Un changement de cap obligé pour La Cache Verte

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Par Cassandre Baillargeon
Un changement de cap obligé pour La Cache Verte
Les responsables de la serre, Emy et Vickie évaluent les dégâts causés par la chaleur. (Photo : Gracieuseté)

FERME MARAICHÈRE. Le 4 juillet dernier, les propriétaires de la ferme biologique La Cache Verte située à l’Avenir ont eu une bien mauvaise surprise. Ils sont entrés dans une serre avoisinant les 50 degrés Celsius au lieu des 20 degrés Celsius habituels. Résultat : près de 75 % de la production de tomates ancestrales de serre prévues ont été perdues.

Avec des plants déshydratés ayant cuit durant près de cinq heures, Vincent Séguin a dû changer ses plans de récoltes estivales alors que tout était méthodiquement calculé. «Au final, c’est juste des tomates, mais ce sont des tomates qui arrivaient dans le bon temps. Juste avant les tomates de jardin et celles de champ. Quand les tomates de champ sont prêtes et que les gens récoltent celles de leur jardin, on se met à en vendre un petit peu moins», explique M. Séguin, qui est copropriétaire de la ferme avec sa conjointe, Marie-Lee Tessier.

Selon ce dernier, les systèmes d’alerte de la serre n’ont pas fonctionné. M. Séguin se trouvait dans un champ plus éloigné en compagnie de son équipe pour planter les légumes d’hiver. Il n’a pas reçu d’avertissement sur son cellulaire. À son avis, la couverture cellulaire est probablement en cause puisqu’il a fini par recevoir un message en fin de journée, une fois de retour au bercail.

Le copropriétaire de la ferme, Vincent Séguin, en avril, quelques semaines après que les plants de tomates aient été plantés dans la serre. (Photo: Gracieuseté)

Celui qui a lancé sa ferme il y a cinq ans a préféré ne pas comptabiliser les pertes de cet événement. Il considère que c’est avant tout beaucoup d’énergie qui a été perdue. «C’est beaucoup d’efforts, je ne veux pas rajouter ça. J’essaie juste de me concentrer sur ce qui s’en vient et essayer d’absorber», affirme-t-il, encore ébranlé par la situation.

La seule information qu’il connaît, c’est qu’en raison de l’inflation, le propane pour la serre coûte le double de l’année dernière. La production des tomates lui a donc coûté deux fois le prix de l’an passé.

Une tomate ancestrale en croissance en juin dernier et l’état de la serre en arrière-plan. (Photo : Gracieuseté)

Au départ, Vincent Séguin voulait garder cela pour lui. «J’aurais pu tenir ça mort, juste dire que tout est beau, mais je me suis dit que les gens nous suivent aussi pour avoir des nouvelles de ce qu’on fait et qu’ils doivent savoir c’est quoi avoir une petite ferme maraichère», indique-t-il. C’est donc dix jours plus tard, sous les encouragements d’une de ses employés que M. Séguin a fait une publication sur Facebook pour informer ses abonnés des défis de la ferme.

Les réactions ont été instantanées. «J’ai publié le message à 22h le jeudi soir et le lendemain au marché public à 7h presque tout le monde l’avait vu et m’en parlait. Ils nous demandaient des nouvelles», mentionne M. Séguin qui travaille depuis trois ans à temps plein sur la ferme. Une abonnée est même arrivée avec des petits chocolats pour l’ensemble de l’équipe alors qu’une autre s’est rendue sur la ferme le lundi suivant pour prêter main forte.

Ayant des doutes sur la nécessité de son entreprise depuis le début du printemps, Vincent Séguin a été rassuré par le support de la population. Plusieurs personnes ont pris le temps de souligner l’apport de la ferme dans leur quotidien. Cette vague d’amour a permis à M. Séguin de voir la perte du partie de sa production autrement. «Ça m’a fait relativiser. Il faut tourner ça de l’autre côté. Non, ce n’est pas l’étape qui fait qu’on met la clé sous la porte, c’est l’étape qui nous a aidés», constate-t-il, maintenant plus confiant sur l’importance de sa ferme maraichère biologique.

Les tomates en formation à la suite de la forte chaleur dans la serre. (Photo : Gracieuseté)

Comme l’espace en serre est coûteux, l’entreprise va rentabiliser celui laissé par les plants morts en semant une rangée de concombres libanais et une de fèves qui seront récoltés en septembre et en octobre. Les quatre rangées restantes seront utilisées pour bonifier la diversité des paniers d’hiver avec du céleri, du basilic et du kale. «On va pouvoir être plus diversifié, en plus de pouvoir planter plus tôt grâce à ça», souligne M. Séguin.

La Cache Verte a commencé à produire des paniers d’hiver l’an dernier. D’ores et déjà, les propriétaires de l’entreprise souhaitent agrandir leurs chambres froides pour augmenter les produits disponibles en hiver. Ils prévoient aussi offrir l’autocueillette de fraises dès l’été prochain.

Outre la perte d’une portion de sa production estivale, la ferme maraichère affronte aussi des problèmes de recrutement. L’arrivée de Santos Eduardo, un travailleur étranger originaire du Guatemala, a donné un second souffle à l’entreprise qui était en sous-effectif depuis le mois d’avril et qui est encore à la recherche de main-d’œuvre. «Il va y avoir des bouts plus difficiles parce que les récoltes s’en viennent», soulève M. Séguin. La participation des gens à son programme d’autocueillette pourrait lui donner un coup de main supplémentaire. Lors de l’autocueillette, les acheteurs ont un escompte de 15% sur leur achat en plus de vivre un moment en nature. «Les gens viennent cueillir les légumes de leur choix. Ils vivent une belle expérience et ils voient notre ferme. Pour nous, c’est très positif », termine M. Séguin remerciant ceux et celles qui ont apporté leur aide depuis la publication sur Facebook des défis de la ferme.

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