139 le 2 août 2022 vers 17 h. (Photo Gracieuseté)

«Mais c’est normal, dans ton coin! Le monde chauffe mal.»

«Ces chemins-là, c’est fait pour la vitesse de toute façon.»

L’intersection dispose d’un feu de circulation pour que les passants du chemin Tourville s’arrêtent avant de reprendre leur route. Cependant, avec la moindre visibilité et la rapidité des véhicules sur la route 139, il devient difficile d’éviter la catastrophe. Les nuits d’été, il n’est pas rare non plus de se faire réveiller par les véhicules passant à très haute vitesse ou qui font crisser leurs pneus en faisant des beignes sur le coin.

Je connais déjà certaines réactions à la suite de cette lecture : tant qu’à chialer, donne une solution! Que faudrait-il? Je ne suis pas experte, évidemment. Je considère qu’une surveillance minimale de la Ville afin d’entretenir l’intersection plus souvent été comme hiver pourrait ne nuire à personne. Serait-ce possible de couper les herbes des champs sur une base plus fréquente afin d’améliorer la visibilité? Pourrait-on installer un feu de circulation ou un panneau pour les quatre coins de l’intersection? L’hiver, serait-ce possible de dégager les chemins plus rapidement ou d’étaler de l’abrasif de manière plus fréquente afin d’éviter les dérapages?

Cette lettre ouverte ne sert pas à revendiquer quoi que ce soit, mais bien à faire réagir, à créer de petites étincelles dans le cerveau de certaines gens. N’attendons pas d’avoir une liste de décès. N’attendons pas que les enfants de ma rue ne doivent parler aux paramédicaux. N’attendons pas que d’autres vies soient risquées. N’attendons pas que nos proches ne fassent partie de l’histoire de cette intersection.

Une jeune adulte qui tient à son monde,

Éloïse Lemire, Drummondville

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