«Jean-Luc, c’était une bombe à retardement»

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Par Marilyne Demers
«Jean-Luc, c’était une bombe à retardement»
Jean-Luc Ferland a été accusé du meurtre au deuxième degré de sa mère, Suzanne Desjardins. (Photo : Pierre-Olivier Poulin)

MEURTRE. «Jean-Luc, c’était une bombe à retardement». Ce sont les paroles du conjoint de Suzanne Desjardins pour décrire Jean-Luc Ferland, accusé du meurtre au deuxième degré de sa mère. 

«Moi, je le voyais aller, mais ma blonde voulait essayer de l’aider. Elle est morte en voulant l’aider. Les familles qui ont des enfants autistes sont laissées à eux-mêmes après l’âge de 18 ans», indique Steve Girard.

Jean-Luc Ferland bénéficiait des services du Centre de services en déficience intellectuelle Mauricie/Centre-du-Québec. Steve Girard déplore le manque de ressources pour les adultes autistes. «Sa mère se battait pour que des familles puissent avoir accès à de l’aide», soutient-il.

Suzanne Desjardins. (Photo: Facebook)

Suzanne Desjardins devait débuter son stage au programme de formation accélérée pour devenir préposés aux bénéficiaires aujourd’hui même. «Elle avait été sélectionnée, elle avait fait le cours pendant trois semaines. Elle avait acheté son uniforme en fin de semaine. Elle travaillait comme réceptionniste chez Aménagement paysager Lambert. Elle a été massothérapeute pendant 15 ans», fait-il savoir.

Récemment, son fils était emménagé dans le sous-sol de sa résidence de la rue Pinard. «Avec son ex-conjoint, ils ont essayé de lui trouver un appartement à Drummondville. Quand il est venu le temps de signer son bail, il est arrivé en habit d’armée, avec un chapeau rouge et un paquet de couteaux à la taille. Les gens n’ont pas voulu lui louer. Ils ont finalement trouvé une résidence à Victoriaville», raconte-t-il.

«Ma blonde faisait ses cours là-bas. Elle l’a vu. Elle est allée voir sa résidence. Il n’avait rien dans son frigo. Il était dysfonctionnel. Elle a été avec lui acheter des affaires. Elle s’en est occupé», poursuit-il.

Selon Steve Girard, le fils de sa conjointe avait une fascination pour les armes. «Il tripait là-dessus comme un fou. Les armes blanches, les revolvers, les mitraillettes. Il rêvait de devenir militaire. Il connaissait les statistiques de chaque arme. Il était passionné par ça», mentionne-t-il.

Si bien, que l’homme de 32 ans portait une ceinture d’armes à la taille. «C’était son équipement. Il achetait des sabres et des couteaux longs. Il se promenait avec ça, au cas où des personnes voulaient l’attaquer. Il ne voulait pas enlever sa ceinture et ma conjointe essayait de ne pas le contrarier», indique Steve Girard.

En 2015, le trentenaire a été reconnu non criminellement responsable en lien avec des événements de possession d’arme et de méfaits survenus à Varennes, où il résidait.

Rendez-vous manqué
Steve Girard a fait la connaissance de Suzanne Desjardins par l’entremise de son cousin, qui était son instructeur de karaté. Le couple allait célébrer deux ans de vie commune ce vendredi. «Ma conjointe, c’était la femme la plus extraordinaire sur terre. Je dirais qu’il y en a juste une par millénaire comme elle. Cette femme, elle n’aurait fait mal à aucun être vivant», mentionne-t-il.

La dernière fois que Steve Girard a vu sa conjointe, c’était avant la pandémie de COVID-19. Ils voulaient tous deux prendre soin de leurs enfants respectifs avant de se revoir. «C’est un rendez-vous manqué», souffle Steve Girard.

Steve Girard et Suzanne Desjardins. (Photo gracieuseté)

Les amoureux se sont parlé pour la dernière fois ce week-end. «Elle m’a dit que si elle mourait, elle voulait que je dise que les policiers n’ont pas voulu la suivre», relate-t-il.

Dimanche après-midi, Suzanne Desjardins s’est rendue au poste de la Sûreté du Québec de Drummondville pour obtenir l’assistance des policiers. Elle voulait forcer son fils à subir une évaluation psychiatrique.

Les policiers ne pouvant l’assister dans sa demande dans l’immédiat, la femme de 57 ans serait repartie à son travail. Le lendemain, elle a été retrouvée sans vie à son domicile. Le BEI est chargé de l’enquête.

«Elle m’a dit que les policiers ont demandé si Jean-Luc était une nuisance pour lui ou les autres. À ce moment-là, il ne l’avait pas menacé, j’imagine. Elle m’a dit que c’était toujours pareil. Quand tu as un enfant autiste, il faut que tu t’arranges avec tes problèmes», indique Steve Girard.

L’ami de cœur de Suzanne Desjardins s’est rendu sur les lieux du meurtre lundi avant-midi, vers 10 h. «Les policiers étaient en train de mettre les bandeaux rouges. J’avais espoir qu’elle soit encore en vie», confie-t-il.

Le décès de Suzanne Desjardins a été constaté à l’hôpital lundi avant-midi. «Ma blonde va toujours rester vivante dans mon cœur», mentionne Steve Girard.

Jean-Luc Ferland reviendra devant le tribunal le 14 août pour la suite des procédures judiciaires.

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