La Berce de Perse décortiquée par Anahita Norouzi

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Par Emmanuelle LeBlond
La Berce de Perse décortiquée par Anahita Norouzi
Anahita Norouzi est originaire de l'Iran, mais elle habite depuis les dernières années à Montréal. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CULTURE. L’artiste irano-canadienne Anahita Norouzi propose une réflexion sur l’exode des populations et des espèces végétales dans l’exposition Jardin trouble : étude d’un enracinement à la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement.

L’artiste multidisciplinaire travaille depuis deux ans sur un projet de recherche, en collaboration avec le Centre de recherche sur la biodiversité de l’Université de Montréal. En remportant la bourse de création de la Fondation, elle a pu approfondir ses démarches en réalisant une résidence au pavillon situé à Saint-Edmond-de-Grantham, au coeur de la nature.

Anahita Norouzi a réalisé une résidence de recherche à la Fondation Grantham, en août dernier. (Photo : Ghyslain Bergeron)

En août dernier, six œuvres ont vu le jour. Anahita Norouzi a utilisé différents médiums comme la photographie, la vidéo, la sculpture, l’installation et la réalité augmentée. Le point commun? Ses créations portent sur la Berce de Perse.

Cette dernière a consacré ses recherches sur cette plante. «J’habite depuis les dernières années à Montréal. Dès mon arrivée, mon œil était porté à regarder des choses qui me font penser à chez moi. Ça peut être des odeurs, des visages ou des images. J’ai été fascinée de voir qu’il y a des plantes qui existent dans mon pays et qui poussent ici, comme la berce.»

En Iran, la Berce de Perse est une plante sauvage qui est très populaire pour ses vertus médicinales. Ses graines sont aussi utilisées dans la cuisine iranienne. Anahita Norouzi a un sentiment d’attachement envers cette plante qui est liée à plusieurs souvenirs d’enfance. «Quand j’étais petite, je faisais des marches en montagne avec ma grand-mère pour ramasser les graines. On les utilisait pour faire des épices», raconte-t-elle.

L’artiste a retracé la trajectoire migratoire de la Berce de Perse, afin de comprendre comment elle s’est retrouvée au Canada. «Au début du 20e siècle, à l’époque du colonialisme, la berce a été prise de l’Iran pour être amenée en Angleterre, comme un trophée. Pendant plus de cent ans, c’était une plante ornementale très populaire dans les pays occidentaux, en Europe et en Amérique. Les gens ont commencé à moins l’aimer lorsqu’elle s’est rependue hors des jardins, sans l’intervention humaine», explique-t-elle.

Ses démarches l’ont mené à la berce du Caucase, une espèce aussi implantée au Québec. Il s’agit d’une mauvaise herbe envahissante qui présente un risque pour la santé. Sa sève, combinée à l’exposition à la lumière cause des lésions à la peau. Ainsi, plusieurs groupes tentent de contrôler les populations en l’éradiquant.

Remains, une sculpture composée de 11 panneaux de plâtre. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Anahita Norouzi s’est donné la mission de trouver cette plante en sol centricois. «J’ai lu que cette région est envahie. Dans ma tête, il y en avait partout. En réalité, j’ai seulement trouvé un spécimen. Il y a une hystérie par rapport à sa présence sur le territoire. C’est la même chose pour les gens qui viennent d’ailleurs. Il y a un parallèle intéressant.»

Dans le cadre de l’exposition Jardin trouble : étude d’un enracinement, l’artiste aborde la question de la migration, sous la dimension écologique, culturelle et sociale. Anahita Norouzi propose une réflexion sur notre sens de l’hospitalité, tout en analysant les effets de perception.

Le public est invité à découvrir l’exposition d’Anahita Norouzi jusqu’au 26 juin à la Fondation Grantham. Les heures d’ouverture sont du jeudi au dimanche, de 11 h à 17 h. L’entrée est gratuite, mais il faut s’inscrire sur la plateforme Eventbrite pour visiter les lieux.

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