RECYCLAGE. Le centre de tri Récupération Centre-du-Québec voit d’un bon œil l’élargissement de la consigne, dont le projet de règlement a été dévoilé il y a quelques jours par le gouvernement du Québec.
D’entrée de jeu, cette réforme prévoit que la consigne actuelle soit élargie aux contenants de boissons prêtes-à-boire de 100 millilitres à 2 litres inclusivement, qu’ils soient en plastique, en verre ou en métal. Les contenants faits de multicouches seront quant à eux soumis à la consigne deux ans après le déploiement du système.
Jusqu’à ce jour, Récupéraction Centre-du-Québec trie encore une certaine quantité de contenants consignés mensuellement.
«Les contenants consignés, en théorie, doivent être rapportés dans une épicerie ou un dépanneur. Beaucoup ne le font pas et, par réflexe, les mettent dans leur bac vert. Ils atterrissent donc ici, ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle en soi. En fait, quand on reçoit ces contenants, on les récupère selon les normes, mais au moment où on vend ce matériel, en plus de récupérer la valeur du plastique on reçoit le montant de la consigne. Or, d’un bord comme de l’autre, le contenant va finir par se rendre chez un recycleur et le décompte se fera quand même par Boissons gazeuses environnement qui gère la consigne», fait valoir Nancy Doyon, directrice du développement chez Récupéraction Centre-du-Québec.
Avec la modernisation de la consigne, le gouvernement prévoit que le montant supplémentaire que pourront récupérer les citoyens sera un incitatif pour améliorer le taux de récupération. D’après les informations de Recyc-Québec, le montant de la consigne sera uniformisé à 0,10 $ pour tous les produits visés, à l’exception des vins et spiritueux, dont le montant s’établira à 0,25 $. Ceci afin de simplifier le fonctionnement du système et sa compréhension par les consommateurs.
Si Récupéraction entrevoit une baisse de tonnage de contenants de plastique dans les prochaines années entre ses murs, l’organisme n’envisage toutefois pas d’impact financier important.
«On va certainement avoir un peu moins de matériel à trier, pas énorme, car le plastique représente environ 6 ou 7 % de la collecte sélective, par contre, je suis sûre qu’il y aura une proportion de gens qui ne consigneront pas plus pour diverses raisons et qui continueront à mettre leurs contenants dans le bac vert. Ainsi, on se retrouvera avec une quantité supplémentaire de contenants consignés étant donné l’élargissement. En d’autres mots, on aura moins de tonnage, mais il sera plus payant. En tant que centre de tri, on facture à l’entrée des camions; ça coûte tant la tonne pour trier les matières. Évidemment, on va avoir un peu moins d’argent à l’entrée, parce que le tonnage de contenants de plastique sera un peu réduit, mais à la sortie, on va gagner la consigne. D’un autre côté, ça va certainement améliorer le réflexe de plusieurs personnes à récupérer davantage. On va attendre de voir ce que ça va donner réellement, mais je n’ai pas l’impression qu’il y aura un impact financier important, il sera plutôt probablement positif. Bref, au niveau de l’environnement, il va certainement y avoir un gain. En tout cas, j’ose espérer, c’est l’un des objectifs», explique Mme Doyon.
Bon an mal an, Récupération Centre-du-Québec traite entre 25 000 et 30 000 tonnes métriques de matières recyclables.
Annoncé en janvier 2020, le déploiement du nouveau système de consigne est dorénavant prévu au printemps 2023.
Notons qu’en modernisant le système de consigne, le gouvernement répond à l’une des préoccupations exposées tout récemment par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) dans son rapport sur l’état des lieux et la gestion des résidus ultimes, puisque la consigne modernisée permettra d’éviter l’enfouissement de plus de 50 500 tonnes de matières chaque année à partir de 2030.
Optimisation
En tant qu’organisme sans but lucratif, Récupéraction Centre-du-Québec doit réinvestir chaque dollar gagné, que ce soit dans les salaires, travaux d’agrandissement ou encore, l’achat d’équipements. D’ailleurs, l’entreprise qui est située sur la rue Saint-Roch à Drummondville vient tout juste d’acquérir trois convoyeurs ainsi qu’une deuxième presse au coût total de 850 000 $.
«Auparavant, avec une seule presse, certains employés devaient commencer plus tôt et d’autres terminer plus tard que le quart de travail normal, parce que nous avions beaucoup de mise en ballots à faire étant donné que notre production va très bien. Cela nous permet donc maintenant de tout mettre en ballots sur le quart de travail de jour», explique la directrice du développement.
Cet investissement n’a pas créé de nouveaux emplois.
Les matières triées et transformées en ballots sont ensuite revendues à des entreprises québécoises et sur le marché de l’exportation afin d’être revalorisées.
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