La région ne séduit pas la relève agricole

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Par Frederic Marcoux
La région ne séduit pas la relève agricole
La région éprouve des difficultés à attirer de jeunes agriculteurs, a fait savoir Noémie Blanchette-Forget. (Photo : Gracieuseté, CRAAQ 2018)

AGRICULTURE. La région souffre d’un problème «d’attraction», lorsque vient le temps de séduire des agriculteurs de l’extérieur,  a constaté une agente de maillage à l’Arterre, Noémie Blanchette-Forget, au cours de la dernière année.

Anciennement nommé «Banque de terres», Arterre s’adresse à des propriétaires d’entreprises et aux aspirants-agriculteurs qui souhaitent céder ou se lancer en agriculture en démarrant une ferme ou en assurant la relève d’une compagnie existante. En plus des partenariats d’affaires, le service, qui est en place depuis plus d’un an, permet aussi des ententes de location, entre les différents intervenants qui s’affichent sur le site web de l’organisation. Ceux-ci proviennent de partout au Québec.

Toutefois, lorsqu’un jeune se cherche une région pour être l’hôte de ses projets, il songe souvent à Chaudière-Appalaches, à l’Estrie ou à la Mauricie. Le Centre-du-Québec passe sous le silence. En un an, Artrerre n’a jumelé aucun propriétaire avec un aspirant-agriculteur dans la MRC de Drummond.

«En ce qui concerne l’attraction, le Centre-du-Québec a un problème d’image, estime Noémie Blanchette-Forget, qui est aussi coordonnatrice régionale. Ce n’est pas nécessairement la faute de la MRC de Drummond. J’ai beaucoup d’aspirants de la région qui sont intéressés par Drummond. Mais c’est rare que des gens de l’extérieur de la région veuillent s’y établir. C’est parce qu’ils ne savent pas où est situé le Centre-du-Québec. Quand tu entends “Centre-du-Québec”, tu n’as pas d’images qui te viennent en tête comme c’est le cas pour la Gaspésie ou pour Charlevoix.»

Trois partenariats ont été réalisés dans la MRC de l’Érable, un projet s’est concrétisé dans la MRC de Nicolet-Yamaska et un autre à Bécancour. Dans ce dernier secteur, deux projets sont en cours de négociation.

Le Centre-du-Québec a pourtant un atout important dans sa manche, note-t-elle, puisque le prix des terres agricoles de la région est moins cher que celui de la moyenne québécoise. En effet, selon les données de la Financière agricole pour l’année 2017, le prix moyen, au Québec, pour un hectare de terre en culture (10 000 mètres carrés) est de 21 446 $. Au Centre-du-Québec, le prix est de 19 315 $. À l’ouest de la Montérégie, où les terres sont les plus dispendieuses au Québec, un agriculteur doit débourser 37 484 $, en moyenne, pour acquérir un hectare.

Difficile pour la relève

Noémie Blanchette-Forget signale qu’elle reçoit des demandes de jeunes agriculteurs intéressés à se lancer en production laitière dans la MRC de Drummond. Cependant, après un regard rapide sur le dernier budget d’Ottawa, elle attend toujours des mesures adaptées aux réalités de la relève. Hormis le prêt d’un quota de cinq kilogrammes de matières grasses disponible pour la relève laitière, la coordonnatrice régionale déplore le peu de soutien à la relève agricole. Une aide significative est une réalité plutôt rare, selon elle.

Le secteur laitier attire particulièrement les jeunes agriculteurs de la MRC de Drummond.

«À part le prêt de quotas, il n’y a pas tant de programmes qui peuvent aider les transferts. Pour ce qui est du démarrage d’une entreprise, si la relève est âgée de moins de 40 ans, elle a accès à la prime à l’établissement. Pour une entreprise laitière, les montants ne sont pas significatifs. C’est le même montant dans le secteur maraîcher. Par exemple, un montant de 100 000 $, ça vaut la peine pour un couple qui se lance dans le secteur maraîcher. Ça fait une différence, mais pour une entreprise de 2,5 millions $ dans le secteur laitier, ce n’est pas le cas.»

Noémie Blanchette-Forget implore le gouvernement d’agir pour stimuler les transferts d’entreprises; qu’ils soient entre des membres d’une même famille ou qu’ils impliquent une relève non apparentée.

«Ça va prendre une mobilisation gouvernementale dans les prochaines années, tranche-t-elle. Éventuellement, si ça ne change pas, les terres vont appartenir à une poignée d’agriculteurs et nos villages vont être dévitalisés».

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