Les adolescentes dénoncent plus vite leur agresseur

Les adolescentes dénoncent plus vite leur agresseur

Plus du tiers des femmes ayant le courage de dénoncer leur agression sexuelle ont moins de 18 ans.

À la CALACS La Passerelle, une ligne d’écoute à la disposition de la population du Centre-du-Québec, on se réjouit de cette tendance à la hausse chez la jeune génération. Les jeunes filles représentent 33% des femmes qui osent lever le voile sur leur agresseur.

«Que les victimes dénoncent plus jeunes, c’est un plus. Elles s’en remettront plus facilement, affirme Jocelyne Desjardins, porte-parole de l’organisme. Les dénonciations de jeunes femmes, ça donne de l’espoir.»

Depuis quelques années, depuis la dénonciation de Nathalie Simard, les campagnes de prévention et de sensibilisation se sont multipliées. Les acteurs du milieu en mesurent l’impact positif.

Le terme «positif» est évidemment une image. Au cours des cinq dernières années, la CALACS La Passerelle a reçu autour de 110 plaintes nouvelles par année, en moyenne. Des chiffres qui traduisent une certaine hausse de dévoilement d’agressions, remarque Mme Desjardins, même si elle ne peut chiffrer la tendance.

Long processus

Savoir que des jeunes femmes parlent de leurs agressions est d’autant plus encourageant, ajoute Mme Desjardins, qu’en moyenne, une femme peut mettre jusqu’à 19 ans avant de se décider à lever le voile sur les abus qu’elle a subis.  

Mme Desjardins observe un impact tentaculaire sur la vie des victimes qui va bien au-delà d’un simple blocage psychologique entourant l’acte sexuel. «On sait que de rester dans le silence, ça a des conséquences vraiment néfastes sur la santé mentale, l’estime de soi, le risque de dépression à répétition, la pauvreté et des problèmes alimentaires. Ça a des conséquences sur l’ensemble de la personne, car il s’agit d’une blessure à l’intimité.»

Actuellement, à peine 5% des agressions font l’objet d’une plainte officielle au poste de police. La peur de se retrouver dans le processus judiciaire, souvent laborieux, douloureux et d’au moins deux ans, décourage encore beaucoup de victimes à porter plainte. Seront-elles crues, leur crédibilité sera mise en doute par la défense, à la cour?

Peu importe le moyen qu’elles prendront afin de mettre fin à leur calvaire, les victimes auront besoin du soutien indéfectible de leur entourage, croit Mme Desjardins, qui note tout de même une évolution du milieu policier et juridique.

Encore du chemin à faire

L’année 2016 a établi des records en termes de dénonciatione de violence sexuelle sur la place publique, constate Mme Desjardins. Il y a eu l’acquittement de Gian Gomeshi, les agressions dans le milieu universitaire, le cas d’Alice Paquet, les femmes amérindiennes de Val d’Or, pour ne nommer que ceux-là.

Et c’est sans oublier le phénomène de la cyberintimidation, du harcèlement sexuel sur les réseaux sociaux et du «sexetorsion», où l’on tente de faire chanter et de soutirer de l’argent à des femmes en publiant des photos d’elles nues sur Internet.

Pour amener un véritable changement de société, Mme Desjardins croit qu’il faut maximiser les campagnes de sensibilisation et de façon régulière encore et encore. «Ça prend des ressources nécessaires pour que les victimes puissent dévoiler leurs agresseurs», assure l’intervenante.

«Les femmes ont accès à l’instruction, à l’équité salariale, on parle de plus en plus des agressions, mais il y a encore du chemin à faire», ajoute-t-elle.

Le cas des agressions dans les universités en est un bon exemple. Mme Desjardins croit que l’éducation au respect de la gente féminine va au-delà du niveau d’instruction. C’est son explication. «C’est troublant et des questions se posent. Pourtant, de plus en plus d’hommes prennent position contre les agressions sexuelles chez les femmes.»

Mme Desjardins note toutefois l’initiative du gouvernement qui a adopté une stratégie qui est consultable par tous.

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