L’inventeur Jean Saint-Germain n’est plus

L’inventeur Jean Saint-Germain n’est plus
Patrick Gosselin (à gauche) dirigera le Graal du Collège Clarétain de Victoriaville.

INVENTION. Qu’il s’agisse d’inventions révolutionnaires ou insolites, le Drummondvillois Jean Saint-Germain aura marqué son époque à sa façon. Cet homme de génie s’est éteint vendredi dernier à l’âge de 79 ans laissant derrière lui un nombre important d’inventions, mais surtout, le souvenir d’un homme brillant, tenace et réfléchi.

«J’ai toujours mis mon frère sur un piédestal. J’ai beaucoup appris de lui et il m’a toujours impressionné. C’est une légende pour moi», a exposé avec franchise le cadet de l’inventeur, André Saint-Germain.

Ayant toujours eu l’imagination très fertile et la soif de créativité, Jean-Saint-Germain a mis au monde plus de 130 innovations, tant à vocation pratique que ludique. Sa première invention remonte en 1953, alors qu’il n’avait que 16 ans : le biberon sans air connu et vendu sous la marque de commerce Playtex. L’idée lui est survenue après avoir vu sa belle-sœur donner des petites tapes dans le dos de son bébé dans le but qu’il rejette le surplus d’air ingurgité de façon à éviter des coliques. Il a donc créé un sac de plastique pouvant s’insérer dans un biberon et s’aplatissant au fur et à mesure que le nourrisson boit.  

«J’étais avec lui à Ottawa lorsqu’il a vendu son sac de lait à un laitier pour seulement 1000 $. Dans ce temps-là, c’était beaucoup. Je n’en croyais pas mes yeux que mon frère ait pu réussir une telle affaire. L’homme a par la suite vendu l’idée à des Américains (Playtex)», se souvient M. Saint-Germain, la tête remplie de souvenirs.

L’une des choses que Jean aura léguée à son frère est la passion pour le parachutisme.

«Il était dans l’armée, dans le Royal 22e Régiment. Il a appris plein de choses dont le parachute. Il m’a donné la piqûre et j’en ai fait pendant plus de 20 ans.»

Cette passion l’a menée à inventer l’aérodium, un simulateur de chute libre muni d’un tunnel de vent vertical, qu’on retrouve notamment à Laval, mais aussi partout dans le monde.

M. Saint-Germain passait le plus clair de son temps à créer ou imaginer quelque chose, au dire de son frère.

«Il avait une passion de développer et sa créativité était à l’infini. Il aimait le risque et l’aventure, comme moi et le reste de notre famille. Tout ça est dans nos gènes, mais lui, il était surdoué.»

Le frangin de l’inventeur né a d’ailleurs participé à l’une des inventions, soit une plate-forme de travail élévatrice.

«Je suis maçon de formation. À 40 ans, je souffrais déjà de gros maux de dos, car chaque jour, je devais me pencher des centaines de fois pour ramasser des briques. Un jour, j’ai demandé à mon frère d’aller à Montréal voir le système d’échafaudage Morgan. Je lui ai alors demandé s’il pouvait me faire quelque chose de semblable, mais plus économique tout en étant sécuritaire, bien important pour moi, et pouvant augmenter ma productivité. Ça ne lui a même pas pris 15 jours qu’il avait déjà un prototype, et ça, sans croquis! Mais malgré ça, mon frère ne faisait jamais les choses de travers. Tout était réfléchi», explique l’homme volubile.

Ce dernier a par la suite démarré son entreprise Hydro mobile qui existe d’ailleurs encore aujourd’hui, mais pour laquelle il n’est plus actionnaire.

L’extra-terrasse, la pyramide de l’énergie, la spirale glissante et la chaloupe volante figurent par ailleurs parmi les créations insolites du Drummondvillois.

André Saint-Germain a pu voir son frère quelques heures avant son grand départ.

«Quand je lui parlais, il ouvrait les yeux, puis après, ça devenait tout blanc. J’ai pu par contre avoir une conversation avec lui une semaine avant, chez lui. Il me parlait encore de créativité.»

M. Saint-Germain souffrait d’insuffisance rénale en plus d’avoir le cancer. Il recevait des traitements de dialyse depuis sept ans. 

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