La nouvelle sagesse de Domenic Graham

La nouvelle sagesse de Domenic Graham
Domenic Graham s'est hissé parmi les meilleurs gardiens au pays la saison dernière, dans l'uniforme des Gee Gees de l'Université d'Ottawa. (Photo : Robert Greeley, Gee Gees)

HOCKEY. Il y a une dizaine d’années, une verte recrue de 16 ans faisait une rentrée spectaculaire devant le filet des Voltigeurs. Le nom de Domenic Graham était sur toutes les lèvres, mais en l’espace de trois saisons, l’étoile montante se transforme en héros déchu. Retour sur une chute vertigineuse et un changement de vie salutaire.

Aujourd’hui âgé de 25 ans, Domenic Graham vient de compléter une solide carrière de cinq saisons dans le réseau de hockey universitaire canadien. Aspirant à une carrière chez les professionnels, le jeune homme natif d’Ottawa et ayant grandi en Outaouais entrevoit son avenir avec optimisme.

Après quatre campagnes dans l’uniforme des Lakers de l’Université Nipissing, Graham a complété son stage avec les Gee Gees de l’Université d’Ottawa la saison dernière. Dans la capitale fédérale, le gardien de but a connu sa meilleure saison depuis qu’il avait ébloui les partisans des Voltigeurs en 2010-2011.

«Je possède le même talent qu’à l’époque, mais j’ai pris beaucoup de maturité au fil des ans, tant dans mon jeu qu’à l’extérieur de la patinoire. J’ai plus de stabilité dans ma vie» a expliqué Graham, qui s’est hissé parmi les meilleurs gardiens au pays en vertu d’une moyenne de buts alloués de 2,32 et un pourcentage d’efficacité de 0,914 en saison régulière.

«Je suis toujours aussi agressif devant mon filet, mais je suis plus patient. Je me sers de mon intelligence intuitive. Je ne suis pas le plus gros, mais je suis rapide et je couvre beaucoup d’espace. Je dégage plus de confiance», a ajouté le jeune anglophone, qui s’exprime aussi en français.

Domenic Graham à l’époque où il défendait les couleurs des Voltigeurs. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

En séries éliminatoires, les prouesses de Graham (1,85 et 0,935) ont guidé les Gee Gees jusqu’au championnat universitaire canadien disputé à Halifax. La crise du coronavirus est toutefois venue stopper brutalement les espoirs de l’équipe.

«C’est une fin décevante, mais je prends ça positivement. J’ai appris beaucoup de choses dans la dernière année. Gagne ou perd, j’apprends de chaque situation», a lancé Graham.

Chez les Gee Gees, Graham a renoué avec l’entraîneur-chef Patrick Grandmaître, qui l’a dirigé à l’époque chez l’Intrépide de Gatineau. «Je voue un respect énorme à Pat. C’est un coach incroyable et une personne incroyable. Il me pousse sans cesse vers le niveau supérieur. Il est mon modèle et il fait partie de mon succès», a affirmé Graham.

«Le hockey universitaire, c’est assez différent du hockey junior. Les joueurs sont plus vieux, plus imposants. C’est du jeu plus défensif, plus agressif. Les mises en échec sont nombreuses et percutantes.»

Détenteur d’un diplôme d’études supérieures en gestion de l’information, Graham se dit maintenant prêt à faire le saut dans le hockey professionnel. Approché par quelques équipes de la ECHL l’an dernier, l’athlète de 6 pieds et 176 livres s’intéresse également à l’avenue européenne. «Je suis confiant d’avoir une opportunité d’aller quelque part d’ici le début de la prochaine saison. On verra les offres qui seront disponibles. Patrick a joué en Allemagne et il m’a dit que c’est une expérience de vie incroyable.»

Une leçon de vie

Proclamé recrue défensive de l’année dans la LHJMQ à l’âge de 16 ans, Domenic Graham a livré des performances en dents de scie la saison suivante avant d’être relégué au rang de gardien auxiliaire en 2012-2013, à sa troisième campagne dans l’uniforme des Voltigeurs. Écarté du programme de Hockey Canada, puis ignoré au repêchage de la LNH après avoir été identifié parmi les plus beaux espoirs à sa position, le jeune homme est échangé aux Saguenéens de Chicoutimi… où les choses ne s’arrangent pas.

En 2014, Graham atteint le fond du baril. Invité au camp d’entraînement des Knights de London, en Ontario, le jeune homme de 20 ans décide soudainement de quitter l’équipe.

Domenic Graham allant cueillir le trophée Raymond-Lagacé, le 25 mars 2011, au Centre Marcel-Dionne. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

«J’ai pris une année de congé pour m’éloigner du hockey et pour devenir une meilleure personne. C’était devenu nécessaire. C’est fou à dire, mais sans cette année loin du hockey, je ne serai pas ici pour te parler aujourd’hui», a raconté celui qui a ensuite été recruté par l’Université Nipissing.

Graham identifie un événement survenu lors de son année de repêchage, en 2012-2013, comme point de départ à ses déboires sportifs et personnels. Enfant unique, l’adolescent de 18 ans voit alors ses parents se séparer.

«Ce n’est pas une excuse, mais ça a définitivement affecté mon jeu. Je n’étais pas très mature à l’époque. Mais avec du recul, je peux dire que c’est une très bonne chose que ça me soit arrivé. J’avais même besoin de ça. Ça m’a fait grandir», a-t-il confié.

«J’ai appris beaucoup de choses à travers cet épisode. Je suis devenu plus mature et plus fort mentalement. C’est une leçon de vie qui m’a aidé et qui va encore me servir dans le futur. Je peux mieux faire face à l’adversité.»

À plusieurs reprises durant l’entrevue, Graham a souligné le précieux soutien de ses entraîneurs de l’époque chez les Voltigeurs. L’écoute et les conseils de Mario Duhamel, Frédéric Malette, Olivier Michaud, Louis Robitaille et Dominic Ricard lui ont permis de passer à travers ces moments difficiles. Graham est aussi reconnaissant envers la bienveillance démontrée par ses deux familles de pension à Drummondville, celles de Jean-Patrick Talbot et Sophie Hamel ainsi que Gisèle Denoncourt et Daniel Nadeau.

«Grâce à tous ces gens, je suis devenu qui je suis aujourd’hui. Drummondville, c’est une seconde maison pour moi. Quand j’y suis arrivé à l’âge de 15 ans, j’étais encore un enfant. J’ai grandi dans cette ville», a-t-il fait observer, en s’excusant à plusieurs reprises auprès de l’auteur de ces lignes pour avoir ignoré une demande d’entrevue il y a plusieurs années.

Aujourd’hui, Domenic Graham est devenu un homme. Mais il continue de grandir. «Chaque jour, j’apprends à devenir une meilleure personne, pas juste un meilleur joueur de hockey», conclut l’ex-Voltigeur avec sa nouvelle sagesse.

Âgé de 15 ans, Domenic Graham avait été accueilli par Marc-Olivier Vachon et Sean Couturier lors de son repêchage, en juin 2010, au Centre Marcel-Dionne. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)
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