L’amour cogne à sa porte; le cancer aussi

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Par Lise Tremblay
L’amour cogne à sa porte; le cancer aussi
Sarah-Jeanne Noël et Joéy Ratelle. Ils forment un couple depuis cinq mois. (Photo : Gracieuseté)

VIVRE. Son message est arrivé sans crier gare, au beau milieu de l’été. Il souhaitait prendre de ses nouvelles, la revoir. Quelques semaines avant, Sarah-Jeanne Noël était amputée d’une jambe, conséquence d’un cancer trop agressif. Elle n’avait jamais imaginé mener un tel combat à 24 ans, encore moins vivre une histoire d’amour à ce moment-ci de sa vie. 

Quand il lui a écrit, Joéy Ratelle ne se doutait pas qu’elle avait subi une importante chirurgie. Il savait qu’elle avait des ennuis de santé, sans plus.

«Il m’écrivait qu’il souhaitait venir me porter un café et jaser. J’en avais envie, mais je ne voulais pas qu’il me voie comme ça. Je me trouvais plus cute avant, quand j’avais mes deux jambes. J’avais peur de me faire repousser et je ne me sentais pas capable de vivre avec ça», exprime Sarah-Jeanne au bout du fil.

Après s’être laissée convaincre par son entourage, Sarah-Jeanne a décidé d’entrouvrir sa porte et de lui raconter ses derniers mois, les difficiles traitements de chimiothérapie, l’inquiétude, puis cette chirurgie qui a eu lieu le 19 mai dernier et qui l’a fait souffrir durant de nombreuses semaines.

«J’ai été très étonnée de sa réaction. Pour lui, ça ne changeait rien. Quand on s’est connu à l’école, j’avais mes deux jambes. Je n’aurais jamais cru possible qu’il veuille de moi alors qu’il y a tellement de belles filles avec tous leurs membres. À force de me faire complimenter, j’ai fini par y croire», raconte la jeune femme, qui savoure pleinement ce petit bonheur.

«Il réussit à me faire sentir belle comme avant. Il contribue à rendre ma vie plus supportable.»

Pour lui changer les idées, Joéy aime bien l’emmener en voiture près des cours d’eau. Ils se plaisent aussi à écouter des séries télévisées.

«Je pense qu’on a une histoire à vivre ensemble. On partage plein de choses. Quand elle m’a dit qu’elle avait été amputée, je me suis dit que ça ne changeait rien au fait que je souhaitais la revoir et apprendre à la connaître. Il n’y a jamais eu de malaise», assure Joéy Ratelle, qui est policier dans la réserve autochtone d’Odanak.

Dans quelques jours, Sarah-Jeanne recevra une prothèse pour remplacer sa jambe droite. Elle devra aller dans un centre de réadaptation plusieurs fois par semaine, le temps qu’elle retrouve une certaine aisance dans ses mouvements.

«Je me débrouille assez bien dans mon appartement. Disons que je suis motivée à vivre comme je vivais avant», communique-t-elle.

Le cancer

La jeune femme venait tout juste d’amorcer sa nouvelle carrière en tant qu’intervenante à la DPJ quand une forte douleur à une jambe l’a mené à consulter un médecin.

«J’ai passé plusieurs tests et j’ai appris au début de l’année 2021 que j’étais atteinte d’une forme très rare de cancer, un sarcome de sous-type synovial, qui touche une personne sur 100 000. Il était localisé dans le haut de ma jambe droite», explique Sarah-Jeanne d’une voix fragile.

Trois cycles de forte chimiothérapie ont été mis à son agenda pour s’attaquer à la tumeur. Elle a reçu les traitements sans être accompagnée, mesures sanitaires obligent. Malgré leur intensité, ils n’ont pas freiné l’ardeur de la maladie.

«Le médecin à Montréal m’a expliqué que je devais choisir entre mourir avec mes deux jambes ou vivre sans ma jambe droite. J’ai donc subi une désarticulation de la hanche et cette amputation. J’ai été hospitalisée deux semaines. J’avais de gros chocs électriques dans ma jambe, même si elle n’était plus là», dit-elle, en précisant que ses parents ont été d’une aide précieuse.

Le but de la chirurgie était d’éradiquer le cancer une fois pour toutes; malheureusement, il n’a pas dit son dernier mot. Le 12 janvier dernier, Sarah-Jeanne a appris que des taches étaient apparues sur un poumon.

«Ce sont des métastases. Je ne sais pas si je vais survivre à ça. J’ai passé dernièrement des prises de sang pour savoir si je pourrai être admissible à un traitement expérimental. Je suis en attente. Si je peux l’avoir, ça va me donner beaucoup d’espoir. Dans le cas contraire, le scénario sera un peu triste», laisse-t-elle tomber.

Malgré l’attente et l’incertitude, Sarah-Jeanne tente de profiter pleinement de chacune de ses journées.

«Chaque jour qu’on passe ensemble depuis cet été, on essaie de faire des choses qui nous rendent davantage positifs ou qui nous font du bien», résume son amoureux, qui veille sur elle, tout comme ses proches.

Une campagne de type GoFundMe a été lancée pour supporter financièrement Sarah-Jeanne Noël dans son épreuve. On peut consulter la page en cliquant sur ce lien.

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