Fascinants hôtels à insectes

Fascinants hôtels à insectes
Propriétaire de l’atelier Zabie situé à Ayer’s Cliff, Isabelle Bérubé se spécialise dans la fabrication d'hôtels à insectes. (Photo : gracieuseté)

MAGAZINE. La sauvegarde de la biodiversité, ça commence dans votre jardin. C’est en adoptant cette manière de voir les choses que l’installation d’un hôtel à insectes prend tout son sens.

Le phénomène est largement documenté. Au cours des dernières années, le manque d’insectes pollinisateurs est devenu de plus en plus perceptible, suscitant l’inquiétude dans le monde entier. Des facteurs reliés aux activités humaines seraient en causes.

C’est dans l’optique de favoriser la pollinisation que deux artisanes québécoises consultées par L’Express Magazine ont choisi de créer des hôtels à insectes. Ces installations fabriquées à la main peuvent accueillir deux types d’insectes volants : les pollinisateurs et les auxiliaires.

Ces installations fabriquées à la main peuvent accueillir deux types d’insectes volants : les pollinisateurs et les auxiliaires. (Photo gracieuseté)

Parmi la première catégorie, on retrouve les abeilles solitaires, d’importantes pollinisatrices qui recherchent les jardins fleuris comme les potagers. On en compte plus de 350 variétés au Québec. Contrairement aux abeilles domestiques, leurs consœurs solitaires ne fabriquent pas de miel.

«Ce sont des abeilles un peu méconnues, mais qui sont vraiment importantes. Leur but dans la vie, c’est de polliniser pour nourrir leurs œufs et assurer leur progéniture. En installant un hôtel à insectes, on s’assure d’avoir une pollinisation de nos fruits et de nos légumes. Toutes les plantes indigènes sont aussi fertilisées par ces abeilles. Elles pollinisent dans un rayon d’environ 250 mètres», explique Isabelle Bérubé, propriétaire de l’atelier Zabie situé à Ayer’s Cliff.

En installant un hôtel à insectes au printemps, en plaçant idéalement la face vers le sud-est, il est possible d’obtenir un bon taux de remplissage. Et c’est là que la magie de la nature opère…

«Je dis toujours qu’on va créer la vie! L’abeille va rentrer dans la cavité pour y pondre un œuf, puis mettre du pollen. Elle va faire une petite porte avec de la salive et de la terre jusqu’à la sortie du trou. On sait que ça a fonctionné quand le trou est bouché. Tout l’hiver, les insectes vont rester en forme de cocon. Au printemps, ces nouvelles abeilles-là vont ressortir de l’hôtel. Même durant l’été, de nouvelles abeilles en ressortent. Chacune d’entre elles vit entre trois et cinq semaines», détaille Isabelle Bérubé, en précisant que l’abeille solitaire n’est pas agressive envers l’humain.

Insectes auxiliaires

Outre les abeilles, les hôtels à insectes peuvent aussi accueillir des coccinelles ou des chrysopes. Ces derniers sont d’excellents mangeurs d’insectes nuisibles tels que les pucerons. «Si on veut avoir un jardin de façon biologique, sans utiliser d’insecticides ni de pesticides, les insectes auxiliaires sont essentiels. Ce sont eux qui vont aller manger les pucerons. C’est comme si on faisait travailler la nature pour nous.»

Isabelle Bérubé dans son atelier. (Photo gracieuseté)

Se décrivant comme une véritable passionnée de la nature, Isabelle Bérubé offre également des formations pour apprendre au public comment fabriquer un hôtel à insectes. «J’ai toujours eu l’environnement et la santé des gens à cœur, raconte la mère de trois enfants. Je suis aussi très manuelle. Quand j’ai constaté que les hôtels à insectes vendus dans les grandes surfaces venaient de la Chine ou de l’Europe, j’ai décidé d’en fabriquer moi-même.»

L’artisane utilise du cèdre pour fabriquer l’extérieur de ses hôtels. «À l’intérieur, il y a plusieurs possibilités. On peut mettre des bûches, des branches de sureau, de bambou ou de saule, des petites cocottes ou des pommes de pin», informe celle dont les œuvres sont disponibles à l’Atelier québécois.

«Évidemment, si on ne leur offre pas d’abri, les insectes vont s’installer dans la nature. Mais avec toute la déforestation, il y a de moins en moins de bois mort par terre. En leur offrant un abri, on s’assure de créer d’autres abeilles pour maximiser la pollinisation.»

Ces dernières années, la popularité du jardinage, et des hôtels à insectes par la bande, a d’ailleurs grimpé en flèche au Québec. «Et c’est tant mieux! Plus il y en a, mieux la nature va se porter», estime celle qui fabrique aussi des abris à papillons et à chauves-souris.

Se rapprocher de la nature

De son côté, Diane Fontaine a commencé à construire des hôtels à insectes dans ses temps libres après avoir animé des ateliers sur le sujet dans un musée. «Je trouve que tous les insectes ont leur utilité. C’est important de les préserver», explique l’ancienne apicultrice.

Pour fabriquer ses hôtels, dont les fonctions sont tant écologiques qu’artistiques, Diane Fontaine utilise des matériaux naturels ou recyclés. La partie externe est composée de bois de grange. «Avec les différentes sections, on cherche à attirer plusieurs types d’insectes. Par exemple, j’utilise des petits pots pour attirer un certain type de guêpes. J’utilise aussi des morceaux de bouleaux dans lesquels je fais des trous, de la paille, des écorces de bois ou des cocottes.»

Des hôtels à insectes fabriqués par Diane Fontaine. (Photo gracieuseté)

Aussi fascinants soient-ils, les hôtels à insectes ne parviennent pas toujours à attirer de petits locataires. «À la campagne, les endroits pour bien se développer sont très nombreux. Les insectes ont plusieurs habitats naturels devant eux. Ils n’ont pas besoin d’aller loin. Je pense qu’ils préfèrent la nature, du moins en campagne», évalue celle qui réside à Saint-Aimé.

C’est pour cette raison que Diane Fontaine suggère aux amoureux de la nature de ne pas se limiter à installer un hôtel à insectes dans leur coin jardin. «Ça peut aider, mais ce n’est pas assez. Si vous voulez vraiment attirer des insectes pollinisateurs, soyez le plus proche possible de la nature. Faites un potager. Surtout, n’utilisez pas de pesticides. Plantez des plantes indigènes, plantez des arbres. Attirez les oiseaux. C’est comme un tout», conclut la passionnée de l’écologie.

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