Jessica Dubé est fière du chemin parcouru

Jessica Dubé est fière du chemin parcouru
L’emploi actuel de Jessica Dubé lui permet de nourrir sa passion des voyages. On l’aperçoit ici à Èze, en France. (Photo : Facebook)

PATINAGE ARTISTIQUE. Jessica Dubé a le patinage artistique dans la peau. Cinq ans après s’être retirée de la compétition, l’olympienne originaire de Saint-Cyrille-de-Wendover est fière de ce qu’elle a accompli comme athlète, mais encore davantage de ce qu’elle est devenue comme personne.

Depuis maintenant près de trois ans, Jessica Dubé vit la majorité du temps sur des navires de croisière de la compagnie Royal Caribbean. Au sein d’une troupe de patineurs professionnels, elle continue de gagner sa vie avec des patins au pied… tout en se baladant aux quatre coins de la planète.

«Ce sont des spectacles qui se déroulent dans une atmosphère complètement différente de la compétition. Il n’y a aucun jugement. On fait ça pour faire plaisir au public. Ça fait changement, mais on reste des athlètes fiers de nos performances. Notre côté compétiteur embarque donc assez rapidement», raconte Jessica Dubé, jointe pendant une courte escale à Porto Rico.

Après une traversée de la mer Baltique, dans le nord de l’Europe, Dubé écoule actuellement un contrat de sept mois sur le bateau Oasis of the Seas, qui navigue dans les eaux des Caraïbes. En août prochain, elle s’embarquera pour une nouvelle croisière qui la mènera de l’Alaska jusqu’à l’Australie.

Jessica Dubé (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

«Je me considère chanceuse. Cette vie me permet de combler mes deux plus grands besoins : être sur la glace et me promener partout dans le monde. Ça me permet aussi de créer de belles amitiés», explique celle qui participe habituellement à six spectacles en trois jours pendant une croisière d’une semaine.

Aux prises avec une blessure persistante au pied, Dubé a annoncé sa retraite en 2013, à l’âge de 25 ans. Comme c’est le cas pour de nombreux athlètes, les mois qui ont suivi ont été pénibles pour la jeune femme.

«C’est arrivé tout d’un coup. Je n’étais pas assez préparée. Je n’avais pas de plan B pour mon après-carrière. Au début, la compétition et les voyages me manquaient beaucoup. Je me cherchais. Le patin, c’était toute ma vie. J’ai probablement fait une petite dépression. J’ai eu beaucoup de misère à m’en relever, mais heureusement, j’ai eu de l’aide de ma famille et de mes amis», confie-t-elle.

À cette époque, celle qui étudiait la science de l’exercice à l’université Concordia a tout fait pour oublier le patinage artistique. «Je ne voulais même pas en parler ni en regarder à la télévision. Ça me faisait trop mal. J’avais besoin de passer à autre chose.»

Un an après avoir accroché ses patins, Dubé a été approchée afin de participer à la populaire émission Battle of the Blades, diffusée sur les ondes de CBC. Tournée à Toronto, cette télé-réalité jumelait des patineuses artistiques et des hockeyeurs professionnels afin d’effectuer des spectacles sur glace.

«J’étais heureuse de retourner sur la glace. Cette expérience m’a beaucoup changé comme personne. Je suis demeurée seule à Toronto pendant un an. Ça m’a sortie de ma zone de confort. Pendant cette période, j’ai aussi travaillé avec des joueurs de hockey pour leur enseigner les bases du patin», relate celle qui avait été jumelée à l’ancien attaquant des Canadiens Brian Savage dans le cadre de cette émission.

Un peu plus tard, Dubé a décidé de plonger dans l’aventure des bateaux de croisière. Une expérience unique qui a vite transformé sa vie.

«Au départ, j’avais un peu peur de l’inconnu, surtout que ce n’est pas toi qui choisit ta destination. Finalement, ce fut l’une des meilleures décisions de ma vie. Ça m’a permis de changer quelques aspects de ma personnalité. Avant, j’étais une personne assez gênée. J’avais de la misère à aller vers les gens. Mais en arrivant seule sur un bateau, j’ai appris à avoir confiance en moi et à m’ouvrir davantage aux gens. Je suis aussi devenue plus débrouillarde et indépendante», révèle celle qui a rencontré son amoureux, un technicien en son originaire de Toronto, sur un bateau.

Malgré cette nouvelle liberté, Jessica Dubé demeure très attachée à son nid familial. Entre ses croisières, elle revient d’ailleurs s’installer chez ses parents, à Saint-Cyrille-de-Wendover. Elle demeure également en contact avec ses anciens partenaires de compétition Bryce Davison et Sébastien Wolfe.

Jessica Dubé en pleine action avec Bryce Davison lors d’un spectacle à Drummondville, en 2007. (Photo d’archives, Frédéric Côté)

C’est d’ailleurs avec Davison que Dubé a connu ses meilleurs moments en carrière sur la scène internationale, entre 2003 et 2011. Le couple a notamment décroché une médaille de bronze au championnat du monde de 2008, en Suède. Le duo a aussi concouru aux Jeux olympiques d’hiver, se classant en dixième position à Turin en 2006 et en sixième place à Vancouver en 2010.

«Aujourd’hui, je suis plus fière que jamais de ma carrière. Quand je patinais, je trouvais ça normal, puis quand j’ai pris ma retraite, je trouvais ça très difficile d’aborder ce sujet. Avec le recul, je prends conscience de tout ce que j’ai accompli pendant ces années-là», témoigne-t-elle.

La carrière de Dubé aura également été marquée par cette coupure au visage dont elle a été victime en 2007, lors d’une compétition disputée à Colorado Springs. «Je n’y pense plus vraiment, sauf quand les gens m’en parlent. Cet événement va toujours faire partie de moi, même si je n’ai plus de cicatrice visible. C’est une expérience qui m’aura permis de forger mon caractère.»

À l’aube de la trentaine, Jessica Dubé entend délaisser sa vie sur les bateaux de croisière après son périple en Océanie.

«Le patin, c’est toute ma vie, mais je dois penser à mon futur. Sur un bateau, c’est difficile de fonder une famille. À mon retour, je voudrais me caser à quelque part avec mon copain. On veut commencer une nouvelle vie», conclut celle qui n’écarte pas une carrière dans le milieu du coaching.

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