Les terreaux de Saint-Bonaventure contribuent à la recherche d’un vaccin contre la COVID-19

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Par Jean-Pierre Boisvert
Les terreaux de Saint-Bonaventure contribuent à la recherche d’un vaccin contre la COVID-19
L’entreprise Scotts (Fafard) à Saint-Bonaventure. (Photo : Gracieuseté)

PANDÉMIE. C’est à Saint-Bonaventure, chez Fafard-Scotts, que sont fabriqués les terreaux spécialisés où vont pousser les plantes utilisées dans la recherche que mène la firme québécoise Medicago pour un vaccin contre la COVID-19.

L’usine de la compagnie américaine Scotts, qui a fait l’acquisition de Fafard & Frères en 2014, a dans son livre de recettes plus de 700 concoctions de terreaux qui sont mises au point à la demande de ses clients et l’une de celles-là est destinée à Medicago, une entreprise biopharmaceutique dont la spécialité est de faire croître des protéines pseudo-virales dans des plantes.

«La recette originale du terreau, d’abord mise au point par les chercheurs de Medicago, est ensuite fabriquée par nos agronomes, dans notre unité de recherche et développement, selon des spécifications précises en lien avec les caractéristiques des plantes utilisées. Nous procédons à des analyses et des échantillons sont envoyés à Medicago pour approbation», fait savoir Guy Cantin, directeur de l’usine de Saint-Bonaventure. Ces caractéristiques peuvent concerner par exemple le taux d’humidité, l’alcalinité et le drainage.

«Nous faisons affaire avec un distributeur qui, lui, a Medicago comme client. Il commande un camion rempli de terreaux trois ou quatre fois par année. C’est toujours selon la même recette. Chez nous, ça prend environ quatre heures à la préparer», souligne celui qui dirige une centaine d’employés.

Vers un vaccin contre la COVID-19

La mission de Medicago est d’améliorer la santé dans le monde grâce à ses technologies à base de plantes qui permettent de répondre aux nouveaux problèmes mondiaux en matière de santé. Bien entendu, l’entreprise, dont le siège social est situé à Québec, est sur le cas de la COVID-19. En fait, dès le début du mois de mars, ses chimistes ont produit des particules pseudo-virales du coronavirus seulement 20 jours après avoir obtenu le gène du SARS-CoV-2 et ont rapidement amorcé des essais précliniques. Le 21 mars, Investissement Québec annonçait une subvention de 7 M$ à Medicago dans le but d’accélérer le développement d’un vaccin contre la COVID-19.

L’entreprise débutera des essais cliniques de phase 1 cet été. Par la suite, il est prévu que les essais cliniques de phase 2 commenceront avant la fin de 2020.

La tourbe de sphaigne

Si des compagnies américaines, telles que Scotts, sont intéressées à acquérir des entreprises, comme Fafard, c’est surtout parce qu’on retrouve au nord, et presque pas aux États-Unis, la tourbe de sphaigne, utilisée pour fabriquer des substrats de culture. Sa principale caractéristique est sa grande capacité de retenir l’eau. De plus, elle ne contient pratiquement pas de mauvaises herbes et offre un faible risque de contamination, selon ce qu’explique l’Association des producteurs de sphaigne du Québec.

Les États-Unis importent environ 87 % de la production canadienne, ce qui représente 95 % de leurs importations totales de tourbe de sphaigne.

Il est intéressant de savoir que le processus de formation de la tourbe s’échelonne sur des siècles et consiste en la lente accumulation de débris végétaux partiellement décomposés dans des milieux humides que l’on appelle tourbières. Au Canada, ces milieux humides se sont développés après le dernier recul des glaciers sur des sols mal drainés et des dépressions peu profondes, sous des conditions fraîches, humides et pauvres en oxygène. L’action bactérienne est réduite dans ce type d’environnement, ce qui entraîne un taux de production des plantes qui dépasse le taux de décomposition.

Malheureusement, elle n’est pas exemptée de brûler, comme on l’a vu ces derniers jours à Rivière-Ouelle, dans le Bas-Saint-Laurent.

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