Emboîter le pas de l’autosuffisance

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Par Marilyne Demers
Emboîter le pas de l’autosuffisance
Julie Courchesne, propriétaire du Domaine Coquelicots avec son conjoint Martin Dupuis, a créé des cours en boîte pour apprendre à confectionner soi-même divers produits. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Un dicton qui colle parfaitement au mode de vie des propriétaires du Domaine Coquelicots. Il y a quelques années, Julie Courchesne et Martin Dupuis se sont tournés vers l’autosuffisance.

Julie est née à Drummondville, «sur le béton» comme elle le dit. Elle a choisi d’y revenir après ses études en langues à l’Université Bishop’s. N’en pouvant plus de la routine métro-boulot-dodo, l’ex-enseignante a décidé de tout quitter en 2009. Elle voulait revenir aux sources.

Quelques semaines plus tard, la Drummondvilloise et son conjoint sont atterris à Saint-Eugène, à une vingtaine de minutes de Drummondville. Ils ont été charmés par une maison ancestrale blanche et rouge. Sur le terrain de quatre acres qu’ils avaient devant eux, les amoureux s’imaginaient déjà avoir un jardin et des animaux.

C’est avant tout pour acquérir de l’autonomie et sauver des sous que le couple s’est lancé dans le DIY, l’abréviation de «Do It Yourself», qui signifie faites-le vous-même. Ils ont notamment débuté la confection de savon à lessive, de produits nettoyants et de conserves.

Le Domaine Coquelicots est situé à Saint-Eugène-de-Grantham, à une vingtaine de minutes de Drummondville. (Photo: Ghyslain Bergeron)

«Au départ, c’est pour ces raisons qu’on l’a fait. Avec le temps, c’est aussi devenu une question d’environnement. On s’est rendu compte qu’en faisant des choses, on est plus écologique parce qu’on fait moins de kilométrages pour les commissions et qu’on utilise moins d’emballage», fait savoir la femme de 40 ans.

À l’occasion, Julie accompagnait sa voisine, aujourd’hui âgée de 97 ans, au Cercle de fermières de Saint-Guillaume. «Dans ce groupe, plusieurs femmes faisaient de l’artisanat. Pour les 175 ans de la municipalité, il y avait un événement. Elles m’ont dit d’apporter mes produits. Entre les deux jours d’exposition, j’ai dû en faire durant la nuit parce que j’en ai manqués», raconte-t-elle.

«Je me suis ramassée avec un point de vente et un marché la semaine suivante. Ça me prenait des étiquettes rapidement et un nom pour mes produits. Heureusement, mon père travaillait dans l’imprimerie, poursuit-elle. Quand on est venu voir la maison, c’était le lendemain de notre huitième anniversaire de mariage. C’étaient nos noces de coquelicot. En plus, la maison était blanche et rouge. Avec la grandeur de notre terrain, nos amis nous disaient souvent à la blague qu’on avait un domaine. C’est de là que vient le nom!»

C’est ainsi que le 23 août 2013 est né le Domaine Coquelicots.

Dans les petites boîtes, les meilleurs onguents 
À ses débuts, le Domaine Coquelicots ne vendait que des produits artisanales. Souhaitant aussi partager leur savoir, Julie Courchesne et Martin Depuis ont commencé à offrir des cours aux personnes voulant subvenir à leurs propres besoins de façon alternative.

Cependant, le téléphone ne dérougissait pas. «Quelle belle solution j’ai eu de mettre mes cours en boîte. De cette façon, tu le fais quand ça te tente, quand tu es libre et quand tu es prêt», indique-t-elle.

Chaque boîte contient des ingrédients, des instructions et des informations utiles. «Je veux vraiment que ce soit clair et précis. J’explique pourquoi j’ai choisi ces produits-là. Je fais des recherches. Souvent, les gens pensent que je prends mes recettes sur Internet et que je les vends, mais non, ce sont nos recettes qu’on gosse et qu’on teste», explique-t-elle.

