L’interminable attente

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Par Marilyne Demers
L’interminable attente
(Photo : Unsplash )

ADOPTION. Un couple de Drummondville rêve d’offrir une famille à un enfant de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Il est toutefois exaspéré par les délais.

Le couple, âgé dans la trentaine, a choisi d’adopter un enfant par le programme de famille d’accueil de banque mixte. La majorité des enfants confiés à la DPJ sont orientés vers l’adoption dans le cadre de ce programme. Ce sont des enfants qui ont été retirés de leur milieu parce les familles ne pouvaient pas répondre à leurs besoins.

«On a de l’amour à offrir et de la place dans notre vie. On est touché de savoir que près de nous, au Québec, il y a des enfants qui ont besoin d’une famille», indiquent les futurs parents, qui préfèrent rester anonymes pour ne pas nuire à leur dossier.
À Drummondville et les environs, neuf enfants sont présentement en attente via le processus de banque mixte. D’ici à ce qu’ils trouvent leur famille d’adoption, ces jeunes sont hébergés en famille d’accueil régulière.

Le temps d’attente pour être évalué comme postulant est d’un an et demi dans la région. Le couple, qui a enchaîné séance d’informations, ateliers de sensibilisation, entrevues et paperasses, se rapproche de ce délai. Pourtant, l’intervenante responsable de son dossier leur aurait fait savoir qu’elle en était encore à évaluer les personnes ayant postulé un an avant eux.

«Actuellement, il y a des familles qui sont prêtes à accueillir des enfants, mais le système n’est pas capable de s’en occuper. Ça devient pénible de voir que la DPJ fait des appels à tous parce qu’il y a un besoin urgent de familles d’accueil, alors qu’il ne se passe rien. Ça crève le cœur de savoir qu’il y a un peut-être un enfant quelque part qui attend juste de venir chez nous», déplore la femme.

Le couple avait pourtant choisi d’adopter par le programme de famille d’accueil de banque mixte puisque le délai était plus court. «Est-ce que c’est une question politique? Budgétaire? Pendant ce temps, ce sont les jeunes qui payent parce qu’ils sont placés dans des familles d’accueil temporaires. Ces enfants vivent placement après placement. C’est long avant qu’ils trouvent de la stabilité», s’insurge l’homme.

S’ils sont acceptés, ils recevront une proposition de jumelage avec un enfant dans les jours suivants. Ils agiront ensuite comme famille d’accueil en vue de l’adoption, ce qui n’est pas sans risque. L’enfant peut encore avoir des contacts avec ses parents biologiques. Si ceux-ci se reprennent en main, il y a des chances que l’enfant retourne avec eux.

Ressources
Le couple de Drummondville déplore le manque de ressources pour analyser les demandes d’adoption dans la région, lesquelles relèvent du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ). Selon eux, un retard se serait accumulé dans la région. Une intervenante serait partie en congé de maladie il y a environ deux ans, sans être remplacée.

«Il faut savoir que l’évaluation pour l’adoption est un acte réservé aux travailleurs sociaux. À Drummondville, la situation de main-d’œuvre a effectivement ralenti l’évaluation, et ce, malgré les démarches réalisées pour bénéficier des services d’un travailleur social, a fait savoir la porte-parole du CIUSSS MCQ, Geneviève Jauron. En ce moment, deux surcroîts ont été mis en place en Mauricie et Centre-du-Québec afin de diminuer les délais pour les postulants.»

Dans les délais engendrés par la bureaucratie, ces enfants ébranlés attendent d’être accueillis par des parents qui, certes ne pourront réparer le passé, mais sauront leur offrir tout leur amour.

Autres types d’adoption
Les personnes qui désirent adopter un enfant peuvent postuler pour l’adoption régulière, qui concerne les enfants dont les parents biologiques ont eux-mêmes choisi de placer en adoption. En Mauricie et au Centre-du-Québec, le temps d’attente est de cinq ans. Dans les dernières années, il s’agit d’environ deux cas par année. Il est aussi possible d’adopter un enfant à l’international.


Rappelons que tout enfant ou adolescent qui vit une situation de négligence grave, d’abandon ou qui est victime de mauvais traitements physiques, psychologiques ou d’abus sexuels doit être signalé à la DPJ.

 

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