SANTÉ. La détresse psychologique des agriculteurs est un enjeu bien réel. Pour répondre aux besoins grandissants et ainsi mieux soutenir ces travailleurs, un projet pilote unique au Québec se déploie en Mauricie et au Centre-du-Québec.
Pas moins de 58 % des producteurs agricoles manifestent des symptômes d’anxiété; 35 % d’entre eux éprouvent des symptômes dépressifs. Dans la région, les travailleurs de rang de l’organisme Au cœur des familles agricoles (ACFA) ont effectué plus de 750 interventions en 2022. Les conflits familiaux en lien avec la sphère professionnelle, le stress et l’anxiété, les problématiques relationnelles et la surcharge de travail sont parmi les principaux motifs de consultation.
«Au cours des dernières années, nos équipes ont constaté les besoins criants des producteurs agricoles. La réalité de cette clientèle est particulière; ce n’est pas classique pour ces personnes de se déplacer au CLSC ou à la clinique, entre autres parce que les plages horaires ne concordent pas avec leur emploi du temps. Comme réseau de la santé et des services sociaux, nous devions nous adapter à ces besoins», a informé Jean-François Renaud, directeur général adjoint aux programmes sociaux et de réadaptation au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, en entrevue au terme d’une conférence tenue à Nicolet.
Devant ce constat, le CIUSSS MCQ, en collaboration avec l’ACFA, déploie un projet pilote qui consiste à rendre accessibles deux intervenantes entièrement dédiées aux agriculteurs. Intitulé «Approche et références pour les producteurs agricoles et leur milieu (ARPAM)», cette initiative constitue une première au Québec.
«Avec ce projet, on vient diminuer en quelque sorte les freins que pouvaient s’imposer les producteurs, a indiqué Kim Rémillard, intervenante ARPAM pour la région de la Mauricie. Il y a une étude de l’Université de Guelph en Ontario qui révèle que pour 92 % des producteurs agricoles, c’est important d’adresser leur problématique à un professionnel ayant une connaissance sur la réalité agricole. Donc je trouve que cette statistique-là, elle parle.»
Précisément, les deux ressources ont le mandat d’assurer la prise en charge des agriculteurs nécessitant un suivi psychosocial puis de les référer. En d’autres mots, elles servent de pont entre les producteurs et les services dont ils ont besoin. Les professionnelles sont également appelées à sensibiliser les acteurs du réseau de la santé à la réalité agricole.
«À travers ce projet, on a réussi à développer cette espèce de continuité de services qui vient assurer un bien-être et un équilibre autant au niveau du travail que de la vie familiale, a fait valoir Mme Rémillard. Je tiens à dire qu’on est également là pour les accompagner dans leurs difficultés plus ponctuelles, comme un deuil, une séparation, un problème de communication, etc.»
«Le corridor dont on parle permet aux travailleuses de rang de faire des références au CIUSSS et même, vice versa», a ajouté M. Renaud, soulignant que le projet a des échos ailleurs dans la province.
Soulignons que cette aide est offerte gratuitement.
«C’est un très grand pas pour le bien-être de la communauté agricole de constater ainsi la reconnaissance de sa particularité. La santé de nos agriculteurs est le gage de l’avenir de nos fermes. C’est pourquoi nous ne serons pas avares de notre expertise et de notre compréhension des contextes pour aider nos partenaires de la santé à faire de cette initiative un succès», a conclu Nathalie Roy, présidente d’Au cœur des familles agricoles
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