Quand la musique ravive les souvenirs

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Par Marilyne Demers
Quand la musique ravive les souvenirs
Jacqueline Gagnon et Robert Piau dansent sur les airs de la chanson Le cœur ne vieillit pas. (Photo : Marilyne Demers)

SANTÉ. Claude Labonté se rend quotidiennement au CHSLD Frederick-George-Heriot pour jouer de la musique aux résidents, dont certains sont atteints d’Alzheimer. Muni de son accordéon, il souhaite leur redonner des moments de lucidité, que la maladie leur a volés.

Dans la salle Claude-Brunet, une vingtaine de résidents et leurs proches sont rassemblés autour du bénévole. La scène est magique. Dès que l’accordéoniste pose ses doigts sur le clavier de son instrument, les visages s’illuminent.

Une femme pivote la chaise de son fauteuil roulant de gauche à droite, sur les airs d’accordéon. Sourire aux lèvres, elle agite les mains dans les airs. Près d’elle, ses voisins tapent des pieds et des mains.

Une autre résidente, les yeux fermés, se laisse bercer par la mélodie. Parfois, elle fait bouger ses doigts. «Ma mère est atteinte d’Alzheimer. Quand elle entend la musique, elle réagit, confie sa fille, Josée Nadeau St-Onge. La musique, c’est un remède pour ces personnes.»

Jacqueline Gagnon accompagne son mari avec qui elle partage sa vie depuis 59 ans. Robert Piau a toujours aimé la musique. Encore aujourd’hui, l’homme d’origine française se souvient de La java bleue. «On vient presque tous les jours. Ça nous fait du bien. Ça sort mon mari de son éloignement», observe l’être aimé.

Sur l’air de la chanson Le cœur ne vieillit pas, le couple effectue quelques pas de valse. «Je danse avec mon mari qui n’a jamais dansé de sa vie», lance la femme, sous le doux regard de celui-ci.

Claude Labonté. (Photo: Marilyne Demers)

Si la maladie d’Alzheimer fait perdre la mémoire des événements récents, puis ceux anciens, certains souvenirs restent en tête, tel un air autrefois écouté. «Il y a quelque chose qui se passe quand je joue. Je n’étais pas connaissant de la maladie d’Alzheimer, mais j’ai découvert que les personnes qui en souffrent ont une mémoire pour la musique», constate l’homme de 60 ans.

Claude Labonté est bénévole au CHSLD Frederick-George-Heriot depuis de nombreuses années. Ce n’est toutefois que depuis le printemps dernier qu’il fait profiter de son répertoire aux résidents et ceux qui les entourent. Il profite aussi de cet instant pour discuter avec eux.

«Pour moi, c’est un plaisir de faire ça. Mes parents ont fait du bénévolat et ça fait partie de mes valeurs, indique-t-il. Ma mère, qui est restée à la maison jusqu’à sa mort, avait des troubles cognitifs. J’ai pris soin d’elle. Avec la musique, je l’ai gardée allumée.»

D’ailleurs, la musique a toujours fait partie de sa vie. Déjà, vers l’âge de six ans, le Drummondvillois s’est initié à la trompette après avoir été charmé par les pièces de Louis Armstrong qu’il entendait à la radio. «C’est toute ma vie. C’est une passion», soutient l’homme, qui garde toujours un harmonica dans ses poches.

Grande richesse
Au CHSLD Frederick-George-Heriot, les intervenants remarquent les bienfaits de la musique sur les bénéficiaires. «Il y a des personnes qui ne parlent pas vraiment et quand la musique joue, ils se mettent à chanter toutes les paroles», observe Annie Camirand, chef des services interdisciplinaires et activités bénévoles à l’hébergement Rive-Sud.

«Dans les maisons, les gens chantaient, dansaient et jouaient de la musique. C’est comme si ça fait appel à la mémoire ancienne. Même si certains souffrent d’Alzheimer, ça leur permet de vivre le moment présent, de vivre un moment de plaisir», ajoute-t-elle.

Claude Labonté a souligné le 76e anniversaire de naissance de Lucie Ayotte. (Photo: Marilyne Demers)

L’intervenante est d’avis que la présence de Claude Labonté apporte une grande différence dans le milieu de vie du CHSLD. «Pour nous, les bénévoles comme M. Labonté sont une grande richesse. Ce sont des gens de cœur, qui ont l’amour des aînés. Nos résidents ont besoin de beaucoup de soins. Certains résidents n’ont pas de famille. Les bénévoles leur apportent du confort», indique-t-elle, ajoutant être à la recherche d’autres bénévoles.

Actuellement, plus de 141 000 Québécois vivent avec une maladie cognitive. La Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer estime que ce nombre atteindra 260 000 d’ici 2031.

 

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