Éric Maheu bouillonne de créativité

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Par Cynthia Martel
Éric Maheu bouillonne de créativité
Autant la pandémie de la COVID-19 a été un coup dur pour Éric Maheu, autant elle lui a permis de repartir sur une lancée d’écriture et de composition. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Les projets artistiques s’enfilent pour Éric Maheu. L’auteur-compositeur-interprète a repris sa plume au cours des derniers mois et crée plus que jamais. Également bassiste du groupe drummondvillois Kaïn et membre du trio Gueules de bois, sa participation est sollicitée ici et là pour des spectacles adaptés à la pandémie.   

Quelques semaines avant que le Québec ne soit frappé par la COVID-19 en mars 2020, deux projets majeurs devaient se concrétiser pour Éric Maheu : le retour de La Chicane sur disque 11 ans après la sortie du dernier assorti d’une série de spectacles et la tournée 20e anniversaire de Kaïn.

«Nous étions en train de finaliser les petits détails de l’album quand la COVID est arrivée. On a décidé de mettre ça dans le tiroir, car le timing n’était plus parfait. Et on a dû se résigner à mettre de côté et peut-être mettre une croix sur notre tournée des 20 ans avec Kaïn… c’était la plus grosse depuis Nulle part ailleurs. On était booké partout et on se voyait rouler ça jusqu’en Europe», raconte un peu amer le bassiste.

L’arrivée de cette pandémie a été un coup dur pour Éric Maheu.

«Ç’a pété ma balloune et j’éprouvais quelques frustrations au point où j’ai eu un blocage jusqu’à l’été. J’avais le syndrome de la page blanche. Le dernier coup rough d’inspiration, c’est quand j’ai arrêté de boire (en 2015). J’ai tellement eu peur de ne plus être créatif. Mon estime, je n’en avais plus», se souvient-il.

«Ç’a duré jusqu’au jour où j’étais en train de peinturer mon asphalte. Une affaire de p’tit vieux dont je n’aurais jamais pensé faire! rigole-t-il. Je me suis alors dit, c’est assez, j’ai besoin d’un exécutoire autre que le ménage de ma maison! J’ai pris ma pilule de création et c’est reparti!».

Photo Ghyslain Bergeron

Sans plus tarder, le Beauceron d’origine s’est réfugié dans son studio aménagé au sous-sol de sa maison de Saint-Cyrille-de-Wendover. Il a entre autres écrit et composé des pièces pour ses amis Paul Daraîche et Roch Voisine tout en donnant un coup de pouce à des artistes de la relève, comme Jamie-Lee, une ancienne participante à La Voix.

«J’ai décidé que pour créer, je devais m’entourer de gens qui me font confiance. J’ai aussi pondu deux chansons pour Brigitte Boisjoli et signé un album pour le Drummondvillois William L’Heureux, propriétaire et chef du restaurant L’Odika», fait-il savoir.

Il a également profité de ce moment de pause forcé pour réarranger certaines pièces de l’album de La Chicane, maintenant prévu pour l’automne prochain.

«On est également en processus pour peut-être faire une chanson supplémentaire, parce que ça fait un bout qu’il est fait, donc on veut se gâter», indique l’artiste multidisciplinaire heureux de mettre sur disque un travail de collaboration et création plus mature avec ses «bons vieux chums».

«On a fait cet album d’une manière qu’il aurait été impensable dans le temps, dans le sens où on créait souvent chacun de notre côté avec nos têtes folles et egos un peu surdimensionnés du temps pour essayer d’arriver à écrire LA chanson. Il y avait une sorte de compétition intraband. Avec le temps, on a pris un peu de maturité. On a écrit nos tounes autour d’un feu à l’automne 2019, un peu après la tournée des 20 ans qui nous a soudé tout le monde. La magie s’est réinstallée, tout le monde était à l’écoute de tous avec un respect et un langage d’homme», raconte fièrement Éric Maheu.

Parallèlement, durant l’été 2020, l’auteur-compositeur-interprète a réalisé un autre projet, cette fois avec son trio coloré Gueules de bois. Composée également d’Olivier Beaulieu et de Jean-Philippe Audet, cette formation drummondvilloise aux sonorités folk, blues et country s’est lancée dans l’écriture d’un premier album qui comprendra dix chansons à saveur agricole et tout en humour. Celles-ci traiteront entre autres d’agriculture, d’animaux de la ferme et de leur amour pour les mouches noires de Saint-Cyrille-de-Wendover, rien de moins!

«Ç’a été le fun à écrire, car c’est léger. J’avais d’ailleurs besoin de revenir à cette légèreté-là», affirme le musicien.

Photo Ghyslain Bergeron

Les trois acolytes sont d’ailleurs présentement en studio. Ils seront également en spectacle à l’hôtel Plaza de Québec pour une troisième fois, le 18 avril. Le principe est simple : les artistes jouent devant un public bien installé au balcon intérieur de leur chambre durant le souper. Soixante chambres donnent sur la cour intérieure où est érigée la scène.

«C’est vraiment cool et bien organisé. Ça fait différent!», se dit d’avis l’auteur-compositeur-interprète.

Et du côté de Kaïn, le groupe cumule les apparitions virtuellement sur scène et à la télévision pour différents événements. Il a également sorti le 18 février son vidéoclip de la chanson Cœur d’homme tourné l’été dernier. Cette pièce, parue sur le dernier album Je viens d’ici, a été écrite et composée par Éric Maheu au moment où il a appris que son frère, son modèle, était atteint du cancer du côlon. Il est malheureusement décédé en août 2020. Soulignons d’ailleurs que les fonds collectés grâce à la sortie du vidéoclip seront directement versés à la Société de recherche sur le cancer, une initiative de Kaïn.

«Stimuler la créativité» auprès des jeunes

En plus de tous ces projets des plus motivants, Éric Maheu a été sélectionné par le Centre de services scolaire des Chênes parmi des dizaines d’artistes afin d’offrir des ateliers d’écriture à des élèves de 6e année, et ce, dans le but de les ouvrir à la créativité.

«Stimuler la créativité, c’est bien motivant. C’est une affaire que je n’aurais pas pris le temps de faire avant. Ça ouvre d’autres valves ce genre d’activité. Je suis bien fier et bien touché de ça. On va bien s’amuser», expose-t-il.

Voir le positif dans le négatif

Avec du recul, Éric Maheu constate que la pandémie, dans toute la négativité qu’elle peut apporter, a quand même été bénéfique pour lui tout en favorisant une prise de conscience.

«S’il n’y avait pas eu de pandémie, je n’aurais jamais pris d’année sabbatique. Pour moi, j’étais comme Keith Richards : être en tournée, cigarette sur le bord de la gueule, jusqu’à 80 ans! lance-t-il en riant. Ce break m’a fait apprécier ce que j’avais, soit mes enfants, ma famille, ma maison tout en me redonnant confiance et le goût de récrire. L’écriture, quel bon médicament! C’est un bel exutoire que j’avais pris pour acquis et dont je ne me doutais pas à quel point ça pouvait me faire autant de bien», conclut le coloré auteur-compositeur-interprète.

Photo Ghyslain Bergeron
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