Ultra-Trail du Mont-Blanc : «Je suis revenu changé»

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Par Marilyne Demers
Ultra-Trail du Mont-Blanc : «Je suis revenu changé»
Michel Lessard a franchi les 171 kilomètres et les 10 cols de plus de 2 000 mètres qui font la renommée du mythique Ultra-Trail du Mont-Blanc. (Photo : Gracieuseté)

COURSE À PIED. Une distance de 171 kilomètres, un dénivelé positif de 10 000 mètres et 3 pays. C’est ce qu’a parcouru Michel Lessard lors de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), du 30 août au 1er septembre.

Son temps : 40 heures 46 minutes et 9 secondes. Le Drummondvillois a largement dépassé la barrière horaire fixée par les organisateurs, celle-ci étant de 46 heures 30 minutes. «C’est moins rapide que j’aurais voulu, mais l’important, c’était de la finir», indique le coureur, de retour au pays.

L’Ultra-Trail du Mont-Blanc traverse trois pays, soit la France, l’Italie et la Suisse. (Photo gracieuseté – Michel Lessard)

Se déroulant autour du Mont-Blanc, soit le point culminant de la chaîne des Alpes, l’épreuve compte 10 cols de plus de 2 000 mètres à gravir. «Les terrains sont abrupts. Il y a beaucoup de roches. Au début, c’est surtout difficile physiquement. Plus tu avances, plus ça devient difficile mentalement», commente l’homme de 37 ans, qui transportait son matériel dans un sac d’environ huit livres.

Durant son trajet, celui qui portait le numéro 1 595 a également été confronté à des conditions climatiques parfois difficiles. «C’est une météo de hautes montagnes. C’est ultra changeant. Les rayons UV sont plus forts. Dans une partie de la course, il s’est mis à grêler. Ils ont fermé les routes aux voitures. Nous, ils ne nous ont pas arrêtés. J’ai vu un chalet et je me suis réfugié sous le toit. Je n’étais pas le seul à avoir eu cette idée, on était tous cordé», raconte-t-il, en riant.

Entre les kilomètres parcourus, Michel Lessard a tout de même pris le temps de savourer le décor. «Les paysages sont spectaculaires. On traverse la France, l’Italie et la Suisse. Si tu fais du trail, mais que tu ne prends pas le temps de regarder autour de toi, tu ne fais pas le bon sport. C’est ça la paye de la course», soutient-il.

Blessure
Cette année, une centaine de nationalités différentes étaient représentées lors du mythique UTMB, où le nombre de coureurs inscrits est limité. Après s’être qualifié lors de différentes épreuves, Michel Lessard a été sélectionné au sort, tout comme son partenaire de course Jonathan Pellerin, auparavant de Drummondville.

Tous deux font partie des quelques Québécois qui ont obtenu leur laissez-passer en vue de cette 17e édition. Cependant, après avoir entamé l’aventure ensemble, ils ont été forcés de se séparer après les quarante premiers kilomètres.

«Il y avait beaucoup de participants. Durant une descente, un coureur a piqué son bâton de randonnée lorsque je l’ai dépassé. Je me suis viré une cheville. Normalement, je ne dors pas, mais j’ai dû prendre trois pauses de 10 minutes pour faire passer la douleur», indique Michel Lessard.

Les soins reçus par les paramédics sur place lui ont permis de poursuivre la course. Les encouragements de la mère et la conjointe de Jonathan Pellerin, qui avaient fait le voyage avec eux, ont été la tape dans le dos qu’il avait besoin.

Cependant, ce sont les mots de ses proches, restés au Québec, qui l’ont aidé à tenir le coup. «Je suis arrivé à un endroit et il y avait une télévision de 72 pouces. Il me restait encore une vingtaine de kilomètres avant d’arriver. Des bénévoles ont regardé mon dossard et m’ont dit que j’avais un message enregistré. C’était ma famille. Mes deux enfants, ma blonde, mon père. J’ai braillé ma vie, mais ça m’a motivé», confie celui qui a commencé à courir il y a huit ans, lorsque sa mère a été frappée par le cancer.

Michel Lessard fait partie des 1 556 participants sur les 2 543 partants qui ont franchi la ligne d’arrivée, à Chamonix. Cette course, qui est l’une des plus exigeantes au monde, compte cette année 987 abandons.

«Je suis revenu changé. Ça m’a fait évoluer. Habituellement, il n’y a pas de défis qui me font vraiment peur. J’ai pris une solide leçon d’humilité. Mon idée était faite : je complétais l’UTMB en 35 heures ou au mieux, en 30 heures. Désormais, ma vision de la course sera différente», conclut Michel Lessard, qui aimerait un jour s’attaquer à la petite trоttе à Léоn (РTL), une course de 300 kilomètres comportant un dénivelé de 25 000 mètres organisée dans le cadre de l’UTMB.

Les participants ont couru jour et nuit. (Photo gracieuseté – Michel Lessard)
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