ANIMAUX. Roxy, la chienne de Norah et Romy Carpentier, se porte bien. La Drummondvilloise Geneviève Duperron, qui a coordonné les recherches pour la retrouver, a pu le constater par elle-même.
Pour remercier ceux qui ont bénévolement aidé à retrouver ce labrador croisé avec un berger allemand, la famille des sœurs Carpentier a organisé un barbecue, samedi dernier. «Malgré les événements récents, c’était léger. Il y a eu des rires, de beaux moments. Roxy allait bien. Son ecchymose à la cuisse droite commence à guérir. C’est spécial, parce que sa blessure a fait une forme de cœur sur sa cuisse», remarque Geneviève Duperron, coordonnatrice en sauvetage animal, spécialisée en mode survie.
La mort de Norah et Romy Carpentier a ébranlé le Québec. Les fillettes ont été enlevées et retrouvées sans vie dans un secteur boisé de Saint-Apollinaire, le 11 juillet, 48 heures après le déclenchement d’une alerte AMBER. Le jour de leurs funérailles, le corps de leur père Martin Carpentier, qui a commis l’irréparable, a été retrouvé. La même journée, la chienne des deux sœurs a fugué.
«J’ai vu l’annonce d’un homme qui disait avoir perdu le chien de ses voisins en le sortant. Il expliquait les signalements qu’il avait eus et j’ai tout de suite vu que le chien était en mode survie. Quand j’ai compris que c’était la chienne de Norah et Romy Carpentier, je me suis dit que ça prendrait de l’ampleur, que tout le monde allait vouloir l’attraper et que ce n’était surtout pas ce qu’il fallait qu’il se passe», raconte Geneviève Duperron, qui est derrière l’initiative Ge cherche Charly.
La Drummondvilloise s’est aussitôt offerte pour coordonner les recherches pour retrouver Roxy. «J’ai vite monté une équipe de bénévoles et d’encadrement. Je savais ce qu’il fallait faire, et surtout, ne pas faire. Un chien en fugue, qui fuit même son propre maître quand il est face à lui, est dans un état d’esprit qu’on appelle le mode survie. Pour le capturer, il y a la méthode passive où le maître est couché au sol et attend que le chien l’approche, ce qui peut prendre plusieurs heures, ou il y a la cage-trappe. Ce sont les deux seules manières de faire, mais il ne faut surtout pas le pourchasser pour ne pas l’effrayer», explique-t-elle.
Le 22 juillet, deux jours après le début de sa fugue, Roxy a été frappée par une voiture. «À ce moment-là, on recherchait un chien potentiellement blessé, peut-être même mort. Il y avait une urgence. J’ai organisé une battue, ce que je ne fais jamais habituellement, parce que c’est de pourchasser l’animal. J’ai fait un appel à tous et une trentaine de bénévoles ont répondu», souligne-t-elle.
Geneviève Duperron s’est rendue sur la rive-sud de Québec à trois reprises pour participer aux recherches. Un chien pisteur a aussi été mis à contribution, mais en vain. Une nouvelle information lui a toutefois mis la puce à l’oreille. Un chien avait été aperçu sur une petite île sur la rivière Chaudière, dans le secteur de Charny. C’était Roxy. «Le lundi précédent, il a plu. La chienne avait été capable de traverser sur les roches avant la pluie, mais elle a peur de l’eau», fait savoir Mme Duperron.
Une cage-trappe a été apportée et installée sur l’île. Après 10 jours de recherches, Roxy a finalement été capturée. Ses retrouvailles auront mis un peu de baume dans cette tragédie, qui a touché le Québec en entier.
La cage de Charly
Geneviève Duperron n’en est pas à sa première expérience. Le premier sauvetage remonte à un peu plus d’un an, lorsque Kelly, un labrador blond, a retrouvé sa famille après 58 jours en cavale. «Au cours de sa fugue, j’ai constaté qu’il y avait beaucoup d’informations et de signalements qui se perdaient et que le maître qui perd son chien n’a pas nécessairement le temps de fouiller sur Internet», remarque la femme de 46 ans.
C’est à ce moment qu’est née l’initiative Ge cherche Charly. Une fois qu’elle a épluché les commentaires et les partages sur les réseaux sociaux, Geneviève Duperron regroupe les informations pertinentes sur l’animal ainsi que les signalements dans une même publication sur sa page Facebook. Elle offre également des conseils sur les techniques et les procédures à suivre.
«Je n’interviens pas vraiment sur un chien qui vient d’être perdu puisque dans 80 % des cas, ils sont retrouvés ou reviennent par eux-mêmes dans les 48 premières heures. Cependant, j’ai créé une liste de choses à faire afin que les démarches soient entreprises de la bonne façon si on a à intervenir, parce que le chien tombe en mode survie», précise celle qui vit avec trois chiens à la maison.
Depuis la disparition de Roxy, dont l’annonce a été partagée plus de 5000 fois sur la page Ge cherche Charly, Geneviève Duperron reçoit l’aide de deux personnes, dont l’ex-Drummondvilloise Lucie Trahan, pour en faire la gestion. Elle compte aussi sur une vingtaine de bénévoles.
«Je ne cacherai pas que je me fais demander du Saguenay aux Laurentides, à partout à travers la province, lance-t-elle. Au Québec, il n’y a rien qui existe présentement pour ce genre de cas. On peut penser que les SPA peuvent s’en occuper, mais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas par mauvaise foi qu’ils ne le font pas, c’est qu’ils n’ont pas les effectifs ni l’argent pour mettre en branle un groupe de bénévoles et pour gérer ça pendant des jours ou des semaines.»
En un peu plus d’un an, Geneviève Duperron a aidé une vingtaine de maîtres à retrouver leur animal en fugue et en mode survie. «Je n’ai jamais perdu de chien, mais la vieille cage à Charly, mon premier chien décédé en 2013, traînait dans mon garage depuis des années. Durant les recherches pour retrouver Kelly, je me suis rendu compte que les cages-trappes pour les chiens de grande taille, c’est rare. J’ai modifié la cage de mon golden retriever et c’est elle qui sert aujourd’hui. C’est un clin d’œil à Charly», conclut-elle.