Un joyau culturel en pleine campagne 

Un joyau culturel en pleine campagne 
En 2019, Mélanie Poirier présente une toile qu’elle expose devant sa galerie d’art. (Photo : Photo gracieuseté Myriam Bussière)

MAGAZINE. Quelque part entre les champs de la campagne, le village de Durham-Sud et d’imposants arbres se trouve un petit joyau culturel de la région : la Galerie mp tresart.

En grimpant les marches du balcon de la galerie, les visiteurs seront instantanément accueillis par une odeur sucrée qui rappelle l’été et les champs de fleurs, un amalgame de couleurs flamboyantes ainsi que le bruit du plancher qui craque sous leurs pieds. Bienvenue à la Galerie mp tresart!

Leurs yeux ne sauront pas où se poser tellement il y a d’œuvres d’art dans cette vieille maison. En fait, chaque objet qui s’y trouve est une œuvre en soi… Rien n’est laissé au hasard. En prenant le temps de bien observer, on remarque même que les lampes ont été fabriquées à partir d’objets recyclés.

Ce lieu culturel se trouve dans le deuxième plus vieux bâtiment de Durham-Sud, une municipalité de la MRC de Drummond aux airs d’un village à la fois anglophone et quelque peu fantôme. Comment la propriétaire Mélanie Poirier a-t-elle eu l’idée et le courage de lancer sa galerie d’art dans cet endroit reculé?

En 2019, Mélanie Poirier fête les 10 ans de la Galerie mp tresart.

Un coup de cœur

En 2008, Mélanie Poirier a trouvé la maison dont elle rêvait depuis un moment. Une bâtisse construite en 1901, abritant autrefois le bureau de poste du village, et qui lui promettait bien des possibilités pour diffuser son art et celui d’autres artistes.

«J’ai vraiment eu un coup de cœur pour la maison. En l’achetant, je voulais conserver son histoire et sa richesse. Bref, je souhaitais donner une deuxième vie à l’endroit», explique-t-elle.

Elle s’est lancée dans un grand défi : restaurer la bâtisse tout en conservant son âme antique. Mélanie Poirier, aidée par son conjoint Daniel Giroux, a repeint les murs, même ceux à l’extérieur, et décapé toutes les boiseries. Le résultat vaut certainement chacune des heures travaillées. Mission accomplie pour Mélanie Poirier : le temps semble s’être figé à la Galerie mp tresart.

Pour elle, la situation géographique, qui paraît pourtant éloignée, est un atout. «Dans les villes, il y a beaucoup de concurrence et les gens sont surchargés de musées et de galeries. Ici, je me suis dit que les visiteurs allaient vouloir se déplacer», affirme-t-elle.

En s’y installant, elle n’avait pas peur de perturber le quotidien des résidents, pourtant bien installés. «C’est certain que j’arrive dans un endroit où les gens sont plus portés vers l’agriculture que la culture. Je dérange un peu avec mes nombreuses idées, mais j’ai aussi eu un coup de cœur pour la région.»

On peut la comprendre, car Durham-Sud est un petit village niché pas trop loin des montagnes et de grandes villes comme Montréal, Sherbrooke et Drummondville. Ce ne sont pas les possibilités de clientèle qui manquent pour la galeriste.

«Je suis très fonceuse et je voulais faire les choses différemment. Le défi était d’amener le monde ici, mais quand les gens se déplacent, ça vaut vraiment la peine. Pour cela, il faut rendre l’expérience de la Galerie mp tresart intéressante. La galerie se doit d’être belle, et ce, à tous les niveaux», soutient Mélanie Poirier. Pour embellir les murs de sa galerie, elle n’hésite pas à exposer tant des œuvres d’artistes émergents que d’autres qui sont plus connus dans le milieu.

Elle aime bien accorder des espaces aux nouveaux artistes afin de leur laisser la chance de se faire connaître. «De nos jours, il y a beaucoup d’artistes et beaucoup de créativité, mais pas assez de lieux de diffusion. Je voulais offrir la chance à un plus grand nombre d’artistes d’émerger et c’est pour cela que je présente plusieurs expositions dans une année. C’est beaucoup de travail, mais je veux vraiment démocratiser l’art. Si on ne présente pas les artistes d’aujourd’hui, que restera-t-il demain?», se questionne-t-elle.

Dans chaque coin de la galerie, il y des œuvres d’art à découvrir.

L’art, un langage universel

Par-dessus tout, Mélanie Poirier adore exposer des œuvres d’artistes internationaux. «Même si c’est compliqué de présenter des artistes d’ailleurs, je le fais, car ça me permet de voyager, de rencontrer de nouveaux talents et de développer des collaborations à l’étranger. Grâce à cela, j’amène parfois mes artistes à exposer en dehors du pays», souligne-t-elle. Selon Mme Poirier, l’art est une discipline qui permet de «laisser tomber toutes les barrières entre les individus.»

«Pour moi, il n’y a pas de frontières, car l’art est un langage universel. Les œuvres sont un moyen de créer un dialogue entre l’artiste et le spectateur. D’ailleurs, je pense que le manque de communication est un grand problème de société», confie-t-elle.

Elle-même artiste, Mélanie Poirier aime ajouter à ses toiles abstraites des mots. Elle puise son inspiration dans l’étude des comportements humains, des voyages, du rythme musical et des mots. Son rapport à la communication nourrit sa production. D’ailleurs, elle souhaite sensibiliser le spectateur à l’importance de celle-ci.

Mélanie Poirier, une artiste avant tout

Pour les 10 ans de la Galerie mp tresart, Mélanie Poirier s’est offert un cadeau : elle y expose une toile à l’extérieur, la plus grande œuvre qu’elle n’ait jamais produit. «Même si je tiens la galerie, je continue de créer des œuvres. Je suis très fière du résultat. On y retrouve encore ma touche personnelle : des lignes, des mots, un style abstrait et des couleurs vibrantes. J’invite les gens à réfléchir, car je suis moi-même quelqu’un qui pense beaucoup. Puis, je transmets l’espoir dans mes œuvres en y ajoutant du blanc.»

Mélanie Poirier a une affection pour le style abstrait, car il s’agit pour elle d’un défi qui lui permet d’aller «puiser au fond de son esprit sans savoir à l’avance» ce qui se présentera à elle.

Ce pot de fleurs a été conçu par Tresart MM.

Tresart MM

Les lampes fabriquées à partir d’objets recyclés ont piqué votre curiosité? Elles ont été faites par Myriam Bussière et Mélanie Poirier à partir d’objets qui étaient destinés à aller à la poubelle. «La mission de cette entreprise est de donner une deuxième vie à la planète en créant à partir de matières recyclées», explique Mélanie Poirier. Les œuvres de Tresart MM, qui font preuve d’une grande originalité, sont disponibles à la Galerie mp tresart ou en ligne au www.tresartmm.com.

Éditions mp tresart

Amoureuse des mots et poète dans l’âme, Mélanie Poirier a décidé en 2012 de lancer les Éditions mp tresart, une petite maison d’édition professionnelle qui se consacre principalement à des projets unissant les arts visuels et la poésie. D’ailleurs, elle a publié Un pont entre l’humain et les mots. Ce livre, qui rassemble les arts visuels à la poésie écrite avec le slammeur Jean-Michel Fontaine.

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