JiCi Lauzon, militant écologiste et porteur d’eau

JiCi Lauzon, militant écologiste et porteur d’eau

ENVIRONNEMENT. «Laisser passer un pipeline au Québec, c’est comme inviter un incontinent dans son spa», assure le comédien et humoriste JiCi Lauzon, un fervent militant écologiste venu ouvrir une soirée d’information sur le projet de loi 106 à Saint-Bonaventure, mercredi soir.

Invité par le Comité Vigilance Hydrocarbure de Saint-Bonaventure à participer à une soirée de présentation du projet de loi 106, le comédien Lauzon ne s’est pas fait prier pour lancer quelques blagues bien salées, visant directement l’exploitation des hydrocarbures.

Il faut dire que l’artiste Lauzon est drôlement inspiré par l’actualité environnementale. «Fais-moi une pipeline (sic), j’ai un surplus de gazoline…On fera pas d’omelettes sans casser des œufs, qui disent, mais c’est pas des œufs, c’est du sable bitumineux.»

Pour quiconque suit bien le déroulement des dossiers liés aux hydrocarbures, les tirades lauzonniennes bien à-propos sont franchement drôles. Comme bien des militants écologistes, ce dont il se targue, l’humoriste n’évite pas un certain cynisme. Son prochain «stand up chronique» qu’il amorcera en mars 2017, s’intitulera d’ailleurs Drôld’R.

Il y a longtemps que l’artiste Lauzon s’implique dans les causes environnementales. Celui-ci s’était porté candidat pour le Parti vert aux dernières élections fédérales dans Pierre-Boucher-les-Patriotes-Verchères.

Le porteur d’eau

L’avenir de l’eau le préoccupe particulièrement. Au point de devenir porteur d’eau pour la Coalition eau Secours, il y a une dizaine d’années. «Je suis un vrai soixante-huitard, de cette époque où naissait la conscience environnementale. J’ai voyagé. J’ai des enfants aussi. On ne peut pas tout salir et s’en aller comme ça en disant goodbye», signale JiCi Lauzon.

Petit-fils d’agriculteur, sensible aux causes sociales, il lui est apparu naturel de faire sa part pour préserver l’eau et l’environnement. «Parce que l’eau, c’est vital. Parce qu’elles vont finir par nous tuer ces grosses compagnies (exploitants d’hydrocarbures). Leur voracité est navrante», déplore-t-il.

L’artiste Lauzon aimerait bien que les Québécois développent leur conscience environnementale. «On est un peuple consensuel, on ne veut pas brusquer. Mais va falloir trouver la façon de rappeler aux gens la gravité et le caractère sacré de l’eau. Comment dire à son voisin : «arrête d’arroser l’asphalte avec ton eau»? Je pense que c’est à cultiver. La nature ne t’appartient pas, elle appartient à l’humanité.»

Quant au projet de loi 106, «c’est une ignominie», lance-t-il spontanément. «Faut surtout pas que ça passe. Voir si tu vas applaudir une loi qui risque de t’exproprier. Je ne comprends pas. Le Canada est un pays producteur de pétrole et pour se sortir de cette économie-là, va falloir foutre les pétrolières dehors», croit-il.

Plus de risques que de bénéfices

Après l’intervention de Carole Dupuis, du Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec, c’était au tour du juriste Richard E. Langelier à se présenter au micro afin d’expliquer le controversé projet de loi 106, qualifié par ses détracteurs de loi «Mammouth» en raison de la souplesse de l’encadrement qu’elle propose aux compagnies pétrolières.

Depuis des mois, le résident de Saint-Bonaventure accepte toutes les invitations pour prévenir citoyens, décideurs et élus des effets de ce projet de loi qu’il considère pervers à bien des égards.

«Lorsque la pétrolière entre dans une communauté, elle fracture la communauté, pas juste le sol», a répondu M. Langelier à un citoyen qui l’interrogeait sur les éventuels emplois qui seraient perdus advenant la disparition des exploitants d’hydrocarbures.

Pour le juriste, la création d’emplois liée aux hydrocarbures est un leurre. «L’industrie des hydrocarbures crée cinq fois moins d’emplois que les autres formes d’énergie», prévient-il.

«Et s’engager dans le pétrole au Québec, c’est prendre le risque de problèmes d’eau potable considérables, de contamination de la nappe phréatique, a poursuivi le juriste. S’engager là-dedans, c’est prendre des risques considérables pour des bénéfices faibles.»

Une citoyenne visiblement bien informée des alternatives aux hydrocarbures a tenu à ajouter son grain de sel dans la discussion. «Il y a des solutions au pétrole. Il faut juste qu’on les exige au gouvernement.»

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