Ils cultivent leur terre en harmonie avec la nature

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Par Cynthia Martel
Ils cultivent leur terre en harmonie avec la nature
Raphaëlle Sauvé et Rémi Samson en compagnie de leurs enfants qui partagent leur passion. (Photo : (Photo Cynthia Martel))

DURHAM-SUD. Dans la municipalité de Durham-Sud, se cache la ferme Cœur de légumes située sur une terre de 143 acres, où les propriétaires Raphaëlle Sauvé et Rémi Samson mettent un point d’honneur à travailler en harmonie avec la nature.

Les artisans maraîchers n’utilisent aucun organisme génétiquement modifié (OGM), pesticide et engrais chimiques. Ce faisant, leur ferme a reçu la certification biologique d’Écocert Canada.

«On n’applique que très peu de pesticide bio aussi. On préfère mettre des filets, par exemple, et on accepte une certaine part de pertes. Notre but est l’autosuffisance, donc on veut introduire le moins de chose possible sur la ferme», indique Raphaëlle Sauvé.

Une cinquantaine de variétés de fruits et légumes y sont cultivées sur environ trois acres de terre, de même qu’en serre et sous tunnel. Parmi ceux-ci, on y note des légumes moins connus et/ou qu’on ne retrouve pas souvent ailleurs dans la région, comme les radis-melons, panais, chicorée pain de sucre (chou chinois), chou-rave, bok choy et patate douce.

«On a également décidé de faire du brocoli et du chou-fleur. Beaucoup d’agriculteurs n’en cultivent pas, car c’est bien compliqué en culture bio. On a aussi du gingembre», fait savoir la maman de quatre enfants, bientôt cinq.

En ayant une telle variété et en prônant différentes techniques de cultures, les Sauvé-Samson peuvent approvisionner leurs clients presqu’à l’année.

«On étire la saison jusqu’à la mi-décembre avec les patates, les épinards, la laitue, la roquette et le chou, notamment, et on commence à vendre à la mi-mai. En fait, avec les serres froides (tunnel), on produit beaucoup, beaucoup de légumes en mai et juin, par exemple la carotte des champs», précise Mme Sauvé.

«C’est étonnant de voir combien il y a de légumes qui peuvent se conserver, soit en chambre froide ou en conserve», ajoute M. Samson, laissant savoir qu’ils reçoivent de plus en plus de demandes de leurs clients pour s’approvisionner l’hiver.

(Journal L’Express)

Les deux partenaires d’affaires et de vie aiment travailler la terre de leurs mains. Ainsi, leur ferme est peu mécanisée.

«Nous avons seulement un tracteur et il sert principalement à déneiger notre longue entrée. On travaille beaucoup à la main. Par exemple, on se sert d’une binette sur roue pour le désherbage. La plantation et les semis se font manuellement aussi. On le fait en partie pour le souci de l’environnement, mais surtout pour notre qualité de vie, car on n’aime pas ça travailler avec le bruit dans nos oreilles. On peut se le permettre, car on est à petite échelle, affirme Raphaëlle Sauvé. On aime mettre notre énergie dans ce qu’on fait. On se dit qu’à chaque fois qu’on travaille le sol avec nos mains, bien c’est toute notre énergie qu’on met dedans. On le fait avec amour. Ce n’est pas pour rien qu’on s’appelle Cœur de légumes.»

«Les gens nous disent souvent que nos légumes ne sont pas juste bons, ils sont vibrants», renchérit son conjoint avec une pointe de fierté.

Et pourquoi s’être lancé dans la culture biologique?

«Quand tu décides de te lancer en bio, c’est à la base pour la vision que tu as de la terre et ce que tu veux léguer aux autres générations, se dit d’avis Mme Sauvé. Juste la biodiversité que tu crées avec la culture bio, c’est formidable. Juste ici, c’est fou la quantité d’oiseaux que l’on peut maintenant apercevoir.»

