La résilience de jeunes entrepreneurs

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Par Louis-Philippe Samson
La résilience de jeunes entrepreneurs
Olivier Liberge de Ozero Solutions, Camille Boisselle de la clinique Skinpure et Frédéric Lamothe de Flamobile RNR. (Photo : Gracieuseté, montage : Ghyslain Bergeron)

ENTREPRENEURIAT. Ils ont lancé leur entreprise dans des conditions plus qu’inhabituelles et relevé plusieurs défis en cours de route. Aujourd’hui, ces expériences leur ont permis de devenir de meilleurs entrepreneurs. Coup d’œil sur trois jeunes entreprises de la région qui ont su tirer leur épingle du jeu.

Camille Boisselle a lancé la clinique Skinpure en septembre 2020 à Drummondville. Ayant auparavant travaillé dans le département des ressources humaines d’une grande entreprise pendant plus de quatre ans, la jeune femme de 27 ans a pris la décision de se réorienter à la suite de restructurations chez son employeur.

«J’ai toujours eu la fibre entrepreneuriale, mais, dans mon esprit, c’était inaccessible. J’étais jeune et je n’avais pas les fonds nécessaires, alors ce n’était pas une option que j’avais considérée. Il y a eu un élément déclencheur dans mon emploi en ressources humaines qui m’a poussé à me lancer en affaires. Je n’ai rien pris pour acquis, j’ai rédigé mon plan d’affaires et je me suis aperçue que je prenais plaisir à le faire. J’ai réalisé que l’entrepreneuriat était plus fait pour moi que je ne l’imaginais», a raconté Mme Boisselle.

Le Drummondvillois Olivier Liberge s’est associé à trois camarades du baccalauréat en génie mécanique de l’Université de Sherbrooke pour fonder Ozero Solutions en décembre 2020. Offrant un service de nettoyage de conduites de bateau pour éviter le déplacement d’espèces envahissantes, comme le myriophylle à épis, entre les étendues d’eau, le groupe voulait lancer un projet qui rejoignait leurs valeurs sociales et environnementales.

«Au départ, c’était notre projet de fin de bac, mais notre côté entrepreneurial nous a incités à aller plus loin pour en faire un projet durable. Pour nous aider, on a fait appel à l’Accélérateur de création d’entreprises technologiques qui nous a supporté dans les sphères de la commercialisation, comptabilité, financement, ventes et propriété intellectuelle», a fait savoir M. Liberge.

Frédéric Lamothe a incorporé son entreprise Flamobile RNR en 2019. De son propre aveu, il dit ne pas venir d’un milieu entrepreneurial. Se décrivant comme un grand travaillant, ce Drummondvillois d’adoption a décidé de travailler pour lui-même et devenir maître d’un projet.

«J’ai incorporé Flamobile en 2019. Le but était de faire la conception, l’assemblage et la vente de mini-roulottes. J’ai préparé le projet pendant un an avec l’aide d’un concepteur. Lorsqu’est venu le temps de commercialiser et de nous faire voir dans les salons d’expositions, la COVID est arrivée», a raconté M. Lamothe, qui est ingénieur industriel de formation.

Difficultés pandémiques

Olivier Liberge et ses associés ont bien connu les problèmes d’approvisionnement pour des pièces d’équipement. Leur entreprise, située dans le complexe Denim de Canimex, a dû prendre certains risques dans ce contexte.

«On a pris le risque de commander des remorques, qui accueillent le système qu’on propose à nos clients, sans savoir si on avait les clients pour les acheter. Le risque a payé parce qu’il y a eu des clients. Avec les délais de livraison incertains, on n’aurait pas pu livrer notre produit à temps sans ça. Tout ça nous a forcés à optimiser nos systèmes et à questionner nos priorités comme entreprise», a raconté le Drummondvillois de 25 ans.

Éprouvant aussi des problèmes d’approvisionnement, Frédéric Lamothe a pris la décision de diversifier ses activités afin survivre dans ces conditions. «J’avais besoin d’un bon support financier pour soutenir mon inventaire. Avec un ami, qui m’avait aidé à valider la conformité de mes roulottes, on a exploré l’idée de la vente en ligne de produits de plein air. Sans qu’on s’y attende, ça s’est mis à bien fonctionner. J’ai mis le projet des mini-roulottes de côté pour me concentrer à la vente en ligne. J’ai donc réaligné tous mes projets vers la vente en ligne puisque la pandémie pouvait encore durer un certain temps», a affirmé l’entrepreneur de 33 ans.

Évoluant aujourd’hui dans le domaine des soins personnels, Camille Boiselle n’a connu que la vie en temps de pandémie en tant qu’entrepreneure. Cependant, d’autres défis sont rapidement apparus.

«J’ai peut-être eu plus de facilité à m’adapter que certaines autres entreprises parce que j’ai toujours eu à fonctionner avec les restrictions. Ce n’était pas comme une entreprise qui existe depuis longtemps et qui a dû changer ses façons de faire et investir des fonds supplémentaires. Aujourd’hui, ça va très bien, mais ça n’a pas été facile. Notre force est notre utilisation des réseaux sociaux. On ne pouvait pas bâtir notre clientèle de façon traditionnelle. C’est là que notre présence en ligne nous a été bénéfique», a dit l’entrepreneure.

Apprendre des épreuves

La capacité d’adaptation a été un élément clé de la réussite entrepreneuriale de Frédéric Lamothe. «Ça a été de s’adapter à la situation et de mettre nos efforts sur ce qui va bien. Je ne sais pas si ce que j’ai vécu depuis que j’ai lancé mon entreprise a fait de moi un meilleur entrepreneur, mais ça a fait de moi quelqu’un qui est capable de s’adapter et de ne pas simplement suivre le processus qu’on pourrait dire standard», a énoncé Frédéric Lamothe.

Quant à elle, Camille Boisselle affirme que ses débuts entrepreneuriaux l’ont forcée à toujours s’améliorer et à apprendre de ses erreurs. Malgré tout, elle ne reviendrait pas en arrière pour changer quoi que ce soit. «Il ne faut jamais se décourager. Ça n’a pas toujours été rose. Il a fallu travailler très fort et y mettre plusieurs heures. Autant cela représente beaucoup de travail, je n’ai jamais autant été épanouie et satisfaite d’un point de vue professionnel», a témoigné celle qui compte aujourd’hui sur une équipe de quatre personnes derrière elle.

Chez Ozero Solutions, Olivier Liberge confirme l’importance, pour une jeune entreprise comme la leur, de créer des partenariats forts pour obtenir un coup de main en cas d’imprévus. D’un point de vue global, ils considèrent que cette première année en affaire a été une grande source d’expérience.

«On a vécu certaines épreuves tôt dans notre existence. Pour la suite de notre parcours, on conserve l’esprit ouvert à ces problématiques. Il y a un côté positif à ce que ça soit arrivé lors de notre première année. On a appris de ces embuches et on pourra prévoir les prochaines embuches qui vont potentiellement arriver», a indiqué M. Liberge.

Même après être passé à travers ces épreuves, les trois jeunes entrepreneurs sont tous d’accord sur une chose : ils n’hésiteraient pas à se lancer de nouveau dans cette aventure. Il ne faut pas avoir peur de se lancer selon eux.

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