Technologies HumanWare, l’aventure de deux Drummondvillois qui voyaient grand

Jean-Claude Bonneau
Technologies HumanWare, l’aventure de deux Drummondvillois qui voyaient grand
L'entreprise Humanware de Drummondville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Le BrailleNote Touch, le Brailliant BI 14, le Victor Reader Stream, le Trek, le Explore 8 ou le Connect 12, voilà autant de solutions technologiques qui favorisent l’autonomie des personnes atteintes d’une perte de vision. Mais, auriez-vous pensé un seul instant que ces petits appareils miraculeux sont de conception drummondvilloise… probablement que non et pourtant c’est le cas.

Technologies HumanWare c’est, depuis une trentaine d’années, l’aventure de deux amis, Gilles Pepin et Yves Boisjoli, qui ont uni leurs forces et leurs compétences pour offrir une autonomie accrue aux personnes aveugles ou ayant une déficience visuelle afin de leur permettre de participer activement à la vie dans un monde voyant.

Et aujourd’hui, HumanWare est reconnue comme un leader mondial dans le développement d’aides technologiques pour les personnes atteinte d’une perte de vision et compte une large gamme de produits tous plus innovateurs les uns que les autres.

D’ailleurs, tout récemment, dans le cadre du Gala PME en lumière de l’Association québécoise des technologies (AQT), l’entreprise HumanWare a été couronnée PME de l’année 2019 par plus de 300 PDG et responsables des ventes et du marketing de l’industrie techno. Cette prestigieuse distinction récompense annuellement des entreprises québécoises de l’industrie des technologies qui se démarquent au chapitre de la commercialisation et de l’innovation.

Yves Boisjoli, vice-président affaires, et Gilles Pepin, président et chef de la direction de HumanWare. (Photo Ghyslain Bergeron)

Petit joueur devient grand

Toute cette magnifique histoire a débuté au milieu des années 1980 quand Gilles Pepin, ingénieur en télécommunications, accepte une invitation de l’Institut Nazareth Louis-Braille de Longueuil d’animer une conférence portant sur l’importance des nouvelles technologies disponibles pour les personnes mal voyantes.

Coup de foudre immédiat. L’Institut Nazareth Louis-Braille, par l’entremise de son directeur général Normand Giroux, un visionnaire, s’engage par la suite à financer le lancement d’une nouvelle entreprise, VisuAide 2000 (l’ancêtre de HumanWare) qui a comme première mission de produire, au Québec, des solutions renforçant l’autonomie des non-voyants.

Le marché québécois étant de petite taille, il a fallu se tourner vers l’Europe pour prendre une certaine expansion. C’est à ce moment-là que Gilles Pepin intéresse Yves Boisjoli à joindre l’aventure, avec ses compétences en finances. Plan d’affaires, plan de financement, démarrage de nouveaux produits, de nouvelles technologies, VisuAide a le vent dans les voiles. La croissance est fulgurante, si bien que l’entreprise qui a pignon sur rue à Drummondville se classe dans le top 5 mondial, dans son champ d’activités.

HumanWare se spécialise dans le développement d’aides technologiques pour les personnes aveugles ou ayant une basse vision. (Photo Ghyslain Bergeron)

Voulant poursuivre cette montée vertigineuse, les dirigeants s’associent à PDI (Pulse Data International) au début de l’année 2005, une entreprise de la Nouvelle-Zélande dirigée par le Dr Russell Smith qui avait une filiale nord-américaine. Et cette nouvelle entité fusionnée sera désormais connue sous le nom de HumanWare. À la suite du décès tragique du Dr Smith lors d’un écrasement d’avion en août 2005, Gilles Pepin et Yves Boisjoli ont entrepris les démarches pour rapatrier tout le contrôle de HumanWare au Canada afin de poursuivre son avancé technologique, tout en héritant d’un système de distribution fort bien établi à la grandeur de la planète.

Puis en 2013, les dirigeants réalisent un autre coup d’éclat qui leur permettra d’aller encore plus loin, en s’associant à la multinationale franco-italienne EssilorLuxottica, un leader mondial dans la conception, la production et la commercialisation de verres ophtalmiques, d’équipements optiques, de lunettes de vue et de lunettes de soleil. Cette société compte environ 150 000 employés et son chiffre d’affaires avoisine les 16 milliards d’euros.

«L’arrivée d’EssilorLuxottica nous a offert une visibilité planétaire et nous a permis de conserver notre indépendance. Et depuis 4 ou 5 ans, on est sur une très belle lancée», précisent les dirigeants de l’entreprise locale.

De beaux projets

Aujourd’hui plus que jamais, MM. Pepin et Boisjoli ne se cachent pas pour dire que l’avenir sourit à HumanWare.

«Nous avons de beaux projets devant nous, dont celui de rapatrier à Drummondville certaines productions qui sont actuellement faites en Asie. On y va prudemment mais on avance. Notre secteur d’activités est aussi en révolution avec l’intelligence artificielle qui va nous permettre des percées très importantes liées à la vision numérique. En fait, nous vivons présentement dans un monde de changements majeurs et ça, c’est intéressant et passionnant à la fois.

(Photo Ghyslain Bergeron)

Au cours des prochaines années, nous allons être en mesure de bien nous positionner et de développer de nouveaux produits. Nous voulons également développer de nouveaux marchés, ceux des pays émergents comme le Brésil, la Chine, l’Inde et certains pays d’Afrique. Présentement, nos produits qui sont traduits en 25 langues sont distribués dans une cinquantaine de pays. On ne s’arrêtera pas là car nous voulons répondre aux besoins d’une population vieillissante et nous voulons trouver des solutions pour permettre à tout un chacun de bien fonctionner dans un monde de voyants».

Avec son siège social à Drummondville et d’autres bureaux à Longueuil, aux États-Unis, en Angleterre et en Australie, HumanWare regroupe aujourd’hui quelque 175 travailleurs ayant une même passion, celle de proposer des produits innovateurs. Et s’il faut en croire les principaux intéressés, l’entreprise drummondvilloise n’a pas fini de faire parler d’elle et surtout de permettre à de nombreuses personnes de CROIRE et de VOIR en un avenir prometteur.

De belles histoires

HumanWare est devenue au fil des ans un leader mondial dans le développement d’aides technologiques pour les personnes aveugles ou ayant une basse vision et de belles histoires tendent à le prouver.

Par exemple, l’auteur compositeur et interprète Stevie Wonder utilise les appareils de HumanWare. Il en est de même pour d’autres vedettes comme feu Ray Charles et Andrea Bocelli. Et que dire de Jane Constance, une jeune chanteuse de 20 ans originaire de l’Île Maurice qui a remporté en 2015 la seconde saison de The Voice et qui, en 2017, a été nommée l’artiste pour la paix de l’Unesco.

Il y a aussi cette jeune avocate américaine sourde et aveugle, Haben Girma qui, grâce à la technologie HumanWare, a pu réaliser son grand rêve et graduer avec succès de l’université Harvard.

En pensant à de telles histoires, on ne peut qu’avancer qu’à Drummondville, on sait faire les choses pour rendre la vie plus facile à bien des gens. Hors de tout doute, HumanWare en est une excellente preuve.

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