AFFAIRES. Dans le monde du sport comme dans celui des affaires, Fabrice Cormier fait sa place à sa manière.
Après avoir fait son nom comme boxeur amateur, le Drummondvillois de 25 ans s’apprête à lancer sa propre compagnie de vêtements éthiques et écologiques. Son entreprise Héppie proposera des chandails faits en coton biologique local et teints de façon naturelle avec des végétaux.
C’est après avoir visionné le documentaire The True Cost, qui jette un regard sombre sur l’industrie mondiale du vêtement, que Fabrice Cormier a eu l’idée de lancer ce projet. Ce film se penche notamment sur les piètres conditions des travailleurs dans les pays en développement ainsi que sur les conséquences de la mode éphémère pour l’environnement.
«C’est vraiment ce documentaire qui m’a conscientisé, raconte Fabrice Cormier. Je me suis rendu compte que l’industrie du vêtement a plusieurs impacts désastreux sur l’environnement et la santé des gens. La teinture chimique, ça consomme beaucoup d’eau. De plus, les gens tombent malades en buvant de l’eau polluée par ces produits.»
Par l’entremise de ses vêtements tissés au Québec et teints naturellement, le jeune entrepreneur souhaite offrir une option écoresponsable à ses futurs clients.
«Ma ligne directrice, c’est vraiment l’écologie. Mettre un logo sur un chandail, tout le monde peut le faire. Moi, je veux le faire de façon écologique. Je propose une solution aux gens qui veulent faire une différence. Tu n’es pas obligé de t’habiller au complet avec ces vêtements, mais tu as le choix de le faire.»
Suivant un procédé artisanal, Fabrice Cormier teint ses chandails avec des végétaux. Il utilise des racines, des écorces ou des noix, notamment de la rhubarbe, de la gaude, de l’indigo, de la garance et de la broue de noyer.
«Je me suis acheté de gros chaudrons et je fais ça dans ma cuisine, raconte-t-il. Mes végétaux proviennent d’un herboriste québécois. Ce sont des produits sans herbicides, sans pesticides ni insecticides. Même la sérigraphie pour imprimer sur le chandail, c’est une sérigraphie à l’eau qui vient de Shawinigan», souligne Fabrice Cormier, en précisant que les dessins sur ses chandails ainsi que le logo de sa compagnie ont également été réalisés par des artistes québécois.
Unique et précieuse, chaque pièce de vêtement ainsi fabriquée est vendue entre 45 et 65 dollars. «Avec tout le temps que ça prend pour faire ces chandails, on dirait que je tombe en amour avec eux, lance Fabrice Cormier. Ce que je fais, c’est du haut de gamme. Ça coûte cher, mais tu as la conscience tranquille. Ce n’est pas normal de payer un chandail 15 ou 20 dollars, car les gens qui le font se font vraiment exploiter. Il y a des conséquences à chacun de nos gestes.»
La boxe, une école de vie
Au cours des prochains mois, Fabrice Cormier entend se lancer dans son entreprise à temps plein. Selon la demande observée pour ses premiers chandails, il entend développer d’autres pièces de vêtement dans le futur, notamment avec de la laine.
«Mon but, c’est toutefois d’avoir le moins de produits possible pour réduire notre empreinte écologique. Par exemple, je veux faire des pièces réversibles. L’objectif, c’est d’acheter moins et d’avoir le moins de vêtements possible dans notre garde-robe», fait-il valoir.
Ayant disputé de nombreux combats dans les rangs amateurs, Fabrice Cormier estime que la boxe aura été une véritable école de vie pour lui. Certaines aptitudes développées grâce au sport lui servent dans sa nouvelle passion.
«C’est clair que la persévérance que j’ai acquise à la boxe me sert aujourd’hui. Au début, ça ne fonctionne pas. Tu dois trouver des solutions assez rapidement. Il y a aussi toute la discipline personnelle que j’ai développée. Je ne fais jamais les affaires à moitié. Quand je m’entraîne, je le fais à fond. Quand je m’occupe de ma business, c’est la même chose. Je suis à mes affaires», explique-t-il.
En ce qui concerne l’appellation Héppie, ce nom s’inspire à la fois du style hippie de ses chandails… et du fait qu’ils sont teints dans des chaudrons à maïs.
Fabrice Cormier procédera bientôt au lancement de sa première ligne de chandails et du site web de son entreprise.