Course Cryo : elles ont repoussé leurs limites

Course Cryo : elles ont repoussé leurs limites
Le départ de la course Cryo, samedi, vers 16 h, à Saint-Gédéon. (Photo : course Cryo)

COURSE. Chacune à leur façon, les Drummondvilloises Béatrice Gourdon-Fauron et Diane Dumas ont repoussé leurs limites dans le cadre de la course Cryo.

Consistant à franchir les 33 kilomètres reliant Saint-Gédéon et Roberval sur la surface glacée du lac Saint-Jean, ce défi hivernal a été disputé dans des conditions météorologiques extrêmes, samedi dernier. En raison des vents et de la poudrerie qui se sont levés durant la soirée, la visibilité était parfois nulle sur la piste balisée et entrecoupée de quelques points de ravitaillements.

Guettés par le froid, moins du tiers des 85 participants ont été en mesure de terminer l’épreuve d’endurance. Forcés à l’abandon, pas moins de 57 coureurs ont été évacués en motoneige. Certains d’entre eux ont d’ailleurs été victimes d’engelures tandis qu’un participant a souffert d’un début d’hypothermie.

Refusant d’abdiquer, Béatrice Gourdon-Fauron a finalement été la 28e et dernière athlète à franchir la ligne d’arrivée. Ralentie par les effets de la COVID longue, la femme de 51 ans a parcouru la totalité de l’épreuve à la marche rapide. Cette exigeante traversée aura duré précisément 7 heures et 11 minutes.

Béatrice Gourdon-Fauron. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

«J’ai toujours conservé le même rythme. Je m’étais tellement entraînée à la marche rapide que j’ai même dépassé certains coureurs. C’est pour ça que je suis si fière de moi. C’est une vraie victoire, un vrai dépassement de soi», a exprimé la coureuse aguerrie.

Figurant parmi les six femmes ayant réalisé l’exploit, l’aventurière derrière le blogue «Les défis de Béat» a dû patienter à quelques reprises aux points de ravitaillement. Pour des raisons de sécurité, les organisateurs ont en effet interdit aux participants de reprendre la course seuls.

«On devait absolument être accompagné par quelqu’un. Il y avait un tel blizzard qu’on ne voyait pas du tout l’horizon. À un certain moment, on ne voyait plus les piqués qui étaient pourtant à tous les 100 mètres. Je me suis perdue, mais heureusement, j’étais avec quelqu’un. On a retrouvé notre chemin.»

Habituée des courses de longues distances, Béatrice Gourdon-Fauron n’avait jamais été confrontée à des conditions aussi sibériennes. «C’était intense, mais quand on est dedans, on n’y pense pas. J’étais vraiment concentrée sur l’atteinte du but. J’étais rentrée dans ma bulle. Je n’ai jamais ressenti froid, à part quand j’ai dû attendre. Je n’ai jamais pu rentrer dans les tentes chauffées, car il y avait trop d’abandons», a-t-elle expliqué.

«Il fallait vraiment être bien équipés. C’est ce qui faisait la différence. Sinon, je n’aurais pas obtenu le même résultat.»

Grâce aux dons recueillis par les participants, plus de 300 000 dollars ont été remis à la fondation Sur la pointe des pieds, qui organise des expéditions d’aventure thérapeutique pour des jeunes atteints de cancer. Béatrice Gourdon-Fauron avait d’ailleurs dédié cette course à Sarah-Jeanne Noël, une jeune femme de la région qui combat la maladie.

«Ce n’est pas une course ordinaire. D’habitude, tu ne prends pas un départ pour ces raisons-là. Je n’avais qu’un seul but en tête : l’arrivée. Rien ne pouvait m’arrêter.»

Au cours des prochains mois, Béatrice Gourdon-Fauron s’attaquera à quelques épreuves de longue distance, soit l’Ultra Trail Gaspesia 100, le Québec Méga Trail et l’Ultra Trail Harricana. En octobre, elle sera en action à l’île de La Réunion.

Des souvenirs impérissables

Freinée par le froid, Diane Dumas n’a pas été en mesure de terminer l’épreuve. Au moment où elle a choisi de rentrer au bercail, la femme de 55 ans n’avait pas été informée que la limite de cinq heures pour compléter la course avait été levée.

«Je suis sereine avec ma décision d’abandonner la course, même si c’est certain que j’aurais préféré la finir. Je ressens un grand bien-être malgré tout d’avoir accompli ce parcours immensément difficile et de ne pas être trop amochée. Je suis reconnaissante de l’avoir fait. C’est une expérience exceptionnelle et unique que j’ai vécu entourée de personnes chaleureuses, hyper motivantes et inspirantes», a exprimé celle qui a d’ailleurs prêté sa jupette à une concurrente pour terminer la course.

Diane Dumas. (Photo gracieuseté)

Ayant amassé 1570 dollars pour la cause des jeunes atteints du cancer. Diane Dumas avait dédié cette course à son fils ainsi qu’à son père, qui sont décédés au cours des dernières années.

«Les premiers kilomètres, j’étais vraiment concentrée et le cœur léger. J’admirais ce paysage féérique et surréel en courant sur ce splendide lac gelé. Ce sont des souvenirs imprégnés en moi pour toujours. J’ai déjà hâte à l’an prochain», a-t-elle ajouté, en félicitant tous les participants qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes.

Prochainement, Diane Dumas sera en action au Défi Daniel-Lequin à Sorel-Tracy, au marathon de la Course des Chênes-toi ainsi qu’au marathon de Québec. Une participation à un ultramarathon fait également partie de ses objectifs. «C’est ma façon, ma thérapie pour m’aider dans mon deuil», a-t-elle expliqué.

L’édition 2022 de la course Cryo a été remportée par Michael Pilotte, qui a réalisé l’exploit en 3 heures et 46 minutes. Chez les femmes, Kim Gaudet a franchi le fil d’arrivée au terme d’un effort de 4 heures et 53 minutes. Tous deux sont originaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

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