Le tour du monde sans fin de Gérard Coderre

Le tour du monde sans fin de Gérard Coderre
Gérard Coderre fait souvent coïncider ses voyages en fonction des fêtes locales, comme la fête du Patrimoine, à Sharjah, aux Émirats arabes unis. (Photo : gracieuseté Gérard Coderre)

MAGAZINE. Quelque 150 pays visités, un million de kilomètres parcourus et huit ans de sa vie sur les routes du globe… Seule une pandémie mondiale a pu freiner le tour du monde sans fin de Gérard Coderre, qui attend impatiemment de pouvoir reprendre son bâton du routard.

À l’âge de 73 ans, Gérard Coderre voyage toujours avec un budget minimum, son sac à dos accroché sur les épaules. Pour cet homme natif de Drummondville, parcourir la planète est un véritable mode de vie, que ce soit en solitaire, avec sa conjointe ou ses enfants. Il considère que voyager est le plus beau cadeau que l’on puisse s’offrir dans la vie.

Gérard Coderre.

«Ça part de mon père, qui s’intéressait beaucoup à l’histoire et à la géographie. Il n’a jamais vraiment voyagé, à part faire le tour de la Gaspésie à répétition. Il faut dire que nous étions une famille nombreuse qui ne roulait pas sur l’or», raconte l’aîné d’une famille de 11 enfants.

C’est en 1972, à l’âge de 24 ans, que Gérard Coderre entreprend le tour du monde en solitaire, une formidable aventure qui durera 27 mois. Son budget : trois dollars par jour.

«Je suis parti avec un gros sac à dos, mais j’ai vite changé pour un petit sac. J’ai fait de l’auto-stop. Rapidement, j’ai arrêté de chercher des hôtels et je me suis mis à dormir à la belle étoile. Je suis devenu un vagabond, mais un vagabond très conscient du privilège qu’il avait de faire le tour du monde», relate celui qui s’est arrêté pour travailler pendant quelques mois en Allemagne et en Australie.

À son retour à Drummondville, le jeune globe-trotteur n’avait plus que 15 dollars dans ses poches. «Aussi bien dire que je recommençais ma vie à zéro. Mais pour moi, voyager était devenu un mode de vie», exprime Gérard Coderre, qui a notamment occupé les métiers de traducteur, enseignant et journaliste au fil des ans.

Une expérience de vie

Depuis ce fameux périple aux quatre coins du globe, Gérard Coderre n’a jamais arrêté de voir du pays. Chaque année, le retraité prépare trois voyages et passe ainsi quatre mois loin de son domicile de Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides.

Rivière Li en Chine. (Photo gracieuseté Gérard Coderre)

«Je suis curieux de nature. J’aime apprendre. Je voyage pour vivre des expériences. Je dors dans des auberges de jeunesse, j’utilise le transport en commun ou je fais de l’auto-stop. C’est un choix que je fais. C’est comme ça qu’on revient avec les meilleurs souvenirs. Ce n’est pas en allant une semaine dans un tout-inclus que tu reviens avec beaucoup de choses à raconter», soutient celui qui a publié un livre et qui prononce des conférences à l’occasion.

Parmi ses coups de cœur les plus mémorables, Gérard Coderre identifie l’Inde, un pays qu’il a visité à trois reprises. Ses virées au Yémen, en Chine, en Jordanie, en Turquie, au Maroc, au Mali, en Égypte, aux États-Unis, en Équateur et au Guatemala occupent également une place de choix dans ses souvenirs.

«Chaque voyage est spécial. Aller au Yémen, c’est comme revenir au Moyen Âge, à l’époque du prophète Mahomet. C’est un voyage hors de ce monde. Chaque voyage a ses particularités. Je suis allé cinq fois au Guatemala, mais c’est toujours une expérience différente.»

D’ailleurs, le grand voyageur fait souvent coïncider ses déplacements en fonction de fêtes locales ou d’événements spéciaux. Ces expériences dans les endroits les plus mythiques de la planète alimentent ses récits, qu’il partage par courriel avec ses amis ou par l’entremise de chroniques dans divers médias.

«Avec ces textes, je fais voyager les gens par procuration… et à peu de frais», souligne ce père de trois enfants et grand-père de cinq petits-enfants.

