Le Drummondvillois qui explorait l’Arctique

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Par Louis-Philippe Samson
Le Drummondvillois qui explorait l’Arctique
Le géographe drummondvillois a passé de nombreuses journées à travers des paysages comme celui de Devon Island au Nunavut durant ses expéditions en voilier. (Photo : Gracieuseté)

L’EXPRESS MAGAZINE. Un simple hasard peut changer une vie. C’est ce qui est arrivé à Gabriel Joyal. Alors qu’il visitait le Salon national de l’éducation de Montréal, il y a une douzaine d’années, le jeune Drummondvillois a eu un échange qui a orienté la suite de son parcours.

À la fin de son secondaire, Gabriel Joyal savait qu’il voulait travailler dans le milieu de l’environnement, mais sans plus de précision. Il s’était rendu au salon de l’éducation afin de trouver une voie dans laquelle poursuivre ses études à l’université.

Le voilier Vagabond, emprunté par Gabriel Joyal, dans le secteur de Grise Fiord au Nunavut. (Photo : Gracieuseté)

«C’est quelqu’un de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) qui m’a accroché et qui m’a demandé ce que je voulais faire dans la vie. Lui, il était en géographie et il m’a dit “la géographie : c’est fait pour toi”. Je n’ai même pas regardé si le programme se donnait ailleurs au Québec. J’ai dit à mes parents que je m’en allais étudier la géographie à Rimouski. Ça a été un hasard qui a vraiment bien tourné parce que c’est de là que tout est parti. C’est à ce moment que j’ai appris que ce que j’avais dans ma tête, mais que j’étais incapable d’exprimer, pouvait devenir un métier», raconte celui qui a gradué de l’UQAR en 2012. Il possède aussi une maîtrise en géomorphologie marine et cotière de l’Université Laval.

Mers inexplorées

Quelques années plus tard, alors qu’il était à l’emploi du Centre de géomatique du Québec à Chicoutimi, Gabriel a pu bâtir ses propres projets de recherche. Grâce à l’un d’eux, il s’est retrouvé sur un voilier à cartographier les fonds marins de l’Arctique avec une équipe de l’Université de l’Alberta lors des étés 2019 et 2020.

Gabriel Joyal préparant le sonar sur le voilier en Arctique. (Photo : Eric Brossier)

«On a nolisé un voilier pour faire de la recherche. On y a installé un sonar pour cartographier des fjords dans l’Arctique. On était deux chercheurs. Je m’occupais du côté géomorphologie, soit d’observer la topographie du fond de la mer pour aider mon collègue qui est modélisateur des courants océaniques. Dans l’Arctique, il y a plusieurs zones où on ne connaît aucunement les fonds marins. On dit souvent à la blague que l’on connaît mieux la surface de Mars que le fond de nos océans», expose le géographe de 32 ans.

Ce qui rend Gabriel Joyal fier, ce n’est pas un seul événement, mais plutôt l’ensemble de ce qu’il a découvert lors de ses expéditions dans le Nord canadien. «Chaque fois, on cartographiait des places qui ne l’avaient jamais été. Il y a un côté utile à ça aussi, parce qu’avec la fonte des glaces dans l’Arctique, le passage du Nord-Ouest va devenir un raccourci entre les marchés européens et l’Asie. Le Canada se doit de faire les cartes marines qui vont assurer la navigation sécuritaire dans les eaux arctiques. C’est cette contribution qui me rend le plus heureux», témoigne-t-il.

Nouveaux défis

Aujourd’hui à l’emploi de la Garde côtière canadienne, Gabriel Joyal découvre un autre côté de sa profession. Il est passé d’un milieu plus académique de recherche à un milieu très opérationnel. Son travail est de produire les avis de hauts fonds dans le fleuve Saint-Laurent entre Québec et Montréal pour que les navires de marchandises puissent y circuler de façon sécuritaire. Ses connaissances acquises durant ses années de recherches lui permettent de proposer des pistes pour améliorer les transports maritimes.

L’Île d’Ellesmere, la plus au nord du Canada, l’explorateur a pu observer des morses dans leur milieu naturel. (Photo : Gracieuseté)

Le Drummondvillois caresse toujours le rêve de retourner explorer l’Arctique si la bonne occasion se présente. Lors de son embauche à la Garde côtière, il avoue qu’il connaissait mieux les eaux de l’Arctique que celles du Saint-Laurent sur lesquelles il devait travailler tous les jours. «Je n’avais jamais fait Montréal-Québec en bateau, mais j’ai fait le passage du Nord-Ouest deux fois. C’est dans cette optique que j’ai voulu aller découvrir un autre territoire qui est plus près de chez moi et qui est une dynamique complètement différente. J’étends mon horizon de géographe», explique-t-il.

Au-delà des accomplissements professionnels, Gabriel Joyal détaille les expériences humaines qu’il a connues dans le Nord. Il a pu observer de près des ours polaires, des morses et même des narvals dans leur milieu naturel. Il a aussi pu découvrir la culture des peuples qui habitent les communautés les plus nordiques du Canada.

Gabriel Joyal photographié à Banks Island dans les Territoires du Nord-Ouest, en 2015, lors d’une expédition. (Photo : Gracieuseté)
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