Décrocher du quotidien… en pèlerinage

Décrocher du quotidien… en pèlerinage
Bien que la dimension spirituelle soit encore présente chez certains marcheurs

Josyane Cloutier
PÈLERINAGE. Marcher des dizaines de kilomètres pendant des jours sous toutes les températures, un remède efficace au stress du quotidien ? Il semblerait effectivement que la popularité des pèlerinages soit en pleine ascension, en laissant toutefois tomber peu à peu leur étiquette religieuse.

La grande majorité des pèlerinages ont été élaborés dans un objectif d’expiation des péchés : par exemple, la plupart des chemins québécois ont la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré sur leur trajectoire, puisque celle-ci est réputée pour sa symbolique religieuse et pour les nombreux miracles qui s’y seraient déroulés.

Bien que la dimension spirituelle soit encore présente chez certains marcheurs, les trajets ont néanmoins développé une tout autre vocation : la détente. «Aujourd’hui, les gens pensent que la vie se résume au stress. Tout se passe du lundi au vendredi et on a juste hâte à 15h pour profiter de notre fin de semaine. L’effet de la marche est d’apaiser tout ce qui se passe dans la boîte à poux», estime d’un air passionné la co-fondatrice du chemin de pèlerinage de Saint-Rémi, Louise Bourgeois.

La directrice du Centre d’écoute et de prévention du suicide Drummond, Sandrine Van Houtte, a réalisé en deux fois le parcours d’environ 1600 km du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui traverse l’Espagne et la France ; elle croit également que les pèlerinages intéressent une tout autre tranche de population depuis les dernières années. «C’est une autre façon de voyager pas cher, et ça attire beaucoup plus de jeunes qu’auparavant. On rencontre des gens d’autres cultures à tous les jours !»

Toutefois, certains critères régissent ce qui est un pèlerinage et ce qui ne l’est pas. Ainsi, lorsqu’un trajet nécessite plus de quatre heures de marche par jour pendant plus de cinq jours consécutifs, il s’agit d’une marche longue durée alors qu’une promenade de deux heures dans les bois un dimanche ensoleillé sera catégorisée comme de la randonnée.

Louise Bourgeois, en sa qualité de pèlerine expérimentée, dénote trois effets principaux de bien-être chez les marcheurs qui partent plusieurs jours : l’éveil du corps, l’apaisement de l’esprit et l’ouverture du cœur. «On sort de notre tête, de notre quotidien et on prend le temps de décrocher pour une fois. C’est un moment d’introspection important. On ne se rend pas compte à quel point on est bombardés jusqu’au moment où on fait une pause dans notre vie.»

Une préparation sommaire, mais nécessaire

La préparation, quoique nécessaire, n’est toutefois pas très complexe et se situe surtout au niveau de la tête, selon Sandrine Van Houtte. Celle qui a réalisé le parcours du célèbre chemin de Compostelle croit que marcher à quelques reprises des distances de 15 km et plus avant le départ suffit à préparer le corps à ce qui l’attend en pèlerinage.

«Il faut commencer à enfiler le sac à dos et ajouter du poids dedans au fur et à mesure, sinon ça va rendre la marche beaucoup plus pénible  si le corps n’est pas habitué à avoir 20 lbs de plus», précise la marcheuse. Elle ajoute qu’elle et son mari se sont préparés un an à l’avance pour leur périple en France et en Espagne.

Louise Bourgeois, quant à elle, maintient que simplement intégrer la marche à son quotidien suffit. «Il faut simplement aller à son rythme, prendre tout ça tranquillement et écouter son corps. Il n’est pas nécessaire d’axer le parcours sur la performance, ça ne donne absolument rien !», lance-t-elle avec un sourire.

La clé du succès d’un pèlerinage ? «Lâcher Météomédia ! Lorsqu’on a arrêté de s’en faire avec la météo, tout va bien. Il s’agit juste d’avoir tout le nécessaire dans le sac à dos, et de décrocher», s’exclame la co-fondatrice du chemin de Saint-Rémi. 

 

 

 

 

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