Un bain de réalité locale

Pour Gérard Coderre, voyager est aussi devenu une façon de s’éloigner de la société de consommation. «Je m’identifie aux gens les plus pauvres et je voyage comme le commun des mortels. Dans chaque pays, je prends un bain de réalité locale. Je n’hésite pas à parler aux gens. Je demeure prudent, mais il faut être prêt à l’imprévu», explique celui dont la mère demeure toujours à Drummondville.

Jour de la tradition des gauchos, à San Antonio de Areco, en Argentine. (Photo gracieuseté Gérard Coderre)

«Dans les pays les plus pauvres, comme en Inde, les gens luttent pour leur survie, mais en tant que touriste, tu luttes aussi pour la tienne. Ils te voient comme un homme qui a réussi, alors ils ont toujours quelque chose à te vendre. Ça peut devenir lourd, mais c’est le prix à payer pour voyager de cette façon.»

Quand la pandémie a éclaté, en mars dernier, Gérard Coderre se trouvait en Nouvelle-Zélande avec sa conjointe. Rentré au pays en catastrophe avant la fermeture des frontières, le couple n’a pas remis les voiles depuis bientôt un an.

«Dans les circonstances actuelles, je n’ai pas envie de voyager. Quand je pars, je veux vivre pleinement cette expérience de liberté. C’est dommage, mais j’attends que la situation se résorbe pour recommencer», explique l’énergique septuagénaire, qui se désennuie grâce à ses passions pour l’artisanat et l’écriture.

Et lorsqu’il reprendra enfin son baluchon, Gérard Coderre le fera avec la même flamme qu’à l’époque. «Chaque fois que je sors de l’avion, je reprends mon tour du monde là où je l’avais laissé à l’âge de 25 ans.»

151 pays visités

– EUROPE (40) : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Irlande, Italie, Islande, Kosovo, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Russie, Saint-Marin, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse et Ukraine.

Église Tsminda Sameba, dans le Caucase, en Géorgie. (Photo gracieuseté Gérard Coderre)

– ASIE (44) : Afghanistan, Arménie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Barhein, Brunei, Cambodge, Chine, Chypre, Corée du Sud, Émirats arabes unis, Inde, Géorgie, Indonésie, Irak, Iran, Israël, Japon, Jordanie, Kazahkstan, Kirghistan, Koweït, Laos, Malaisie, Mongolie, Myanmar, Népal, Oman, Ouzbékistan, Pakistan, Palestine, Philippines, Qatar, Singapour, Sri Lanka, Syrie, Tadjikistan, Taïwan, Thaïlande, Timor oriental, Turkménistan, Turquie, Vietnam et Yémen.

– AFRIQUE (32) : Afrique du Sud, Algérie, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo-Kinshasa, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Ghana, Kenya, Lesotho, Mali, Maroc, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, République centrafricaine, Rwanda, Sénégal, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Togo, Tunisie, Zambie et Zimbabwe.

–  OCÉANIE (4) : Australie, Nouvelle-Zélande, Île de Pâques et Tahiti.

– AMÉRIQUE (32) : Antigua, Argentine, Bélize, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, El Salvador, Équateur, États-Unis, Guatemala, Guyana, Guyane française, Haïti, Honduras, Îles Vierges américaines, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, Porto Rico, République dominicaine, Sainte-Lucie, Saint-Martin, Surinam, Uruguay et Venezuela.

Des événements marquants
Fête des éléphants, à Surin, en Thaïlande. (Photo gracieuseté Gérard Coderre)

Fête des morts au Mexique et au Guatemala, rites mayas au Guatemala, fête du Sang au Pérou, fête de San Jeronimo au Nicaragua, Toussaint au Guatemala, carnaval de Santiago à Cuba, carnaval de Rio au Brésil, Jour de la tradition des gauchos en Argentine, combats de coqs en République dominicaine et aux Philippines, semaine sainte en Équateur, aux Philippines, en Espagne et en Grèce, Mardi gras en Nouvelle-Orléans, fête de la Reine aux Pays-Bas, fête de sainte Agathe en Sicile, carnaval de Venise en Italie, foire des dromadaires en Égypte, Jeux de la Francophonie au Niger, fêtes de Noël et Timkat en Éthiopie, fête du Dasain au Népal, route de la Soie en Ouzbékistan, Nouvel An chinois à Taïwan, fête des éléphants et festival des lanternes en Thaïlande.

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