D’ailleurs, dans chaque section de culture, un rang est consacré aux fleurs, et ce, pour la beauté, mais aussi pour attirer les insectes pollinisateurs et favoriser la biodiversité.

«La certification bio va de pair avec la biodiversité», souligne la jeune femme.

«Oui, c’est bon manger des légumes bio, mais il n’y a pas juste ça. C’est tout ce que l’on apporte à l’environnement qui est bien», soutient-il.

De l’avis de sa conjointe, consommer des fruits et légumes biologiques ne devrait pas être plus dispendieux que ceux dits conventionnels.

«Dire que c’est plus cher est une fausse croyance. Premièrement, ça dépend où tu magasines. Si tu vas dans la petite section de l’épicerie, c’est sûr que c’est plus cher, car il y a moins de roulement, donc ils doivent absorber plus de pertes. Ensuite, quand tu compares le prix régulier en saison, il n’y a pas une grosse différence entre le bio et le conventionnel. Et il faut penser à la conservation qui est différente aussi. Notre laitue, par exemple, dure au moins deux semaines au réfrigérateur tandis qu’une laitue normale, après quelques jours, elle est molle.»

Les trois plus jeunes de la famille Samson-Sauvé dans l’une des serres froides. (Photo Cynthia Martel)

Depuis environ cinq ans, les artisans maraîchers se rendent chaque samedi au Marché champêtre de Melbourne pour y vendre leurs produits. Qui plus est, ils livrent hebdomadairement 60 paniers au Panier santé de Drummondville, au grand bonheur d’autant de familles. Finalement, nouveauté cette saison, leurs fruits et légumes peuvent être achetés au kiosque à la ferme.

«À notre grand étonnement, ça fonctionne vraiment bien. Les gens sont contents de venir nous voir et avoir des produits qui ont de l’allure», expose M. Samson.

Une histoire d’amour et de passion

C’est en 2011 que l’aventure a débuté pour Rémi et Raphaëlle, quelque temps après leur rencontre.

«On s’est rencontré sur une ferme. Moi, je rêvais d’autosuffisance. Je me voyais aller sur la terre à mon père vivant dans une petite maison écologique et m’autosuffire toute ma vie», raconte Mme Sauvé.

C’est d’ailleurs ce qui s’est produit : les deux tourtereaux se sont installés durant deux ans sur la terre du père de Raphaëlle, à Racine, où ils ont expérimenté leurs techniques, peaufiné leurs apprentissages et commencé à bâtir une clientèle.

Au fil du temps, de belles occasions se sont présentées à eux. D’abord, en 2013, ils ont acquis leur terre à Durham-Sud. Puis, ils se sont vus offrir la possibilité de vendre au Marché Melbourne.

«On a commencé avec une petite table. L’autre année, ça adonné que le maraîcher principal a abandonné en début de saison, donc on nous a proposé de prendre sa place. Ça été difficile, car on n’était pas prêt à ça : notre planification n’était pas faite en conséquence. On n’avait aucune idée du volume que ça prenait. On s’est adapté et on est parvenu à développer beaucoup notre clientèle», se rappellent les agriculteurs.

Ceux-ci embauchent maintenant deux employés durant la haute saison. Leurs quatre enfants Salix, Phloème, Véda et Isalys, partageant avec leurs parents leur passion, mettent aussi la main à la pâte, à leur façon, dans les champs.

«Notre objectif n’est pas tant d’avoir plus de superficie cultivable, mais de se perfectionner pour avoir un meilleur rendement. Entre autres, on veut améliorer les types de chauffage et d’automatiser les serres», concluent les passionnés d’agriculture.

 

Tout au long de l’été, L’Express proposera à ses lecteurs de découvrir l’ensemble des municipalités de la MRC de Drummond, mais par l’entremise de producteurs locaux qui font dans la différence. Misant sur la qualité de leurs productions, ces passionnés de l’agriculture n’ont qu’un seul objectif : rehausser la saveur et les couleurs de vos assiettes estivales.

 

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