Une saison des sucres en dents de scie

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Par Louis-Philippe Samson
Une saison des sucres en dents de scie
À moins que l’hiver réserve quelques surprises prochainement, le temps des sucres sera plus court et plus hâtif cette année. (Photo : Archives)

ÉRABLE. L’année 2021 n’aura pas été de tout repos pour les producteurs acéricoles de la région. Déjà que les cabanes à sucre n’ont pas pu accueillir de clients dans leur salle à manger, les arbres ont peu produit d’eau d’érable nécessaire à la fabrication du délicieux sirop. Une partie de la saison a pu néanmoins être sauvée grâce aux repas servis en livraison ou pour emporter.

Copropriétaire de l’Érablière La Pente Douce à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, Claudia Jutras a produit 50% moins qu’habituellement. «À tous les cinq ans, environ, il y a une mauvaise année à mon expérience. D’autres ont dit que c’était causé par l’été dernier qui a été très sec. Ça dépend des croyances des gens. C’est sûr que s’il a moins plu, il y aura moins d’eau dans l’arbre, ce qui fera moins de sirop», a-t-elle commenté.

Même son de cloche pour la Cabane à sucre Chez Ti-Père du secteur Saint-Nicéphore. «Ça a vraiment été une saison en dents de scie. On a eu de la chance, il y a environ deux semaines, lorsqu’il y a eu une petite vague de froid qui a fait couler les érables, ce qui était inespéré. Cependant, la récolte a été faible cette année. C’est une deuxième année qui a été très impactée par la Covid-19 dans les salles à manger en plus», a fait savoir Keaven Bisson-Audet, copropriétaire de l’établissement qui compte 2 500 entailles.

La période qui permet la récolte de cette eau d’érable a elle aussi été très courte. «Il y a eu beaucoup de chaleur. Malgré qu’on ait eu de belles quantités de coulées, l’eau n’était pas sucrée. Ça a aussi contribué à réduire la quantité de sirop qu’on a pu produire», a poursuivi Mme Jutras, qui exploite 1 500 érables.

Des salles à manger fermées

La Cabane à sucre Chez Ti-Père s’est associée avec Ma cabane à la maison pour offrir des repas de cabane à sucre alors que sa salle de réception n’a pas pu ouvrir. «On se lançait dans le vide avec ce nouveau projet. Finalement, ça s’est avéré un projet qui nous a permis de tirer notre épingle du jeu. On a aussi découvert une nouvelle manière de faire de la cabane à sucre. C’est surtout ça le point positif qu’on retient. Il y a trois ans, j’aurais dit que c’était impossible de complètement faire une cabane à sucre à la maison», a affirmé Keaven Bisson-Audet, qui ajoute que son établissement a servi plus 6 000 personnes grâce à Ma cabane à la maison.

Alors que la salle à manger n’a pas pu accueillir de visiteurs, l’Érablière La Pente Douce a pris l’initiative de se lancer dans la confection de boîtes repas à emporter. Contrairement à la Cabane à sucre Chez Ti-Père, l’établissement de Notre-Dame-du-Bon-Conseil a choisi de proposer ses repas de façon indépendante. «J’ai fait mes clients, des gens que je connaissais qui venait chercher des boîtes repas. C’est une infime partie de ce qu’on peut faire en salle à manger. Ça a représenté de 30% à 40% des revenus habituels. Ça permet de couvrir les frais de chauffage et d’électricité, mais on ne fera pas de positif avec ça», a lancé Claudia Jutras.

De plus, les produits de l’érable, comme la tire ou le beurre d’érable, pour ne nommer que ceux-là, n’ont pas pu être fabriqués en grande quantité. «Il me reste de produits pour un mois peut-être. Après ça, ce sera terminé pour cette année. Dans les dernières années, je pouvais avoir des produits en vente jusqu’au temps des Fêtes facilement et même jusqu’en janvier et février», a dit Mme Jutras.

Malgré une année des plus difficiles, Keaven Bisson-Audet préfère se concentrer des aspects positifs qui en sont ressortis. «On a découvert une nouvelle façon de faire la saison des sucres. C’est cliché, mais ça nous a permis de nous réinventer comme entreprise. De notre côté, nous regardons toutes les options pour que notre boîte des sucres reste l’année prochaine, même si on peut ouvrir notre salle à manger», a proposé M. Bisson-Audet.

Claudia Jutras a aussi mentionné s’inquiéter pour les jeunes producteurs, qui n’ont pas tous eu la chance de bien s’établir avant le début de la pandémie.

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