Dorothée l’Épicurienne, ambassadrice des produits du Québec

Photo de Jean-Pierre Boisvert
Par Jean-Pierre Boisvert
Dorothée l’Épicurienne, ambassadrice des produits du Québec
Dorothée Lessard cultive bien sûr des légumes dans sa cour. (Photo : Jean-Pierre Boisvert)

MAGAZINE. Quand la conversation se termine avec Dorothée l’Épicurienne, de son vrai nom Dorothée Lessard, on a juste le goût d’aller se préparer une bonne bouffe avec les produits de qualité offerts dans la région. Qui sont plus nombreux et moins dispendieux que l’on pense!

C’est qu’elle est curieuse et va fouiner partout cette Drummondvilloise qui clame avec conviction : «Moi je veux que les gens d’ici tombent en amour avec les gens d’ici».

S’inspirant d’Épicure, ce philosophe qui a vécu quelque 300 ans av. J.-C. en nous laissant cette définition d’une personne «qui aime le plaisir et qui s’y connaît», elle a su développer, et ce dès son plus jeune âge, une passion pour la cuisine, un genre d’aficionado de la nourriture et des boissons pourrait-on dire!

«Je ne suis pas une fille compliquée, souligne-t-elle d’entrée de jeu. Je me considère comme une ambassadrice des produits du Québec. Mon désir est de faire découvrir les producteurs québécois pour faire en sorte que monsieur et madame Tout-le-Monde cultivent l’automatisme de mettre ces produits sur leur table tous les jours».

Encore écolière au secondaire, sa mère l’avait chargée de préparer les repas pour son père qu’il emportait au travail. «Ma mère était impressionnée. Elle me disait que je savais marier les saveurs. Moi, je m’amusais», raconte celle qui est originaire de la Beauce. «Mes parents avaient une ferme, mais j’étais très jeune quand ils ont quitté cette région. Cependant, mes tantes et mes oncles étaient toujours des fermiers et très tôt j’ai vu que ces gens-là travaillaient très fort et s’imposaient des sacrifices pour produire cette nourriture dont nous avons tant besoin».

Puis vint la télé

En 2012, elle rencontre Reno Longpré, directeur de NousTV (Cogeco) à Drummondville, à qui elle présente le concept d’une émission qui s’intitulera «Saveurs et plaisirs d’ici». Il accepte et c’est le début d’une diffusion qui durera cinq saisons.

Dorothée Lessard en connait un bout sur les produits d’ici. (Photo gracieuseté Tzara Maud)

«Quand Costco a ouvert son magasin à Drummondville, plusieurs commerçants ont été jetés à terre», se souvient celle qui était bien placée pour le savoir, étant la conjointe du propriétaire de Tigre géant. «Je me disais qu’il fallait aider tous ces petits producteurs qui travaillaient avec acharnement et l’émission allait me permettre de rencontrer ces gens, de mettre en valeur leur savoir-faire et de présenter les défis auxquels ils faisaient face. Je suis fière de ce que m’a permis d’accomplir cette émission».

Dorothée l’Épicurienne a ainsi élargi son cercle de connaissances. Elle peut vous en raconter un bout sur les entreprises du terroir de la région et leurs spécialités. Les serres Hydro-Tourville, le verger Duhaime, la Ferme de la Berceuse, le Bœuf Highland, les Baies de L’Amour, Rose Drummond et le vignoble Domaine des 3 fûts, pour ne citer que celles-là, n’ont plus de secrets pour elle. Selon elle, c’est fou ce qu’on peut découvrir dans un rayon de 25 kilomètres pour bien se nourrir et ce n’est pas nécessairement plus cher que les produits qui proviennent de l’extérieur.

«C’est ce que le Québec fait de mieux, soutient-elle. C’est sans doute un bon côté de la pandémie qui a fait ressortir l’importance de la proximité pour l’achat local. Les gens en étaient conscients avant, mais maintenant ils veulent vraiment savoir ce qui se passe dans leur assiette. Je sais bien que les bananes ne poussent pas par ici, mais quand je vois une entreprise, dans la région de Montréal, qui réussit à cultiver le yuzu (agrume d’origine chinoise), je me dis : un instant, jusqu’où on est capable d’aller? Il n’y a pas de raison au Québec pour qu’on ne soit pas autosuffisant. Nos grands-parents avaient des jardins immenses et en ont montré l’exemple. Je suis assez folle pour penser que tout se peut».

Curieuse, évidemment, Dorothée Lessard est du genre à dénicher un produit aussi particulier que la salaison liquide (Vital) qu’elle a trouvée chez BBQ Labonté. Elle l’utilise pour sa recette de gravlax au saumon (voir ci-dessous).

Des projets? «Oui, de beaux projets s’en viennent. L’un de ceux-là est réalisé avec la collaboration du Musée national de la photographie Desjardins qui, parmi différents forfaits, proposera la boîte à lunch gourmande que j’ai concoctée avec des saveurs d’ici. Entre deux activités, les gens auront la possibilité de manger».

Le 13 mars 2020, tous s’en rappellent, l’économie a été mise sur pause, ce qui a marqué le début du confinement. C’était le jour de son 45e anniversaire de naissance. La «cuisinomane» qu’elle est a saisi le message personnellement et s’est mise à l’œuvre. «Cuisiner c’est ma façon de donner de l’amour et, quand on y pense, les cultivateurs aussi préparent leurs récoltes avec amour. C’est une chaîne de bonheur».

Gravlax de saumon facile à faire

Plonger un filet de saumon frais dans un sac et verser une bouteille de salaison liquide de marque Vital Grill disponible chez BBQ Labonté de Drummondville. Laisser macérer le tout durant 36 heures au réfrigérateur à l’horizontale pour que le liquide imbibe parfaitement la pièce de poisson. Jeter par la suite le liquide et rincer à grande eau froide la pièce de poisson. Éponger et remettre dans une assiette, à découvert, pendant 8 heures. Accompagner le tout de légumes frais locaux et déguster.

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