Des jumelages qui durent

Des jumelages qui durent
Aaron Dostou et Maxime Bergeron sont jumelés depuis 2017. Ils vivent de beaux moments ensemble. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Par Sébastien Lacroix

S’il a longtemps consisté à «sortir les déficients intellectuels du ghetto», le parrainage civique permet maintenant à des personnes marginalisées par le vieillissement, un handicap physique, ou leur santé mentale d’être jumelées à un citoyen ou une citoyenne. Un phénomène qui est de plus en plus présent à Drummondville.

Chez nous, ce sont 25 jumelages qui sont actifs grâce au travail de l’organisme communautaire Parrainage civique Drummond. C’est même ici que le tout premier jumelage au Québec a eu lieu. Celui de Julien et Alain qui durent depuis 35 ans.

On en compte aussi deux autres qui auront bientôt dix ans… et même des jumelages qui se prolongent au-delà de la mort. Comme celui de Michel et de Valérie, qui a pris la relève de son conjoint Joël après son décès.

Chaque jumelage a son histoire. Qu’on pense par exemple à Jean-Claude et Gustave, qui sont dans les mêmes âges et qui ont tous les deux des troubles de surdité; à Mélissa qui a été aidée par Chantal pour trouver l’amour; à Aaron et Maxim, deux sportifs, qui assistent souvent à des parties de hockey; ou encore à Line et Majella, des amoureuses de la culture qui adorent aller voir des spectacles à la Maison des arts.

En plus de briser l’isolement, l’organisme accompagne la personne marginalisée dans différentes sphères de sa vie et lui permet de développer des habiletés sociales.

«Ça peut être de lui montrer comment prendre l’autobus de ville, de reconnaître la couleur de l’argent pour ne pas se faire avoir au magasin, ou simplement de parler quand c’est à son tour», raconte le directeur général, Michel Gouin.

Michel Gouin est le directeur général de Parrainage civique Drummond.

Il s’agit d’une cause qui se fait de plus en plus connaître dans Drummond, puisque le nombre de jumelages a grimpé en flèche au cours des deux dernières années, passant de 14 à 25. «Parce que ce qu’on a semé au fil du temps, on commence à récolter», a fait valoir Michel Gouin qui dirige les destinées de l’organisme drummondvillois depuis 17 ans.

En plus de tous les efforts de recrutement menés par l’organisme, de nombreuses activités de jour se tiennent dans les bureaux de l’organisme de la rue Saint-Damase, à Drummondville. Cela lui permet d’être encore plus dynamique.

Ces activités, qui se tiennent les mardis, mercredis et jeudis, offrent à de plus en plus de personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle de s’intégrer. Au point où l’organisme songe à s’agrandir.

La fréquentation est effectivement plus importante depuis qu’un partenariat a été développé avec le CIUSSS qui lui envoie de la clientèle, ce qui a fait accroître la subvention de fonctionnement de l’organisme, l’an dernier. Et elle le sera encore, l’an prochain, précise Michel Gouin, pour qui le volet des activités de jour est devenu tout aussi important que celui des jumelages.

L’organisme tient également des «cafés-rencontres» ou des «jumelages d’un jour» pour permettre aux bénévoles de mieux connaître les personnes avant de s’engager. Cela permet aussi de faire «patienter» la clientèle dans le besoin puisqu’entre 25 et 30 personnes figurent sur une liste d’attente.

Rachel Tessier et Camille Desrosiers souligneront 10 ans de jumelage en août prochain.

Les activités sont aussi l’occasion de faire des essais et des erreurs avant que les deux personnes ne s’engagent à cheminer ensemble. C’est qu’on ne devient pas parrain ou marraine si vite! Il faut suivre un processus qui dure généralement entre 3 et 6 mois avant d’en arriver à un jumelage.

«Depuis qu’on a commencé à faire des activités de jour, qu’on a établi un protocole et un processus, nos jumelages durent plus longtemps, explique le directeur général. Au départ, les gens le critiquaient, car ça peut être long quand tu veux faire du bénévolat tout de suite. Maintenant, il n’y a plus personne qui le critique parce qu’ils voient les résultats. Ils peuvent témoigner que ça paraît long, mais que ce ne l’est pas tant que ça.»

Il faut dire que ce n’est pas une forme de bénévolat comme les autres. «En termes d’heures, ce n’est pas volumineux, mais en tant qu’implication, c’est différent. C’est en fonction de chaque personne», souligne Michel Gouin.

Celui-ci est d’ailleurs très heureux de voir l’esprit de famille qui se développe au sein de son organisme. «Nos jumelages s’entraident entre eux, sourit-il. Quand il y en a un qui est dans le besoin, un autre va venir l’aider».

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