L’agronome, le médecin de l’agriculture

L’agronome, le médecin de l’agriculture
Vicky Villiard aime dire qu’elle sait quand ses journées commencent, mais pas quand elles se terminent. (Photo Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Vicky Villiard est agronome. Depuis 21 ans, elle parcourt les champs de la région dans l’objectif d’aider les agriculteurs à améliorer leurs cultures. Son métier étant moins connu du grand public, elle le compare à un médecin de l’agriculture.

L’agronome analyse un champ de la même manière qu’un médecin ausculte un patient. La différence est que le stéthoscope est une pelle et le sarrau devient une paire de bottes. L’agronome inspecte les racines et les plants à la recherche d’insectes indésirables ou de maladies, par exemple. Ensuite, il pose son diagnostic auprès de l’agriculteur en plus de soumettre des actions à poser pour améliorer la situation.

Comme avec le médecin, l’agriculteur fera plus souvent appel à l’agronome lorsqu’il sera inquiet pour la santé de son champ, bien que des rendez-vous de routine sont aussi prévus périodiquement. Son rôle peut aussi être de rassurer l’agriculteur, tel un psychologue. Il offrira également son soutien dans les moments les plus difficiles. Il devient donc important pour lui d’entretenir une bonne relation de confiance avec les agriculteurs.

De plus, l’agronome cherche à proposer aux agriculteurs des façons d’améliorer leurs pratiques pour augmenter le rendement de leur champ. L’agronome se fie aux besoins du producteur pour l’aider à créer l’amélioration.

Une profession méconnue

L’agriculture devient de plus en plus méconnue de la population urbaine, croit Vicky Villiard. À une certaine époque, chaque famille pouvait compter sur la présence d’au moins un agriculteur dans la fratrie. Aujourd’hui, la situation est bien différente alors que les villes ont perdu ce contact avec le milieu.

«C’est un métier qui n’est pas connu. Quand je dis aux gens que je suis agronome, ils ne savent pas ce que c’est. C’est un métier à découvrir parce qu’il est hyper intéressant et valorisant, estime Mme Villiard. Les gestes qu’on pose chaque jour ont un impact très concret au bout de la saison. C’est quelque chose qui nous garde les deux pieds sur terre et qui nous permet de travailler avec des gens différents et d’évoluer sur les plans personnel et professionnel.»

Le travail de l’agronome vise notamment à analyser les plants et leurs racines afin de détecter tous signes inquiétants le plus rapidement possible. (Photo Ghyslain Bergeron)

Derrière chaque agriculteur se cachent des agronomes qui offrent leurs services pour que ceux-ci puissent profiter du meilleur rendement que leurs champs peuvent offrir. Au Québec, le métier d’agronome se divise en six champs d’activités : l’agroéconomie, la production végétale, la production et transformation des aliments, l’agroenvironnement, le génie agroenvironnement et la production animale.

«Dans le métier, on dit, à la blague, que je suis une agronome d’asphalte. Le terme décrit les agronomes qui n’ont pas grandi sur une ferme et qui ont tout appris à l’école. Lorsque j’ai choisi mon programme universitaire, je savais que je voulais travailler dehors et que je voulais être en contact avec les gens. L’agronomie répondait à ces critères», a raconté celle qui évolue surtout en agroenvironnement.

Au Québec, deux établissements d’enseignement supérieur offrent la formation d’agronome. Il s’agit de l’Université Laval, à l’aide d’un baccalauréat de quatre ans, et l’Université McGill grâce à une formation de trois ans. Native de la région de Québec, Vicky Villiard a été formée à l’Université Laval.

En constante évolution

Les agronomes seront présents dans les champs dès que la neige aura fondu jusqu’au retour de celle-ci à la fin de l’automne. Chaque nouvelle saison vient avec ses propres défis. Cependant, certaines tendances peuvent être récurrentes. Par exemple, les changements climatiques ont créé un beau défi aux yeux de Mme Villiard.

«Les saisons changent : l’hiver est moins long, il y a moins de neige et il y a plus de temps de sécheresse. Donc, ça a un impact sur la survie des prairies et des céréales d’automne. À ce moment, ce sont juste de beaux défis qui s’ajoutent. Il y a des choses qui se faisaient, il y a 20 ans, qui, aujourd’hui, ne se font plus. Il y a des modifications dans les pratiques culturales et dans la gestion des cultures. On voit une belle évolution qui continue à être un défi en soi de toujours s’améliorer. Il y a toujours de beaux défis dans le milieu agricole. Ce n’est jamais banal. Ce n’est jamais pareil, c’est un travail qui n’est pas routinier. En 21 ans, je ne peux pas dire que deux saisons ont été pareilles. Il y a toujours du nouveau», commente-t-elle.

Le visage de la profession a lui aussi bien évolué depuis les débuts de Vicky Villiard au tournant du millénaire. Les femmes ont fait leur place dans ce milieu. «Au début de ma carrière, le fait d’être une fille était plus difficile. On vivait dans une mentalité qu’on était des secrétaires ou qu’on suivait quelqu’un de plus compétent que nous. Aujourd’hui, on n’a plus autant à faire notre marque. La majorité des agronomes sont des filles maintenant», témoigne celle qui est à l’emploi du Club Durasol Drummond.

«Il ne faut pas s’arrêter au genre de la personne, mais plutôt à ses connaissances et compétences. Quand tu montres que tu es capable de faire le travail, je pense, qu’automatiquement, la confiance est gagnée», conclut Vicky Villiard.

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