La grippe H1N1 : déjà dix ans

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Par Lise Tremblay
La grippe H1N1 : déjà dix ans
En 2009 et 2010 s'organisait une campagne massive de vaccination contre la grippe A (H1N1) (Photo : Archives)

PANDÉMIE. Il y a dix ans, elle était sur toutes les lèvres. La grippe A, qu’on appelait H1N1, forçait les autorités sanitaires à mener une rare opération de vaccination massive. En l’espace de quelques semaines, plus de 52 000 citoyens de la région de Drummondville recevaient une injection, les prémunissant ainsi des symptômes grippaux fort désagréables et potentiellement mortels.

Selon les archives de L’Express, cette vaccination massive, qui a été mise en branle en novembre 2009, a commandé un investissement de 1,17 million de dollars. Chaque dose de vaccin valait 22 $, un montant évidemment absorbé par le gouvernement du Québec.

Au-delà des coûts, la campagne s’est avérée un défi colossal d’organisation. Le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Drummond, comme on l’appelait à l’époque, s’était donné l’objectif de vacciner 75 000 personnes, ce qui, selon un calendrier planifié rigoureusement, signifiait vacciner entre 2500 et 3000 personnes par jour ou… 320 personnes à l’heure.

Les locaux de l’ancienne usine Denim Swift, situés rue des Écoles à Drummondville, avaient été choisis et adaptés pour les besoins de cette opération hors de l’ordinaire. Ils ont été ouverts exactement durant 34 jours.

«Ç’a été tout un casse-tête de trouver un lieu pouvant contenir autant de monde, mais par chance, la Denim Swift était disponible en location. Dans ma carrière, j’ai eu à relever deux grands défis : la crise du verglas et la grippe H1N1. Nous avons travaillé de nombreuses heures, car il fallait non seulement réaliser le travail de routine dans nos établissements, mais aussi ajouter la coordination de la campagne massive de vaccination. Je faisais l’aller-retour entre mon bureau et l’ex-usine pour m’assurer que tout allait bien», se rappelle Nagui Habashi, qui était à l’époque à la tête du CSSS Drummond.

Dix ans plus tard, ce dernier précise que la campagne s’est bien déroulée dans son ensemble, notamment en raison de l’implication de nombreux bénévoles qui ont appuyé le personnel en place.

Néanmoins, durant cette période, quelques centaines de personnes ont contracté le virus, qui causait notamment fièvre, courbature et toux.

Un homme âgé dans la cinquantaine a perdu la vie au plus fort de la «crise», en novembre 2009. Il souffrait à la base d’une maladie pulmonaire chronique.

De surcroît, un élève qui fréquentait le Collège Saint-Bernard a contracté le virus. Selon nos archives, ce cas a amené la maison d’enseignement à fermer son aile primaire le temps d’une journée pour permettre la désinfection complète des lieux, évitant ainsi que d’autres enfants ne soient malades.

Nagui Habashi dirigeait à cette époque le CSSS Drummond. (Photo d’archives)

Même si les conséquences de la grippe H1N1 n’ont pas été aussi dramatiques qu’anticipées – l’Organisation mondiale de la santé a d’ailleurs été critiquée pour avoir exagéré les dangers du virus, et même d’avoir déclaré une pandémie sous l’influence des laboratoires pharmaceutiques – les autorités sanitaires en ont retiré un précieux enseignement.

«Nous avons monté des dossiers complets sur l’organisation qu’a commandés la pandémie, informe l’ancien gestionnaire Nagui Habashi. L’expérience est là. Plusieurs personnes qui ont travaillé pour la mise sur pied de la campagne de vaccination sont toujours présentes aujourd’hui dans nos centres de soins. On ne le souhaite pas, mais si une nouvelle pandémie devait survenir, le personnel aura une bonne base.»

Une entreprise en profite

Dans un autre ordre d’idée, une entreprise de la région a «bénéficié», si l’on peut s’exprimer ainsi, de la campagne de vaccination massive liée à la grippe H1N1.

Il s’agit de l’entreprise Ovac, une filiale du Couvoir Boire et Frères située à Wickham. Spécialisée dans la production d’œufs servant à la fabrication des vaccins, l’entreprise locale a produit 1,3 million d’œufs par semaine, spécialement pour la grippe A, qui ont été dirigés par la suite vers l’entreprise pharmaceutique Glaxo Smith Kline.

La pandémie a permis à Ovac de consolider un investissement de 12 millions de dollars, réalisé en 2006, et à maintenir en poste l’ensemble des employés, qui devaient jongler avec un horaire saisonnier.

Le saviez-vous?

  • La région Mauricie et Centre-du-Québec comptait parmi les régions les plus touchées par la pandémie de grippe A (H1N1). 265 personnes ont été hospitalisées. Cinq décès ont été enregistrés.
  • 55 % de la population dans Drummond a été vaccinée. L’objectif était de 70 %.
  • La grippe H1N1 a causé le report d’un match entre les Voltigeurs de Drummondville et les Cataractes de Shawinigan, le 22 janvier 2010. Les Cataractes devaient reprendre un match annulé à cause du virus dans les provinces de l’Atlantique.
  • L’athlète drummondvillois Pierre-Alexandre Rousseau a contracté la grippe A (H1N1) quelques semaines avant de participer aux Jeux olympiques de Vancouver de 2010.
  • La grippe H1N1 a forcé l’hôpital Sainte-Croix et les centres d’hébergement à resserrer leurs règles de visite. Les patients qui présentaient des symptômes de grippe ne pouvaient plus visiter les patients.
  • À l’échelle du Canada, la pandémie a coûté 246 millions $ pour permettre l’achat de 50,4 millions de doses de vaccin.
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