Andréane Benoit et ses 44 000 poules

Andréane Benoit et ses 44 000 poules
Andréane Benoit espère transmettre sa passion pour l'agriculture à ses enfants.

Elle rêvait d’être danseuse puis un jour, elle a choisi d’élever des poules. Bienvenue à la Ferme avicole A. Benoit, à Sainte-Brigitte-des-Sault, l’entreprise de 44 000 volailles d’Andréane Benoit.

Vendredi dernier, Andréane Benoit est revenue de Québec avec un sentiment d’accomplissement. L’Assemblée nationale venait de lui  décerner le Prix de la Relève agricole 2016.

«J’étais extrêmement contente. Après dix ans, c’est un nouvel élan pour moi. Parfois, j’ai douté de moi, mais j’ai pris confiance au fil des ans. Ce prix vient confirmer que je suis à la bonne place, que je suis bonne», a confié celle-ci  à L’Express, au lendemain de la cérémonie.

D’une simple envie de poursuivre la tradition familiale, Andréane s’est découvert une véritable passion pour le travail d’agricultrice.

Depuis dix ans, la jeune femme et mère de famille d’à peine 30 ans travaille d’arrache-pied pour se tailler une place respectable dans ce milieu traditionnellement réservé à la gente masculine. Elle y a trouvé le bonheur, son regard lumineux en témoigne, la bonne humeur du jeune Henri et de sa sœur Annabelle aussi.

«Je suis fière d’être agricultrice. Les agriculteurs sont humains, simples et vrais. Et autour de moi, je vois des gens passionnés.»

5e génération d’agriculteurs

Très tôt, Martin Benoit a transmis son amour pour les métiers de la terre à sa progéniture. Andréane, son frère et sa sœur ont tous eu la piqure pour la production agricole. Son frère reprendra l’entreprise de production laitière familiale tandis que sa soeur a opté pour une biculture, les poules et les vaches. À eux trois, ils représentent la cinquième génération Benoit en agriculture.

Tous les Benoit vivent dans le 5e rang de Sainte-Brigitte-des-Sault. Andréane admet qu’ainsi entourée des membres de sa famille, qui vivent une réalité quotidienne similaire à la sienne, a grandement facilité son parcours d’entrepreneure. Chez les Benoit, l’entraide existe.

D’audace et de courage

Après le cégep en danse, Andréane est partie perfectionner le style moderne à Montréal. Un an lui a suffit pour comprendre que la campagne lui manquait. Elle a tout de même hésité à opter pour l’agriculture. «Il n’y avait pas beaucoup de femmes dans ce milieu, aussi mon cheminement s’est fait tranquillement», admet-elle. Celle-ci n’a jamais regretté son choix.

Autour d’elle, des gageures ont été prises. Elle ne restera pas un an dans ce métier, disait-on. Il fallait tout de même du cran pour foncer dans l’aviculture, se faire suffisamment prendre au sérieux pour obtenir un prêt bancaire de plusieurs centaines de milliers de dollars et s’établir une crédibilité en tant que femme. Elle n’a jamais manqué d’audace malgré sa jeune vingtaine.

«C’est difficile de convaincre les entreprises et le monde de la finance de nous faire confiance lorsqu’on est jeune», retient-elle.

Durant les cinq années qui ont suivi, Andréane a travaillé sur la ferme de son père afin d’avoir un salaire pendant qu’elle démarrait son entreprise. Dans son grand cahier de comptes, y figuraient le remboursement de l’emprunt bancaire ainsi que celui du capital du quota (l’autorisant à produire 6,5 élevages annuels basés sur la gestion de l’offre).

Loin de la ferme artisanale, l’entreprise agricole d’aujourd’hui a besoin d’équipements à haut rendement et de technologies indispensables à la production. Tout  cela coûte cher, très cher.

Vie de famille et d’obligations

Andréane se considère chanceuse d’avoir sa famille à proximité. Lorsqu’elle doit s’éloigner, quelqu’un prendra soin de ses poules. Élever des bêtes exige que l’on s’en occupe sept jours sur sept. Depuis quelques temps, elle est également propriétaire d’une ferme laitière où des employés effectuent tout le boulot quotidien.

À la fin décembre, ne cherchez pas Andréane. Tandis que ses amis célébreront l’arrivée du Nouvel An 2017, elle sera dans ses poulaillers à tout nettoyer après le départ de 22 000 poules de grain vers la compagnie de transformation Olymel, qui seront ensuite remplacées par la même quantité de volailles lesquelles seront livrées par trois camions durant la 2e semaine de janvier. Le bâtiment voisin en recevra autant le 2 janvier.

En 2016, le quotidien d’une agricultrice se déroule au rythme de son agenda, qu’elle doit respecter. Dans une grosse entreprise comme la sienne, il y a des échéances à respecter, le lever à l’aube, les alarmes qui sonnent parfois la nuit.

L’amour est-il dans le pré?

Et l’amour dans tout cela? Pas si simple. C’est peut-être même le plus gros obstacle, signale Andréane. «Moi, je ne peux pas déménager et je ne peux pas aller passer le Jour de l’an dans la famille de l’autre, si elle est à l’extérieur», fait-elle remarquer.

La vie de couple est plus difficile pour le conjoint d’une agricultrice au mode de vie accaparent s’il ne travaille pas dans ce milieu, en conclu Andréane.

Henri et Annabelle ont un immense terrain pour courir et ne fréquentent la garderie que trois jours par semaine.  

«J’apprécie tellement le temps que je passe avec mes enfants», confie l’avicultrice du 5e rang.

Et son métier lui amène de belles surprises. L’an dernier, elle et sa sœur sont allées concocter des recettes de poulet à l’émission Curieux Bégin et elle a participé à deux publicités pour la télévision, pour Les éleveurs de volailles et l’autre pour PFK.

 

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