PROCÈS. La sœur de l’accusé, Vanessa Ferland, a témoigné avec émotion l’horreur d’avoir perdu sa mère qui «ne méritait pas de mourir de cette façon».
Cette femme reste traumatisée par la vue des éclaboussures de sang sur les murs. «Il y avait aussi une flaque de sang où son corps a été retrouvé. J’ai nettoyé ce sang moi-même. C’était une scène de crime horrible à regarder. Je voyais sans cesse les derniers instants de douleurs et de violence», a-t-elle témoigné.
Mme Ferland a parlé de deux agressions au couteau qu’elle a subies, durant sa jeunesse, par son frère. Celui-ci aurait aussi attaqué son père et sa mère durant ses «rages psychotiques».
«Mon frère est obsédé par les armes et les couteaux depuis longtemps», a-t-elle ajouté.
Elle aurait souhaité qu’il soit condamné pour ce qu’il a fait. «Je sais qu’il est violent et qu’il n’a sûrement pas changé. J’ai très peur de le savoir en société (…) Chaque fois qu’il a un problème avec la justice, il s’en sort à cause de la maladie mentale. Pour moi, c’est comme s’il n’y a pas de justice pour ma mère. Comme si elle est morte pour rien. (…) La victime, c’est ma mère et non mon frère», a dit celle qui vit beaucoup de colère et d’impuissance face à la situation.
Déchiré
Le frère de la victime, François Desjardins, a décrit comment les proches vivent du chagrin et de la rage depuis le meurtre. «Quelle tristesse que ma sœur soit décédée de la main de son fils malade pour qui elle avait un amour inconditionnel», a-t-il exprimé au Tribunal.
Tous sont inquiets de revoir un jour Jean-Luc en liberté. «Nous sommes déchirés d’avoir justice, à la conséquence des actes commis, et la réalité des troubles mentaux de Jean-Luc», a-t-il poursuivi.
Selon lui, l’accusé possède un haut risque de récidive, n’ayant jamais réussi à maîtriser ses impulsions face au rejet et à la méchanceté qu’il a subis en société. Il n’a jamais eu de discipline non plus dans sa prise de médication. «Le mieux pour lui est de rester en institution», croit-il.
Ferland demande pardon
Lors de son procès, l’accusé s’est excusé à la famille, à l’ex-conjoint de la victime, Steve Girard, et à la société.
«Je suis plein de remords. Je suis désolé d’avoir cessé mon traitement et mon suivi psychiatrique. Je vous demande pardon. Je fais du gros travail sur moi grâce à des thérapies», a exprimé celui qui dit pleurer tous les jours.
L’accusé a parlé des deux thérapies qu’il a faites sur la gestion du stress et l’estime de soi à l’Institut Pinel. D’autres sont à venir sur la gestion de la colère, les voix qu’il entend, etc.
«J’ai vécu beaucoup d’intimidation. Comme François [Desjardins] l’a dit, la société m’a beaucoup rejeté. Ça a créé beaucoup de traumatisme. Moi aussi on a essayé de me tuer à plusieurs reprises», a-t-il ajouté.
Son avocate, Me Catherine-Valérie Levasseur, l’a invité à se concentrer sur les conséquences de son crime.
«Je promets de continuer mes thérapies. Je promets de m’améliorer. Vous ne me reverrez jamais devant une cour de justice. Je vous en passe un papier», a conclu l’homme de 34 ans.
En vertu de la protection du public, la Couronne a insisté pour assurer un degré de surveillance élevé de l’accusé. En plus de plusieurs conditions, le juge Longpré a ordonné que M. Ferland soit détenu à l’Institut Pinel et qu’il subisse une évaluation psychiatrique, idéalement d’ici 30 jours par la Dre France Proulx. Il a ordonné que M. Ferland demeure sous garde en tout temps et a reporté le dossier au Tribunal au 15 mars à 14 h.
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