«Je ne suis pas dans l’extrême où je vais te dire de faire infuser de la lavande et que soudainement, ta maison n’aura plus d’impureté, non. Je veux que ce soit prouvé scientifiquement que tel produit combat telle bactérie, etc. C’est ce que j’enseigne aux gens», ajoute la femme au bon sens de la répartie.

Une vingtaine de boîtes différentes sont proposées afin d’apprendre, entre autres, à fabriquer du savon, des bombes de bain, du dentifrice, des bougies, du baume à lèvres, du savon à lessive et des produits nettoyants.

Pourquoi faire soi-même?
Contrairement à ce que plusieurs prétendent, fabriquer ses propres produits permet d’économiser du temps. «Par exemple, faire son propre savon à lessive prend environ 30 minutes et donne en moyenne un an de lavage. Le temps de prendre votre auto et de vous rendre au magasin, c’est environ 30 minutes minimum aller-retour. Moi, je te le fais pour un an. Tu gagnes du temps et ça ne te coûte pas cher», estime Julie Courchesne.

Le kit DIY de savon à lessive et produits de nettoyage du Domaine Coquelicots est nommé best-seller sur Etsy, un marché international en ligne. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Le coût des boîtes DIY du Domaine Coquelicots varie entre 20 et 70$. «Je vends une partie qui est les produits et l’autre qui est mes recherches, mes droits d’auteur. Au début, les gens trouvaient que c’était cher, indique-t-elle. La boîte de savon à lessive et produits de nettoyage que je vends, par exemple, est environ 50$. Mais après, quand on fait le calcul, on évalue que ça coûte environ 1 à 3$ par personne dans la famille pour du savon à lessive qui va durer un an. Moi, je te vends ma recette, donc ça veut dire que tu me l’achètes une seule fois. Cependant, ça me fait plaisir parce que c’est ça que je veux que tu fasses.»

En plus de réaliser des économies, les cours en boîte du Domaine Coquelicots permettent de réduire les déchets. «Tu utilises les mêmes contenants. Tu rinces, tu laves et tu recommences», souligne Julie Courchesne, qui utilise notamment des tissus revalorisés dans ses diverses réalisations.

«On travaille fort pour que ce soit moins cher, écologique et zéro déchet, en plus d’être efficace. On se bat le plus possible pour que chacune des boîtes réponde à ces quatre critères. On veut avoir un impact sur la vie des gens et je pense qu’avec ça, on l’a. Dans tous nos projets, on s’arrange pour avoir un impact sur l’environnement, sur la vie des gens et sur leur santé», ajoute-t-elle.

Et parce qu’elle veut redonner au suivant et permettre à un plus grand nombre de personnes possible de poser de petits gestes, elle a récemment lancé l’Option + qui permettra de mettre de côté des sommes d’argent pour offrir des boîtes ou des produits zéro déchet aux moins nantis.

Après tout, l’écologie, c’est l’affaire de tous.

Le Domaine Coquelicots est ouvert le vendredi de 17h à 20h ainsi que le samedi de 10h à 16h. Il est également possible de prendre rendez-vous du mardi au vendredi.

Trois Petits Chats

Certains chats errants ont trouvé refuge auprès de Julie Courchesne et Martin Dupuis. C’est notamment le cas de Socrate.

À leur arrivée à Saint-Eugène, Julie Courchesne et Martin Dupuis ont constaté que les chats errants étaient nombreux dans la municipalité. Le couple s’est donc inspiré de l’initiative Catch and release, qui consiste à attraper un chat sauvage, le stériliser et le remettre dans la nature. Depuis la création de son projet Trois Petits Chats, le Domaine Coquelicots a stérilisé une soixantaine de chats en collaboration avec l’Hôpital vétérinaire Caouette et Rochon. Des cocons pour chats et chiens sont notamment mis en vente afin d’amasser des sous pour nourrir, stériliser et soigner les chats errants trouvés dans les environs.

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